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Article publié le 22 mai 2020
Constats et évidences de longue date
Enfin nos élus osent écrire « encore une mission de plus sans moyens de plus ». Cela ne date pas d’hier et cette reconnaissance tardive n’est pas étrangère aux services rendus à la nation durant une crise sanitaire qui aurait pu mettre gravement en porte-à-faux un gouvernement de moins en moins populaire et dont les décisions n’ont tenu que sur le fil du rasoir et grâce aux acteurs de terrain, soignants mais aussi directeurs et professeurs des écoles.
Avancement
La notion de second emploi est tout à fait ce que ressentent les directeurs. Et le fait que ça ne favorise pas plus que cela leur avancement est perçu comme un camouflet. Pour preuve, la perte des bonifications relatives à la direction d’école pour l’obtention de la Hors-Classe avec l’arrivée du PPCR. Seule la classe exceptionnelle reconnait leur investissement. Maigre consolation à laquelle tous ne peuvent pas prétendre.
APC et élections
Pour enfoncer les portes ouvertes, quelques points sont néanmoins vaguement intéressants, comme la suppression des APC pour ceux qui sont déjà asphyxiés par leur emploi du temps ou encore la fin des pantomimes de démocratie que sont les élections de parents délégués quand il n’y a qu’une liste qui sera, bien évidemment, élue au final. Pas besoin de deux semaines de travail laborieux pour aboutir à un résultat déjà connu de tous avant le lancer de dés.
Directeur référent
Proposition pingre : un seul référent par DSDEN pour encadrer les directeurs et les guider ? C’est trop peu selon le SNALC. Un par circonscription, ce serait plus proche des besoins réels et constatés. Et encore, faudrait-il que ce soit une aide concrète et ancrée dans le réel et pas un maillon hiérarchique hors-sol, plus prompt à quémander des indicateurs au grès des enquêtes qu’il imposerait plutôt que d’assister les directeurs dans leurs besoins pratiques et en leur offrant des outils efficaces. Autre ajout souhaitable, la création de référents PPMS, certaines compétences n’étant pas du domaine des directeurs. Sur cela, on peut s’accorder.
Une non avancée
Protection
Dans ce projet, peu d’avancées et au final, de faibles réaffirmations de ce qui est déjà acté depuis longtemps. Or le cadre juridique actuel mériterait déjà d’être appliqué avant de vouloir en créer un nouveau. N’oublions pas que la loi relative à la protection fonctionnelle (article 11 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983) n’est que trop rarement appliquée par des IEN bien frileux quand il s’agit de défendre les directeurs qui sont sous leur responsabilité. Donc peut-être une protection dans ce projet. Mais sous quelles conditions et sous quelles formes ? Et cela aura-t-il une application utile dans les cas concrets ? Juridiquement maintenant, on peut lire que le directeur serait responsable des biens et des personnes : de quelles garanties de protection juridique bénéficiera-t-il ?
Autorité
De même, concernant les conflits du quotidien, qui minent la fonction, l’autorité du directeur, renforcée dans les cas de force majeure, permettrait de ne pas voir se développer des situations à même de faire sombrer une école. Pour autant, il est écrit qu’il faudra systématiquement en référer tant à la mairie (pour les problèmes relatifs aux agents communaux) qu’à l’IEN pour les problèmes au sein de l’équipe. Donc, rien ne change en somme.
Salaire
L’augmentation salariale est un bon départ même si nous pensons encore qu’elle est insuffisante au regard des tâches traitées et du temps accordé à cette fonction si prenante. Et d’années en années, aucune simplification, mais un ajout constant de missions. Rien n’est gratuit.
Un petit pas en avant, vers l’impasse ?
Territorialisation
Si les particularités locales sont évoquées, elles ne sont pas selon le SNALC facteurs de richesse, mais sources de casse-têtes qui gagneraient à être atténuées au profit d’une Education nationale pleinement maîtresse des tenants et des aboutissants.
Décharges
La décharge est donc mise en avant. Essentielle à la conduite de tâches de plus en plus chronophages, les quotités proposées semblent plus adaptées aux besoins concrets. Mais qu’en est-il des décharges pour les plus petites écoles ?
Pour la décharge supplémentaire (UPE2A et ULIS), que se passera-t-il si elle est octroyée à un adjoint par le directeur et qu’un nouveau directeur lui succède et souhaite bénéficier lui-même de la décharge ? Là encore, les frictions ne sont pas loin. De plus, n’évoquer que les UPE2A et les ULIS, c’est méconnaître la charge de travail supplémentaire liée à l’accueil des élèves en inclusion.
Aide administrative
La grande absente de l’équation : l’aide administrative. Le SNALC souhaite une aide humaine compétente et pérenne et non un concierge octroyé au bon vouloir des municipalités. Cette proposition est inacceptable pour le SNALC
Il est écrit dans l’article premier que le directeur serait décisionnaire pédagogique et concernant la vie de l’école. Mais aussi que « tel un chef d’orchestre, il met en musique la partition de chacun pour créer une symphonie harmonieuse où chacun peut s’épanouir ». Au delà de l’envolée lyrique, il nous apparaît que la liberté pédagogique de chacun ne doit en aucun cas se heurter ni aux vœux du directeur, ni à ceux de l’IEN. Or, le texte laisse bien penser que les directeurs pourraient être choisis sur des postes « profilés » …
Mis à part un ou deux points positifs, les directeurs méritent de loin une proposition de loi bien plus ambitieuse. Beaucoup de questions sans réponse, beaucoup de problèmes sans solution satisfaisante, le SNALC exige maintenant un cadrage clair et précis des missions, des limites et des responsabilités à la fois du directeur mais également de l’IEN et des partenaires de l’école.