L’édito du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1499 – école du 14 mars 2025
Traditionnellement, les professeurs des écoles sont jugés coupables d’être toujours en vacances et de ne pas travailler beaucoup. Grâce à l’investissement du SNALC, cette image d’Épinal s’estompe, même si elle n’a pas disparu tout à fait. Nous martelons dans tous les grands médias nationaux la réalité du terrain. Nous combattons les idées reçues avec des faits, des données chiffrées. Nous rappelons la crise actuelle des recrutements : a-t-on déjà vu un métier attractif manquer à ce point de candidats ? Et nous le voyons : ça fonctionne. Le SNALC n’oublie jamais que la bataille que nous menons pour la défense des personnels est aussi une bataille de l’opinion, et que marteler la question des salaires, des conditions de travail, est un élément important de ce combat. Car ce ne sont pas nos gouvernants qui vont d’eux-mêmes améliorer la situation, puisqu’ils ne font que la dégrader, ministre après ministre.
Dernier exemple en date : nous sommes désormais coupables d’être malades. À compter du 1er mars 2025, pour les fonctionnaires et les contractuels, les 3 premiers mois de l’arrêt maladie sont désormais indemnisés à hauteur de 90 % du traitement indiciaire. Or, les professeurs des écoles ont déjà tendance à ne pas s’écouter assez, et à ne pas écouter assez leur médecin. Beaucoup d’entre vous êtes déjà allés travailler alors que vous étiez malades, et qu’un arrêt maladie était légitime. Même plus besoin de nous culpabiliser : nous nous auto-culpabilisons, faisant passer l’accompagnement d’un élève ou le fait que nous savons que nous ne serons pas remplacés avant notre propre santé. Nous sommes poussés à cela par le stigmate du mot « absentéisme », dont le SNALC rappelle inlassablement le sens réel. Non, être malade, être en formation, encadrer un voyage scolaire, ce n’est pas être « absentéiste ».
Dans ce contexte grave, qui dégrade chaque année un peu plus une institution essentielle à la République, le ministère appuie sur l’accélérateur pour vous gâcher la vie. Le métier d’AESH est sous-payé et maltraité ? Transformons les PIAL en PAS, avec comme objectif quasi avoué de limiter les notifications d’accompagnement, et de demander aux PE de s’adapter à cette absence d’adaptation. Vous aspirez à un peu de stabilité ? Changeons les programmes de français et de mathématiques pour des versions certes annuelles, mais tellement corsetées que la liberté pédagogique n’y est plus qu’une lointaine idée. Ah, et on va changer le socle commun, aussi : visiblement, on a du temps à perdre. Et que les directions d’école n’oublient pas de prendre en charge le dossier de l’amiante en plus de tous les autres, et ce sans temps ni formation, bien entendu.
Face à cette politique à courte vue, qui ne s’attaque pas à l’essentiel car cela coûterait de l’argent sans se rendre compte que ne pas s’y attaquer va en coûter beaucoup plus à terme à l’État, le SNALC dit que ça suffit. Ça suffit d’être la cinquième roue du carrosse « fonction publique » alors que nous sommes essentiels à notre pays, comme l’épisode du covid l’a rappelé. Ça suffit d’avoir des catégories A payées 1 000 euros de moins par mois que la moyenne. Ça suffit de recourir à la contractualisation pour masquer le manque d’attractivité. Ça suffit le mépris. C’est pourquoi, par nos congrès thématiques, par notre accompagnement individuel, par notre présence médiatique, par le développement de notre cellule juridique, nous vous apportons des armes pour vous défendre. Nous ne nous laissons pas distraire par les colifichets d’un dialogue social de façade. Pour vous, nous nous battons. Et nous continuerons à nous battre.