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Premier degré : du mépris à l’escroquerie

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Dossier du mois de la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1478 du 9 juin 2023.

Dossier coordonné par Christophe GRUSON, secrétaire national du SNALC chargé du premier degré. Avec la contribution des membres du secteur SNALC premier degré : Véronique MOUHOT, Xavier PERINET-MARQUET, Mélanie DELDYCKE, Nicolas PERROT, Sylvie MORANTE CAZAUX, Ange MARTINEZ et Claire LE FOUEST

Au menu dans ce dossier...

Notre école et notre profession sont en souffrance. Mal payés, mal considérés, exploités, les professeurs des écoles sont à bout, mais le ministère leur en demande toujours plus, avec des mesures présentées comme étant la panacée. « Notre école, faisons-là ensemble », évaluations d’école, socle, Pacte, projets innovants, expérimentations, nouvelles évaluations nationales, APQ, pHARe, école 100 % inclusive, bonheur à l’école, fins de carrière aménagées, loi Rilhac… Les soi-disant « avancées » se succèdent à grand coup d’annonces, à grand coup de communication dans les médias et avec une maîtrise parfaite de l’illusion. Mais pour les professeurs des 

écoles, l’illusion ne fonctionne pas. Tout est pensé pour laisser croire à une prise en compte des doléances des PE et des familles, mais la seule motivation et la seule conséquence de toutes ces nouvelles propositions (ou lubies) sont de pouvoir toujours tirer un peu plus sur la corde des enseignants consciencieux, des élèves, de l’École.
Le professeur des écoles n’est pas  corvéable à merci. Et même si demain on l’augmentait de 1 000 € en échange du double de travail avec des missions, des nouvelles réunions et responsabilités, des évaluations supplémentaires, etc.,  il sait que ce n’est pas une revalorisation mais une escroquerie.

Pacte : réfléchissez avant de signer

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Bon nombre de professeurs pensent à juste titre que l’École est à reconstruire et que tout ce qui est décidé et nous tombe dessus n’est que bricolage et rafistolage.

En effet, avec des yeux d’enseignants par nature confiants et consciencieux, les réformes actuelles sont incompréhensibles. À défaut de croire à une volonté maline de toujours faire pire, difficile de ne pas faire le constat d’une fâcheuse tendance à faire n’importe quoi. Et à y regarder de près, un tel mépris de l’intérêt des élèves comme des professeurs ne relève peut-être pas du bricolage innocent, mais d’un projet cohérent savamment réfléchi. 

Ainsi, le Pacte, qui nous est présenté comme une opportunité pour améliorer des rémunérations en berne, semble avoir pour objectif essentiel de faire travailler les enseignants bien plus qu’ils ne travaillent aujourd’hui, sur des missions bien plus diversifiées et surtout, de rendre les professeurs interchangeables. Par ce biais, le ministère entend pallier la crise de recrutement et l’État économise par la même occasion une éventuelle revalorisation du métier de professeur, qui serait trop coûteuse. Avec un art de l’enfumage bien maîtrisé, on tente de nous faire croire que les élèves en tireront bénéfice et que les professeurs gagneront plus… Pipeau !

Au SNALC, nous dénonçons cette manipulation, cette incitation des collègues à accepter de leur propre chef, moyennant quelques euros, de signer un engagement sans même connaître ce qui les attend et avec la ferme intention de les rendre corvéables à merci. 

Ne vous y trompez pas ! Si certains y trouveront un intérêt financier à court terme, ce bricolage est un leurre, une aberration qui va entraîner une organisation délirante, des inégalités de traitement et à terme, une redéfinition du métier de professeurs avec des missions pour faire tout, n’importe quoi et surtout n’importe quand. À la différence des clauses d’un contrat dans lequel il est obligatoire de spécifier à quoi vous vous engagez, il n’y aura pas les petites notes et précisions de bas de page. Une chose est sûre, le Pacte aura une incidence sur nos conditions de travail dans un futur plus ou moins proche, et c’est bien l’objectif caché. Et on a osé parler un jour de « L’École de la confiance » … 

Loi Rilhac : la face cachée des décrets d’application

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Après une première loi avortée à l’été 2019, deux ans de cheminement démocratique et plus d’un an d’intenses réflexions, des décrets d’application découlant de la loi Rilhac vont enfin être publiés. 

Des éléments vont dans le bon sens : 

  • Bonification d’ancienneté de 3 mois pour chaque année de fonction de direction assurée ; 
  • Formation préalable à la prise de fonction et reconnaissance implicite du métier; 
  • Possibilité d’aménagements d’assiduité pour les petites sections sans passer par l’IEN. 

 

Le SNALC est beaucoup plus circonspect sur d’autres mesures : les nouveaux PPMS ne seront plus à rédiger mais les anciens (99 % des existants) sont évidemment toujours à réactualiser ; la fameuse autorité « fonctionnelle » n’est toujours pas clairement définie et les missions relatives au fonctionnement et au pilotage pédagogique de l’école ont certes le mérite d’inscrire noir sur blanc des missions déjà exercées, mais cela va engendrer des attendus de l’institution. 

Deux articles du projet de décrets nous ont alertés en ce sens. 

Tout d’abord, « Les directeurs d’école sont évalués après trois ans d’exercice dans leurs fonctions puis une fois tous les cinq ans. » Cela signifie que les directeurs auront leurs trois rendez-vous de carrière comme tout enseignant ET ces visites évaluatives dont la temporalité rejoint peu ou prou celle des projets et des évaluations d’école. Vous avez dit « école de la confiance » ? 

Ensuite, « le directeur d’école peut se voir retirer cet emploi par le DASEN, dans l’intérêt du service » Quels seront les critères qui évalueront « l’intérêt du service » ? Les objectifs non atteints du projet d’école ? La loyauté- docilité des directeurs vis-à-vis de la hiérarchie ? Les « remontées de terrain » reçues à la DSDEN ? 

Pour le SNALC, une école n’est pas une PME avec obligation de résultats. 

Bref, au-delà d’une reconnaissance sur le papier, on ne voit pour l’heure, aucun allègement des tâches à l’horizon. Le SNALC pense qu’il faut rapidement discuter des moyens humains, financiers et législatifs afin de réellement gagner en simplification et efficacité. 

Les remplaçants et leurs frais de route

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Tout remplaçant pour maladie ou formation continue du 1er degré perçoit ce qu’on appelle l’Indemnité de Sujétion Spéciale de Remplacement ou indemnité de déplacement, lorsqu’il est nommé sur un remplacement.

Pour déterminer le montant de l’ISSR, l’administration prend en compte la distance « aller » entre l’école de rattachement et le lieu de remplacement, même au sein de la même commune. Le montant alloué correspond à un seul trajet (un aller simple) par jour effectif de remplacement. 

Pour le calcul de l’ISSR, les distances de commune à commune sont déterminées, selon les DSDEN, par ViaMichelin, Mappy, le logiciel national ARIA voire Andjaro, mais toujours basées sur le « trajet le plus court ». Un décalage de 2 mois intervient généralement entre le paiement et le mois concerné. Il est important de noter qu’un titulaire remplaçant qui assure le remplacement continu d’un même enseignant pour toute la durée de l’année scolaire ne peut prétendre au versement de l’ISSR (article 2 du décret 89-825 du 9 novembre 1989), au même titre que s’il est nommé sur une démission ou sur un poste vacant. 

Une revalorisation bienvenue mais insuffisante de l’ISSR a eu lieu en septembre 2022 (avec rétroactivité jusqu’à janvier 2022) suivant une légère hausse et fixant pour exemple à 15,94 € par jour l’indemnisation d’un aller de moins de 10 km. 

Le SNALC précise qu’avec l‘augmentation du prix du carburant de plus de 20 % depuis le début de la guerre en Ukraine, cette majoration d’à peine 10 % est dérisoire, d’autant qu’une part de cette prime est considérée pour la pénibilité et la précarité du poste de remplaçant. 

En effet, l’ISSR étant composée d’une part fixe liée à la fonction et d’une part variable en fonction de la distance parcourue, seule la part modulable a été revalorisée. 

Notons aussi que les ISSR sont non imposables sauf en cas de déclaration des frais réels, et que les problèmes de tranches relatifs au logiciel ARIA perdurent pour les remplaçants qui les subissent… 

Évaluation des évaluations d’école : de qui se moque-t-on ?

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Le Conseil d’Evaluation de l’Ecole (CEE) livre un premier bilan des évaluations d’école. Le SNALC fait également le bilan de ces évaluations et ses constats ne sont pas concordants avec ceux du CEE.

 

Quel temps pour les évaluations ?

Le CEE relève que la « densité [de l’évaluation] lui vaut à l’occasion les qualificatifs de « chronophage » ou « énergivore », ce qui pourrait laisser entendre que passer un peu de temps tous les cinq ans à interroger le service public d’éducation rendu dans un établissement est une perte de temps, un emploi inutile de ressources. Une action peut être considérée comme chronophage et énergivore surtout quand on ne lui reconnaît pas de sens, donc de légitimité. Or la plus-value de l’évaluation vient précisément de son appropriation par tous. […] De plus, les académies ont trouvé des formules variables permettant d’organiser les échanges entre acteurs de l’évaluation au sein de l’école et dans le strict cadre des obligations réglementaires de service actuel des enseignants. »

Oui, l’évaluation d’école est chronophage et énergivore. En revanche, ce n’est pas parce que les PE lui trouveront – peut-être- de la légitimité, à grands renforts de « formations, afin que chaque école puisse préparer sereinement la phase d’auto-évaluation », que le temps passé disparaîtra par magie. Le SNALC est d’ailleurs plus que dubitatif quant à l’intérêt que trouveront les PE à ces nouvelles formations imposées !

L’expression « un peu de temps » est, quant à elle, largement sous-évaluée : le CEE estime la phase d’évaluation externe à 5 jours pleins en moyenne, et il ne se risque pas à donner de chiffres précis pour la phase d’auto-évaluation.

 

Quels évaluateurs externes ?

Les évaluateurs sont principalement des IEN (30%), des directeurs (30 %) et des conseillers pédagogiques (25 %). Le CEE propose « d’élargir le vivier des évaluateurs externes, notamment aux enseignants » (environ 3% des évaluateurs). Pour le SNALC, les enseignants sont effectivement les professionnels les plus à même d’intégrer ces équipes. Il faudra toutefois veiller à ne pas trop « élargir le vivier », le choix de certains évaluateurs externes pouvant être discutable. Ainsi a-ton pu voir des personnels administratifs au sein des équipes d’évaluateurs alors même qu’aucun directeur d’école n’y était intégré.

A noter cependant que l’idée du CEE d’intégrer cette mission dans les réflexions du « pacte enseignant » n’est pas acceptable : le SNALC maintient son exigence d’un rattrapage salarial pour tous, sans contreparties.

 

Quels objectifs ?

 Pour le CEE « bien loin d’être une mission supplémentaire ou la dernière mesure en date d’un ministère toujours très créatif en matière de dispositifs, l’évaluation construit une professionnalité nou­velle ». Si l’éclair de lucidité peut prêter à sourire, ce n’est pas le cas de ce qui suit. D’après ce bilan, les évaluations d’école ont vocation à :

  • déboucher sur la rédaction d’un projet d’école (mais avec « un travail lourd d’arbitrage et de rédaction des grandes orientations finalement retenues pour le directeur et son équipe »)
  • accroître la capacité d’innovation et d’expérimentation (mais l’innovation pédagogique a-t-elle en soi une valeur supérieure à la non-innovation ?)
  • faire acte de candidature au fonds d’innovation pédagogique (toujours plus de travail, sans certitude que le projet soit finalement financé)
  • constituer un bon point d’appui pour les IEN et leurs équipes de circonscription pour accompagner les suites de l’évaluation et diffuser des pratiques pertinentes

 

Les conclusions du SNALC

Pour le SNALC, ce bilan met en lumière ce que le CEE s’entêtait jusqu’alors à nier. Les évaluations d’école sont un moyen de contrôler la liberté pédagogique, de donner toujours plus de travail aux PE et de mettre les écoles en concurrence.

Si le CEE s’auto-congratule du succès de ce dispositif, le SNALC peut assurer que les PE sont bien loin de le plébisciter. D’ailleurs, le « défaut d’intérêt des enseignants » est souligné dans ce rapport. Peut-être ont-ils juste compris que l’on se moque d’eux, que les conclusions sont déjà écrites et qu’il y a mieux à faire.

D’après le bilan, « l’auto-évaluation a représenté de l’ordre de 4 à 8 semaines », soit jusqu’à 2 mois qui furent accaparés par un dispositif n’aidant en rien les collègues dans leur quotidien.

Quelle dépense inutile de temps et d’énergie ! Le SNALC reste donc encore et toujours opposé aux évaluations d’école.

L’évaluation, entre nécessité et culture

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Dans les écoles, les PE enseignent et évaluent suivant les programmes et selon les élèves qu’ils ont en face d’eux. Pour les besoins des apprentissages, les PE apprécient quotidiennement, que ce soit de façon implicite ou explicite, le niveau des élèves pour les accompagner dans leur progression.

Que les évaluations soient diagnostiques, formatives, ou sommatives, elles permettent d’avoir une vision précise des progrès ou non des élèves ; elles guident les enseignants tout au long de leurs préparations. 

Mais, depuis quelques décennies, nous assistons à un développement d’évaluations nationales. Les premières furent instaurées en septembre 1989, en début de CE2, pour accompagner la loi d’orientation sur l’Éducation. 

Par la suite, pour répondre à la demande de repérage des élèves rencontrant des difficultés, des évaluations ont été mises en place en début de CE1, abandonnées en CE2, expérimentées en CM2, mais aussi modifiées (début, milieu, fin d’année scolaire) au fil du temps. 

Ces évaluations permettant de mettre en place des politiques éducatives, le titre du chapitre 12 du dossier de presse de la loi pour une École de la confiance est sans équivoque : « Développer la culture de l’évaluation ». Aujourd’hui, nous avons des évaluations nationales en CP et en CE1, des évaluations nationales en CM1 à la rentrée 2023, et comme si cela ne suffisait pas, certaines académies vont jusqu’à imposer des évaluations en grande section pour « préparer l’entrée en CP » ! Il ne faut pas oublier non plus les évaluations internationales servant à observer l’efficacité des systèmes éducatifs et qui sont toujours d’actualité : PIRLS, tous les 5 ans en CM1 et TIMSS4, tous les 4 ans en CM1. 

Doit-on redouter que d’ici quelques années cette « culture de l’évaluation » vienne impacter tous les niveaux de classes ? Le SNALC l’a toujours dit et le répète : ces évaluations nationales ne doivent être rien d’autre qu’un outil statistique. Cependant, avec l’instauration des évaluations d’école, le SNALC s’inquiète et dénonce les dérives possibles de l’exploitation de toutes ces évaluations, à tous les étages. Va-ton progressivement vers la fin de la liberté pédagogique ? 

Inclusion : la situation continue à se dégrader, le ministère se hâte de ne rien faire

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Le ministre reconnaissait lui-même le 27 janvier 2023 au micro de BFMTV que 11 000 élèves étaient en attente d’une place en IME. Et ce, sans compter les élèves qui attendent une place en ITEP et en Ulis. Le 21 mars 2023, la Cour des comptes rendait un rapport alarmant sur le manque de moyens de la pédopsychiatrie, après l’alerte du Sénat en 2017: manque de structures, manque de places, enfants et adolescents qui vont de plus en plus mal depuis le confinement. 

Et pourtant, rien ne change : pas de création de classes en établissements spécialisés, RASED abandonnés, suivis en psychiatrie juvénile de plus en plus impossibles. Comme toujours les ministères concernés, Éducation nationale, Santé, Personnes handicapées, regardent, observent, analysent, réfléchissent, élaborent, auscultent, et ne font surtout rien. En attendant, les situations explosives qui relèvent clairement de la carence de soins et/ou éducatives se multiplient. 

Les enseignants et les AESH doivent gérer, c’est-à-dire se débrouiller seuls, sans aide et sans soutien, et sont responsables quoi qu’il arrive. On trouve de l’argent pour le SNU ou pour des aides économiques par dizaines de milliards, mais pour l’inclusion, on temporise. On communique, on promet, mais surtout on n’agit pas. Après tout, qui se soucie des élèves handicapés et malades et des personnels qui les prennent en charge ? Visiblement, pas les responsables qui sont pourtant payés pour ça. 

Le ministère reçoit, réfléchit, pense à un plan d’action depuis 2005, sans aucun budget prévu à cet effet. Faut-il se contenter de simples promesses évoquant l’intervention éventuelle d’équipes médico-sociales? 

Pour le SNALC, il n’en est pas question, d’autant que ces interventions ponctuelles ne pourraient de toute façon convenir qu’à une fraction d’élèves. Pour les autres, on appliquera toujours les mêmes recettes: différenciation pédagogique et adaptation des personnels. Pratique ! En cas, de problème, la faute reviendra au terrain. Une telle inaction finit par confiner au cynisme. Ce ministre, comme les précédents, n’aura rien fait si ce n’est communiquer. Le SNALC demande un responsable, pas un attaché de presse. 

Retraite des enseignants du 1er degré

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TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS EN CONTREPARTIE DE RIEN 

Le pouvoir d’achat des enseignants ne fait que baisser et les diverses mesures d’augmentation et de primes ne nous ont toujours pas permis d’atteindre le niveau de vie auquel un professeur des écoles devrait pouvoir prétendre. Le rattrapage salarial qui nous est dû se fait attendre et dans un tel contexte, le SNALC refuse que les professeurs des écoles se voient encore imposer deux ans de travail supplémentaires ! 

