Depuis 2009, les réformes dans les lycées professionnels ont contribué à réduire la part de l’enseignement dispensé en EPS. Avec celle en préparation on peut se demander ce qu’il restera prochainement de la discipline.
Avec la réforme de 2009, alors que l’horaire d’EPS des classes de terminale bac pro restait fixé à 3h, comme celui des classes de 1re, l’horaire en 2de a été diminué d’1h et ramené à 2h. En 2017, la réforme Blanquer a ensuite aligné les 3 niveaux d’enseignement à 2h30.
Suite à ce rééquilibrage, une partie des 30 minutes d’EPS prélevées sur les niveaux 1re et Terminale a été reversée aux classes de 2de, l’autre s’est perdue en économies. Mais les effets délétères de cette refonte ne se sont pas arrêtés là. Alors que les 3h d’EPS permettaient l’activité sur 2 créneaux hebdomadaires d’1h30, le passage à 2h30 a rendu ce doublement impossible.
En effet, 2h30 d’EPS c’est trop long pour un seul créneau, trop court pour 2, et trop complexe pour une répartition par quinzaine du type : 2h d’EPS une semaine et 2 fois 1h30 la semaine suivante. In fine, les 2 séquences hebdomadaires ont été ramenées à un temps unique de 2h complété (pour les 30 min restantes) par quelques journées sportives banalisées. C’est donc quasiment 2 fois moins d’EPS qu’auparavant !
La réforme Grandjean, qui promet de doubler les temps de mise en stage des élèves et de donner aux établissements la possibilité de décider localement des horaires disciplinaires, va non seulement engendrer une réduction drastique des enseignements généraux mais aussi placer en concurrence les disciplines et les soumettre à des sélections arbitraires. Quel sort sera alors réservé à l’éducation physique ?
En lycée professionnel, on assiste donc à une évolution de la discipline à rebours de son temps et des objectifs impérieux de santé pour la jeunesse, pourtant mis en avant à juste titre. Il ne subsistera pour les élèves de l’enseignement professionnel, alors que ce sont peut-être eux qui ont le plus besoin d’activité physique, qu’une EPS parcellaire, inégale et moribonde encadrée par des programmes fictifs toujours plus inapplicables. Le SNALC s’opposera avec vigueur à de telles perspectives
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1473 du 27 janvier 2023