Deux semaines après, l’élan n’a pas faibli. Une intersyndicale appelle ainsi à participer à la nouvelle puissante journée de grève et de manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles prévue jeudi. Le gouvernement a beau marteler que les enseignants ont tout à gagner d’une réforme qui s’accompagnera de revalorisations salariales, la méfiance reste largement de mise.
Des chiffres ont été avancés : une enveloppe de dix milliards d’euros a ainsi été annoncée pour des augmentations prévues jusqu’en 2037, qui doivent être garanties dans une loi de programmation pluriannuelle. On reste sur un grand flou, nous n’avons aucune garantie concrète, déplore pourtant Jean-Rémi Girard, président du SNALC, syndicat du secondaire.
Revalorisations promises
Les syndicats espèrent y voir plus clair à partir du 13 janvier. Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer doit reprendre cette semaine-là les discussions avec les syndicats sur le sujet des revalorisations, qui doivent aboutir d’ici à l’été. Six mois pour négocier c’est beaucoup, on a peur que ça cache autre chose, souligne M. Girard.
La crainte des enseignants, c’est que les revalorisations promises soient conditionnées à une refonte de leur statut. Est-ce qu’on va toucher à la charge de travail, aux missions, aux obligations de service des professeurs ? Leur imposer des formations pendant les vacances ?, s’inquiète le président du SNALC.
Les vœux du président Emmanuel Macron, qui a évoqué dans la même phrase la revalorisation et la transformation des carrières des enseignants, n’ont pas apaisé les inquiétudes. On voit bien que c’est ça la tendance, relève Sophie Vénétitay, du Snes-FSU (premier syndicat du secondaire).
« Dans le mur »
La contestation n’est pas retombée, nous avons beaucoup d’attentes et la méfiance est forte, résume pour sa part Stéphane Crochet, du SE-Unsa. Si son syndicat n’appelle pas à la grève le 9 janvier, ce serait bien que l’exécutif annonce très vite de nouvelles mesures concrètes, prévient-il.
D’autres sujets de grogne pourraient s’agréger à la question des retraites. Ainsi les premières épreuves communes de contrôle continu en Première, qui doivent se tenir à partir du 20 janvier en application de la réforme du bac, cristallisent les oppositions. Tous les syndicats ont demandé au gouvernement leur report, en dénonçant leur impréparation.
Si le ministre s’entête, on va envoyer élèves et professeurs dans le mur, redoute Sophie Vénétitay, dont le syndicat réfléchit aux moyens de s’opposer à la tenue de ces épreuves : Refus de choisir des sujets (dans la banque nationale de sujets), grèves de la surveillance ou de la correction des copies… Des options qui, si elles étaient retenues, feraient écho aux grèves observées pendant la dernière session du baccalauréat, en juin.
Notre appel à renoncer à ces épreuves n’a eu, semble-t-il, aucun écho, regrette Stéphane Crochet, pour qui les mois de janvier et février s’annoncent dangereux pour Jean-Michel Blanquer.
Dans l’entourage du ministre, on reconnaît que les questions des retraites et du bac seront les dossiers brûlants de ce début d’année. C’est aussi en janvier que se prépare la rentrée de septembre prochain et que l’on va découvrir quels moyens sont concrètement alloués à chaque collège et lycée, rappelle Mme Vénétitay. Or on risque de se retrouver, dans de nombreux endroits avec des suppressions de postes face à des effectifs en hausse. Encore un sujet chaud pour cette rentrée.