Depuis 2010, l’âge de départ minimal à la retraite est de 62 ans et le nombre d’annuités de cotisation est passé de 40 à 41, 42 ou 43 ans, durée progressivement augmentée selon l’année de naissance du bénéficiaire.
Le futur régime de retraite prévoit de porter l’âge de départ à taux plein à 64 ans. Actuellement cela ne changera pas grand-chose en soit pour les professeurs. En effet, si nous prenons l’exemple d’un collègue né en 1960 et qui a obtenu le CAPEPS à 22 ans, sachant qu’il doit cotiser 42 annuités (166 trimestres) pour obtenir une retraite à taux plein, ce collègue, dans le système actuel, travaillera jusqu’à 64 ans si il souhaite une retraite complète dont il pourra bénéficier en 2024. Il peut aussi décider de s’arrêter dès 62 ans, en 2022, mais il subira une décote.
Quelque soit le système, ce qui pose problème c’est l’age de départ à 64 ans pour un taux plein. Son augmentation possible qui est un des risques du projet de réforme, qui le qualifie d’age pivot ou d’équilibre, serait inacceptable pour les générations futures. En effet, de très nombreux collègues passés l’âge de 50 ans connaissent déjà de réels problèmes de santé et des difficultés à poursuivre l’exercice du métier. Ces constats ont été largement corroborés par l’étude de la DEPP publiée en 2010, dans son dossier 195,« Être professeur d’EPS en 2009 ».
Dans un courrier transmis aux partenaires sociaux juste après après l’annonce du recours à l’article 49-3 concernant le projet de loi portant sur le futur régime des retraites, Édouard Philippe a déclaré que les mesures « consistant à demander aux Français de travailler plus longtemps, ne seront considérées comme justes que si elles sont accompagnées de dispositifs prenant en compte la pénibilité de certaines situations de travail. Il nous faut en effet construire un système plus individualisé et tenant davantage compte de la diversité des carrières“.
Le SNALC-Eps va exploiter cet infléchissement du gouvernement pour insister et faire reconnaître l’existence d’une réelle pénibilité dans l’exercice de l’enseignement et particulièrement de l’EPS, au cours des concertations sur le « chantier de réforme des retraites », ouvert au MENJ jusqu’au mois d’avril. Il affirmera ses principales revendications :
Intégrer les Professeurs d’EPS dans le corps des Certifiés
Les problèmes de santé des professeurs d’EPS, clairement identifiés depuis cette étude de la DEPP plaide pour une diminution et un alignement des horaires d’enseignement des P.EPS sur les autres disciplines. L’écart de 2h, entre leur temps de service et ceux des professeurs certifiés constitue sur l’ensemble de leur carrière une différence de 3000h qui représentent 4,5 années d’exercice supplémentaire. Tout se passe comme si ils travaillaient jusqu’à l’âge de 66 ou 67 ans. Compte tenu des difficultés physiques exposées par cette étude, leur intégration est urgente. Elle contribuerait à limiter leur usure prématurée et à préserver leur premier outil de travail : leur corps.
Aménager les fins de carrière
Un rapport de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie a pourtant récemment mis en évidence le coût de la mesure de 2010. Les arrêts de travail s’allongent et sont plus coûteux après 60 ans. Ils sont en moyenne de 2 mois et demi au lieu de 33 jours pour les autres salariés. Il serait donc judicieux d’envisager le déroulement des fins de carrière d’une manière plus souple et non pénalisante pour ceux qui, reconnus médicalement, seraient dans le besoin. Aujourd’hui ce n’est absolument pas le cas !
Les témoignages de nombreux collègues démontrent une reconnaissance médicale partiale, sujette à des critères drastiques qui minorent les problèmes de santé, les difficultés et les handicaps, pour prolonger l’activité des enseignants comme si de rien n’était et à leurs frais ! En effet en cas de difficulté avérée et établie, les rectorats ne concèdent actuellement aux intéressés qu’un travail à temps partiel de droit. C’est à dire la possibilité de travailler moins mais en gagnant moins! On est très loin de la bienveillance affichée!
Le SNALC avance les propositions suivantes :
■ L’idée d’un double mi-temps combiné de professeur-tuteur pourrait faciliter la fin de carrière de professeurs chevronnés physiquement affectés. Reconnus pour leur expertise, volontaires, ils partageraient leur temps de travail avec un novice. Chacun exercerait 10h d’enseignement. Le tuteur compléterait son service de 20h, par 10h d’aide à la préparation des leçons et à l’accompagnement pédagogique du stagiaire en classe.
Cette mesure s’inscrirait parfaitement dans l’esprit de la réforme de la formation des professeurs puisque J-M. BLANQUER a affirmé que «dans le cadre de leur formation, les futurs professeurs doivent avoir davantage devant eux des enseignants qui sont eux-mêmes au contact des élèves. Il faut développer le tutorat par le biais d’un accompagnement renforcé avec des pairs.»(Entretien Ouest france «Changer la vie des enseignants»).
■ Le rétablissement d’une Cessation Progressive d’Activité fait partie des mesures possibles, d’autant qu’elle a déjà existé. En autorisant à partir de 60 ans un travail à mi-temps rémunéré à 80 % du taux plein, cette mesure permettrait une prise en charge respectueuse de l’investissement, de l’état de santé et de la carrière des professeurs.
■ La réduction adaptée d’activité serait une autre possibilité d’aménagement de fins de carrière qui autoriserait, un travail rémunéré à taux plein par paliers dégressifs de 2 à 3h de sous-service selon les raisons médicales, pouvant aller jusqu’au mi-temps thérapeutique.
■ Enfin, l’ouverture des droits à la retraite à partir de 62 ans sans décote, ou autre malus, est aussi une autre solution qui devrait être sérieusement examinée en raison de l’état de santé de nombreux collègues et des contraintes objectives des contextes de travail.
Dans le cadre de l’agenda en cours le secteur EPS du SNALC fera entendre ces propositions simples et nécessaires pour l’aménagement des fins de carrière et un départ à la retraite adapté à la réalité du métier et à ses conséquences en matière de santé.