Du détergent dans le verre de sa professeure d’Arts Plastiques, un énième incident dans notre profession !
Maxime Reppert, vice-président du SNALC, réagit dans les Grandes Gueules sur RMC le vendredi 22 décembre 2023.
RMC – Les grandes gueules
Maxime Reppert est avec nous dans Les Grandes Gueules. Que pensez-vous de ce qui s’est passé dans les Yvelines ? L’explication avancée par ce jeune élève, c’est la mauvaise blague. Vous y croyez ?
SNALC – Maxime Reppert
Pas du tout, car si vous donnez un détergent à quelqu’un pour qu’il puisse l’ingérer, cela relève plus, pour moi, de la tentative d’homicide que de la mauvaise blague. Je pense qu’à un moment donné, il faut dire les choses comme elles sont. Je ne vois personne autour de moi dire “ah oui, c’est vraiment très drôle de donner un détergent à boire à quelqu’un”. Donc, à un moment donné, il va falloir arrêter de minimiser, il va falloir arrêter de dire “mais ce n’est pas grave, ce sont des mineurs, ils ne savent pas ce qu’ils font, etc.” Là, on a un enfant de 14-15 ans qui fait ça. Il y a quelques jours, c’était une jeune de 12 ans qui a voulu tuer sa professeure avec un couteau, et je pourrais vous faire une liste à la Prévert des événements médiatisés ces derniers temps concernant l’agression de personnels de l’Éducation nationale, notamment des personnels enseignants. Donc, à un moment donné, minimiser, c’est surtout leur ôter toute responsabilité de leurs actes, et ça, c’est quelque chose d’inacceptable. Ou alors, on favorise ainsi le sentiment d’impunité et surtout, on favorise l’insécurité des personnels de l’Éducation nationale. Je suis désolé, en 2023, enseigner, normalement, ce n’est pas se faire agresser.
RMC – Les grandes gueules
Bien sûr, ce n’est pas risquer sa peau, mais vous dites “attention, il ne faut pas minimiser,” mais que risque-t-il ? Alors, il y aura une action judiciaire, a priori, on verra, mais en termes de sanctions disciplinaires, que risque-t-il ? Il y aura un conseil de discipline, va-t-il être renvoyé, c’est ça ?
SNALC – Maxime Reppert
Il risque l’exclusion, mais l’exclusion en tant que telle ne nous satisfait pas simplement parce que si c’est juste une exclusion, cela va déplacer le problème. Ce qu’il va falloir surtout, c’est qu’il y ait un suivi de cet élève, c’est qu’il y ait un suivi avec la famille, parce que ce qu’a fait l’élève là, qui dit qu’il ne va pas recommencer dans quelque temps dans un autre établissement ? Et le pire, c’est que les collègues qui vont l’accueillir dans son nouvel établissement ne pourraient même pas être au courant de ce qu’il a fait.
RMC – Les grandes gueules
Ah oui, ça me rappelle l’histoire de cette élève de 12 ans avec son couteau qui avait aussi été virée parce qu’elle avait déjà fait ça dans un autre établissement, et effectivement, les profs n’étaient pas informés du parcours, et peut-être même des problèmes psychiatriques de cet élève.
SNALC – Maxime Reppert
Il y a un défaut d’information qui est très grave. Notre collègue, Agnès Lassalle, qui a été tuée en février dernier, n’était pas au courant des antécédents et de la situation de santé de l’élève en question.
RMC – Les grandes gueules
Mais pourquoi n’informe-t-on pas ? Parce qu’on ne veut pas, entre guillemets, “stigmatiser l’élève”, que l’élève n’arrive pas avec un dossier ?
SNALC – Maxime Reppert
Il y a ce type de raisons-là. Le problème, c’est qu’en voulant ne pas stigmatiser les élèves, on risque de mettre en danger les adultes et potentiellement même les autres élèves, qui sont sous la responsabilité des enseignants. (…)