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Sud Radio : Faut-il rendre le brevet obligatoire pour entrer au lycée ?

« ...Tout d'abord, rendre le brevet obligatoire pour accéder au lycée va poser des problèmes, notamment d’un point de vue logistique. Cela signifie qu’il faudra affecter les dizaines de milliers de collégiens n’ayant pas obtenu ce brevet en juillet. Cela risque d’être un véritable casse-tête. On peut donc craindre que cela ressemble à une "usine à gaz"...»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC
Faut-il rendre le brevet obligatoire pour entrer au lycée ? Le choc des savoir acte 2 est arrivé. Est-ce une bonne ou mauvaise idée ?
 
Maxime Reppert, vice-président du SNALC, est l’invité de Sud Radio, les vraies voix le 12 novembre 2024

Sud Radio : Philippe David

On retourne au lycée, on retourne même au collège avec notre invité, que nous accueillons avec plaisir sur Sud Radio : Maxime Reppert. Bonsoir, bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes vice-président national du SNALC, le Syndicat national des écoles, collèges et lycées.

Effectivement, c’était le coup d’envoi de cet acte 2 du “choc des savoirs”. La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, l’annonçait ce matin : le brevet des collèges deviendrait obligatoire pour entrer au lycée à partir de 2027.

Alors je précise, à partir de 2027 : ne vous inquiétez pas, vous toutes et tous qui nous écoutez et qui avez des doutes sur le brevet de votre enfant actuellement en troisième. Il a encore le temps de le rater. Ce serait dommage, mais bon, ce ne serait pas dramatique.

Bonne ou mauvaise idée pour vous, Maxime Reppert ?

SNALC – Maxime Reppert

Bien, écoutez, il y a du bon et du moins bon. Lancer l’acte 2 sur le choc des savoirs, pourquoi pas, mais il aurait déjà fallu faire le bilan de l’acte 1.

Pour ce qui est du brevet, il y a des éléments intéressants. Par exemple, il y a cette volonté de donner plus de sens au brevet des collèges, de lui accorder plus de poids. Donc, effectivement, le rendre obligatoire lui donnerait davantage d’importance.

Nous saluons également le fait qu’il y ait moins de contrôle continu prévu pour la suite. Cela redonnera du sens à l’examen en tant que tel.

Cependant, nous restons dubitatifs pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, rendre le brevet obligatoire pour accéder au lycée va poser des problèmes, notamment d’un point de vue logistique. Cela signifie qu’il faudra affecter les dizaines de milliers de collégiens n’ayant pas obtenu ce brevet en juillet. Cela risque d’être un véritable casse-tête. On peut donc craindre que cela ressemble à une “usine à gaz”.

Sud Radio : Philippe David

C’est-à-dire que vous pensez, Maxime Reppert — et c’est important ce que vous dites — que si l’on rend le brevet des collèges obligatoire pour l’entrée au lycée, on ne saura pas où placer ou affecter ceux qui ne l’ont pas. C’est bien cela ?

SNALC – Maxime Reppert

Exactement. Il y aura une problématique liée au temps, au timing, car les résultats du brevet sont connus en juillet. Cela signifie qu’il faudra attendre ce moment pour affecter tous les élèves qui n’ont pas obtenu leur brevet.

Sud Radio : Philippe David

Pourtant, cela arrive rarement. Il y a environ 85 % de réussite au brevet des collèges. Cela signifie qu’environ 15 % des collégiens ne l’obtiennent pas. Et parmi eux, beaucoup vont tout de même au lycée.

SNALC – Maxime Reppert

Exactement. Et il faudra, en très peu de temps, gérer l’affectation de ces élèves, ce qui représentera une difficulté organisationnelle importante.

Un autre point me gêne. Si le brevet devient obligatoire pour aller au lycée, il doit l’être pour tout le monde, peu importe la filière choisie : générale, technologique, professionnelle ou apprentissage.

C’est essentiel, car le brevet établit un niveau minimum. En le rendant obligatoire, on définirait clairement un standard de compétences pour tous les élèves.

Sud Radio : Philippe David

Quand un élève ne l’a pas, cela ne veut-il pas dire qu’il n’a pas le niveau ?

SNALC – Maxime Reppert

Le problème, c’est que même sans le brevet, on peut actuellement accéder au lycée. Cela n’empêche pas non plus de passer l’examen en candidat libre par la suite.

Mais dans l’idéal, lorsque l’on prépare un examen, l’objectif est d’obtenir 100 % de réussite.

Sud Radio : Philippe David

Pourquoi, selon vous, l’Éducation nationale n’a-t-elle pas davantage valorisé les filières techniques ? Ne faudrait-il pas arrêter de pousser tous les élèves vers un niveau général, alors que certains préfèrent se diriger vers ces filières et qu’elles sont essentielles ?

SNALC – Maxime Reppert

Vous avez raison. On observe aujourd’hui, sur le marché du travail, que des filières techniques sont délaissées, en partie à cause des discours qui ont été tenus, mais aussi des attentes des parents.

J’ai souvent vu, lors de réunions parents-professeurs, des élèves dire : “Je veux faire ceci” et leurs parents répondre : “Non, tu peux faire mieux que ça.” Parfois, même des métiers comme enseignant, boulanger ou mécanicien sont dévalorisés.

Aujourd’hui, avec le recul, on voit bien que c’est un non-sens. Nous n’avons pas tous besoin de suivre les mêmes études ou d’obtenir les mêmes diplômes. Cependant, dans le cas du brevet, c’est le premier diplôme officiel. Il offre une base en termes de compétences fondamentales : lecture, écriture, mathématiques, culture générale, etc.

Ces éléments sont importants. Mais, pour revenir aux annonces pédagogiques d’aujourd’hui, nous estimons que ce ne sont pas les priorités. La priorité, c’est qu’il y ait un professeur devant chaque élève.

Sud Radio : Philippe David

Que répondez-vous à Nicolas Sarkozy, qui déclarait récemment que la France n’avait pas les moyens d’avoir autant d’enseignants ?

SNALC – Maxime Reppert

Je pense tout simplement que M. Sarkozy n’a ni les compétences ni la vision nécessaire pour s’exprimer sur la réalité du terrain.

Des études, y compris au niveau ministériel, montrent qu’un enseignant travaille en moyenne 42 heures par semaine. Si c’était un métier facile, nous n’aurions pas de difficulté à recruter. Mais c’est un métier à risques, avec des conditions de travail de plus en plus difficiles.

« ...Des études, y compris au niveau ministériel, montrent qu’un enseignant travaille en moyenne 42 heures par semaine. Si c’était un métier facile, nous n’aurions pas de difficulté à recruter. Mais c’est un métier à risques, avec des conditions de travail de plus en plus difficiles...»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC