Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1422
Le CSP vient de publier le projet de programme d’EPS (1). Le texte qui va maintenant subir une série d’examens et de validations, est entre les mains de la DGESCO. Elle devrait mener une consultation en ligne auprès de la profession, d’où l’intérêt de cette présentation.
L’enjeu des nouveaux programmes, pointé par le CSP dans son rapport préliminaire en mai, était clair: « la forme de pratique scolaire proposée en EPS dans les lycées ne correspond pas aux aspirations des jeunes et ne leur donne ni les repères ni la motivation pour poursuivre l’activité physique au-delà de la pratique scolaire obligatoire ».
Malgré quelques avancées, cette nouvelle version montre toujours une inadéquation entre la finalité redéfinie de l’EPS et les moyens retenus qui reconduisent en grande partie, derrière un toilettage de façade, les programmes de 2010. L’effet attendu est donc plus que compromis !
DES AVANCÉES POSITIVES MAIS LIMITÉES
Enfin, ces programmes évitent le piège de l’usine à gaz.
DES CONTINUITÉS IMPORTANTES, FREINS AU CHANGEMENT
Ainsi, cette recherche d’auto-organisation spontanée, de convivialité, de liberté, de partage, de sensations, d’épreuve… se voit retraduite par des démarches encadrées, formalisées, didactisées et évaluées.
L’EPS s’éloigne à nouveau du sens initial recherché par les jeunes, transformant leurs modalités et leurs attitudes en une éducation méthodologique scolastique et intellectualiste, peut-être légitime, surtout conforme, qui ne garantira en rien leur désir de réinvestissement ultérieur en direction des PPSA. Elle pourrait même produire l’effet inverse !
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http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/25/1/2de_et_cycle_terminal_EPS_Enseignement_commun_1023251.pdf
L’enjeu des nouveaux programmes, pointé par le CSP dans son rapport préliminaire en mai, était clair: « la forme de pratique scolaire proposée en EPS dans les lycées ne correspond pas aux aspirations des jeunes et ne leur donne ni les repères ni la motivation pour poursuivre l’activité physique au-delà de la pratique scolaire obligatoire ».
Malgré quelques avancées, cette nouvelle version montre toujours une inadéquation entre la finalité redéfinie de l’EPS et les moyens retenus qui reconduisent en grande partie, derrière un toilettage de façade, les programmes de 2010. L’effet attendu est donc plus que compromis !
DES AVANCÉES POSITIVES MAIS LIMITÉES
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- La finalité redéfinie accentue les notions d’épanouissement, d’engagement et de pratique pérenne des élèves.
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- Un quatrième objectif général, « vivre l’exercice de sa responsabilité dans l’engagement personnel et fraternel » vient se rajouter au développement des ressources, l’accès au patrimoine culturel et à l’entretien de la santé.
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- 3 cycles annuels (imposés) par niveau d’enseignement dans l’optique d’un approfondissement des apprentissages.
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- Les expériences corporelles (EC) succèdent aux compétences propres (CP), terminologie heureusement abandonnée.
- Apparition de nouvelles pratiques comme le yoga, la danse de couple, le crossfitness, le combiné athlétique qui font leur entrée dans la liste nationale des PPSA. A noter le passage des APSA aux PPSA traduit un renforcement du caractère culturel des supports d’enseignement en EPS.
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- La distinction au sein de l’EC3 (ex-CP3) entre les pratiques de création artistique (cirque, danse) et les pratiques de production de formes codifiées (acrosport, gym au sol, danse de couple).
- Des attendus de fin de lycée de type 1 (AFL1) très proches des anciennes compétences attendues mais qui en restant identiques de la 2nde à la Terminale invitent à des apprentissages plus spiralaires que hiérarchiques. On retrouve là l’esprit des compétences attendues des cycles 3 et 4 des classes primaires et du collège dans l’optique d’une continuité.
Enfin, ces programmes évitent le piège de l’usine à gaz.
DES CONTINUITÉS IMPORTANTES, FREINS AU CHANGEMENT
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- La classification des PPSA est reconduite à l’identique. Aux 5 anciennes CP succèdent 5 types d’EC avec globalement les mêmes caractéristiques, les mêmes contraintes et les mêmes regroupements de PPSA.
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- L’ouverture aux nouvelles pratiques restera marginale car elle nécessite des compétences professionnelles spécifiques et donc une formation conséquente qui a quasi disparu faute de moyens. Puisse cette évolution la relancer.
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- L’EC4 reconduit entièrement le dilemme conceptuel et praxéologique de la CP4. Alors qu’une distinction en EC3 a été réalisée entre les pratiques artistiques et de reproduction de formes, dans ce champ aucun effort de différenciation n’a été opéré, malgré notre demande insistante, entre les pratiques inter-individuelles et collectives. La volonté manifeste de minorer en EPS l’appui sur les activités de confrontation persiste, privant les élèves de choix qu’ils plébiscitent en raison de leurs caractéristiques ludiques. Deux PPSA de ce groupement devraient pouvoir être programmées sur un même niveau d’enseignement à la condition que l’une soit individuelle et l’autre collective.
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- L’EC6 « savoir se préparer et savoir s’entraîner à pratiquer, seul et à plusieurs » constitue pour le CSP une pratique culturelle qui justifie ce rajout aux cinq premières (bien qu’elle les traverse). De plus, cette expérience corporelle correspond aux modalités de pratique des jeunes. Il suffit d’observer un skate park, une aire de parkour ou de street dance, pour comprendre leurs modes de fonctionnement, d’apprentissage et de relations aux autres, qui démontrent combien ils apprécient « se préparer et s’entrainer à pratiquer seul ou à plusieurs ».
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- Malheureusement, à la lecture du texte, l’EC6 ne fait que reconduire les 3 anciennes compétences méthodologiques et sociales : « Se préparer à l’effort, assumer divers rôles sociaux et savoir utiliser différentes démarches pour apprendre».
- Les attendus de fin de Lycée de type 2 (AFL2) qui « recouvrent les compétences révélatrices de l’appropriation par l’élève de l’expérience de la préparation et de l’entraînement à la pratique physique » donneront lieu à une formation systématique dans chaque activité, à l’identification, à l’analyse d’indicateurs pertinents nécessaires à la régulation des actions, au choix, à la mise en oeuvre de projets et aux analyses réflexives.
Ainsi, cette recherche d’auto-organisation spontanée, de convivialité, de liberté, de partage, de sensations, d’épreuve… se voit retraduite par des démarches encadrées, formalisées, didactisées et évaluées.
L’EPS s’éloigne à nouveau du sens initial recherché par les jeunes, transformant leurs modalités et leurs attitudes en une éducation méthodologique scolastique et intellectualiste, peut-être légitime, surtout conforme, qui ne garantira en rien leur désir de réinvestissement ultérieur en direction des PPSA. Elle pourrait même produire l’effet inverse !
(1)
http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/25/1/2de_et_cycle_terminal_EPS_Enseignement_commun_1023251.pdf