 

PRISE EN COMPTE DU TEMPS POUR S’OCCUPER DE SES ENFANTS : DU NOUVEAU ? 

La réforme des retraites prévoit la prise en compte du congé parental. Super, enfin du nouveau ? Ah non, ces périodes sont déjà retenues pour valider des trimestres, dans la limite de 3 ans, pour les enfants nés ou adoptés à compter du 1er janvier 2004. Il en est de même pour la disponibilité pour élever un enfant. Et pour les périodes de temps partiel de droit pour élever un enfant (jusqu’à ses 3 ans), elles sont également comptées comme du temps plein. 

Bref, avec la réforme, rien ne change. Toujours pas de contrepartie à l’horizon… 

 

LES FEMMES MOINS PÉNALISÉES PAR LE NOUVEAU SYSTÈME ? 

Tous s’accordent pour dire que les femmes – 84 % de notre corps de métier – subiront en moyenne un retard du départ à la retraite, supérieur à celui des hommes. 

Quant aux enseignantes qui envisageaient jusqu’à présent de pouvoir partir avec leur nombre de trimestres requis pour un taux plein vers 62-63 ans, voire de surcoter grâce aux trimestres accordés par enfant, elles devront à l’avenir attendre 64 ans et ce, sans surcoter. Encore une fois, travailler plus longtemps en contrepartie de rien. 

 

AMÉLIORATIONS EN VUE ? 

On nous promet un départ possible après notre date anniversaire sans l’obligation de finir l’année scolaire entamée. Enfin ! Mais pour cela, il faut se résoudre à tenir jusqu’à 64 ans pour les sédentaires et 59 ans pour les actifs. 

Par ailleurs, aucune pénibilité ne nous est reconnue alors qu’il est difficile de contester l’intensité de l’investissement physique et psychologique de nos métiers. 

Le recul de l’âge de départ à la retraite est donc inacceptable. La promesse d’accès à la retraite progressive, soumise à l’autorisation de notre employeur, ne saurait répondre aux inquiétudes légitimes. 

 

Pour le SNALC, cette réforme, tout comme celle du pacte revient à nous demander, encore une fois de travailler plus pour gagner plus. Un contresens total dans le contexte actuel de pénurie des recrutements. 

La semaine du bonheur à l’école : si seulement…

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L’organisation des Nations Unies célèbre la Journée internationale du bonheur le 20 mars de chaque année car le bonheur et le bien-être sont deux aspirations à caractère universel partout dans le monde et il est écrit qu’il importe de les prendre en compte dans le programme d’action publique.

C’est pourquoi les professeurs des écoles sont de la partie et nombre d’académies incitent tout un chacun à s’y mettre. Pas de risque, l’enjeu ne dépassant pas la séance de relaxation et le tour de parole où l’on dira quelque chose de gentil à quelqu’un, rien de fâcheux à l’horizon. Mais à bien y regarder, l’Éducation nationale n’a-t-elle pas balayé la poussière sous le tapis ?  

 

UN GRAIN DE BONHEUR SUR UNE PLAGE DE SOUFFRANCE 

On peut lire sur les sites des DSDEN que cette initiative de la « semaine du bonheur à l’école » représente une ouverture à l’ensemble de la communauté éducative pour promouvoir la santé mentale de tous et contribuer par là au développement d’une école et d’une société plus inclinées à « prendre soin » des autres et de l’environnement. C’est joli et cela permet de masquer des soucis comme le harcèlement et la violence vis-à-vis des professeurs des écoles par ces enfants qui échouent à être élèves. Rappelons que la santé des enseignants est en friche, chaque DSDEN n’étant pas pourvue en médecin de prévention (82 sur l’ensemble du territoire). Les dossiers, comme les enseignants, sont en souffrance.  

 

QUELLES SOLUTIONS À L’HORIZON ? 

Suite à la pandémie, quelques initiatives locales ont été prises timidement mais aucun plan national n’a vu le jour sur le sujet de la santé des professeurs, sujet de santé publique certes, mais peu médiatisé, du fait des conflits tournant en boucle sur les chaînes d’information. Le sujet est maintenant froid et le train passé : nul doute que rien ne verra le jour. Pour autant, la profession a été fragilisée et certaines tensions qui ont émergé au fil des années se sont cristallisées dans l’incompréhension des protocoles sanitaires successifs. Lors du retour au prétendu « monde d’après », la communication par voie informatique entre professeurs des écoles et parents d’élèves a fini de mettre le feu aux poudres…