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Savoirs : oui, soyons exigeants

© istock_Richard-Villalon-995538946

De quoi parle-t-on avec cette énième enquête sur notre école ? 

  • D’« exigence » tout d’abord : le Ministère devient donc exigeant puisqu’il veut, d’après l’étymologie de ce mot, « pousser dehors » et, d’après sa définition, « réclamer impérativement quelque chose comme un dû » voire « rendre indispensable » ; 
  • De « savoirs » ensuite, c’est-à-dire un mot qui avait étrangement disparu depuis des années, des discussions dans l’Éducation nationale, voué aux gémonies par le pédagogisme à la mode. Seul le SNALC s’évertuait encore à l’employer et à le défendre, dans ses deux sens : aussi bien la capacité de faire quelque chose, le savoir-faire, en vertu d’un effort de volonté, que la connaissance de quelque chose pour en avoir été informé. 

Il est bien temps que le Ministère exige hic et nunc des savoirs de ses élèves. C’est seulement maintenant qu’il réalise que, malgré une espérance de scolarisation moyenne à 18 années (1), moult élèves sont ignorants de leur propre langue et étrangers à la culture générale. C’est seulement aujourd’hui qu’il voit les conséquences de ses choix comptables et idéologiques – dénoncés par le SNALC – pour une institution devenue cacochyme. 

Nous sommes aujourd’hui arrivés à un tel point que l’exigence soudaine de la rue de Grenelle nécessite au préalable des changements incompressibles : 

  • Faire cesser les (sous-)missions imposées aux enseignants, ainsi que toutes les réunions inutiles, qui se sont multipliées ces dernières années ; 
  • Faire respecter la parole et l’autorité du professeur dans sa classe et en dehors ; 
  • Reconnaître son expertise, dans les bulletins et lors des conseils de classe/maîtres ; 
  • Faire rimer bienveillance avec exigence et persévérance ; 
  • Payer décemment les professeurs, les recruter par des concours disciplinaires et les former de manière sérieuse ; 
  • Restaurer la place de l’écrit et de la pensée, ringardisés par les tenants de l’innovation à tout crin. 

Exiger tout cela exige finalement un changement exigeant et complet de paradigme. Pour le SNALC, c’est le minimum exigible. Mais, serait-ce trop exiger ? 

 


(1) L’État de l’école, DEPP, 2017

Article paru dans la revue du SNALC, la Quinzaine universitaire n°1483 du 8 décembre 2023