Le 28 février dernier, dans un collège de Meurthe-et-Moselle, une AESH était violemment agressée par un élève autiste. Les coups reçus ont entraîné un arrêt de travail. Un mois et demi s’est écoulé. La collègue attend aujourd’hui encore la réponse du rectorat à sa demande d’octroi de protection fonctionnelle. Règlementaire ? Oui. L’administration dispose de deux mois pour lui répondre. Moral ? Moins sûr.
L’élève « doit poursuivre sa formation », dixit le DASEN. Mais l’inclusion telle qu’elle est pratiquée le lui permet-elle réellement ? Quant à l’AESH victime, quelles conditions de travail l’Institution envisaget- elle pour elle, sachant que, une fois son service repris, elle a de fortes probabilités de croiser son agresseur dans l’établissement ?
La sanction prononcée par le conseil de discipline − exclusion avec sursis − interroge. Si considérer le handicap de l’élève − exclu d’un autre collège pour des faits similaires − s’impose, la portée très limitée de la punition lui fera-t-elle prendre la mesure de la gravité de son geste ?
Ce cas particulier révèle une inclusion qui résulte d’une politique appliquée avant même que sa faisabilité soit assurée, et que soient considérées toutes ses implications humaines et éthiques. Voilà qui ne résoudra guère la crise du recrutement de l’EN… Cela montre aussi la façon dont l’inclusion se mue parfois en une sorte de « droit exclusif » : car comment accepter que l’inclusion prévale sur la sécurité des personnels ? En se plaçant au-dessus du respect dû aux maîtres, cette « bienveillance » de principe qui en découle ne saurait créer un terreau favorable à l’instruction. L’exigence de respect constitue en effet la condition sine qua non pour une école émancipatrice.
Le mot « inclusion » ne doit pas dissimuler l’exclusion des personnels qui incluent. Il lui faut s’effacer derrière ce qui, justement, fonde son existence : l’éducation.
Aussi le SNALC défend-il une inclusion pensée sans dogmatisme, donc humaine et respectueuse des élèves mais aussi des enseignants et des accompagnants. Ceux-ci sont en effet des vecteurs de connaissance et d’éducation qui les élèvent pour faire advenir en eux tout ce qu’ils peuvent être.
Article paru dans la revue du SNALC, la Quinzaine universitaire n°1476 du 14 avril 2023