La musculation a intégré les programmes de lycée en 2001, mais elle demeure aujourd’hui encore absente au collège. Pourtant, elle a été très largement programmée pendant la période Covid sous l’appellation « renforcement musculaire ». Cette pratique séduit de nombreux jeunes qui s’entraînent à domicile ou en salle avec les réseaux sociaux pour principale source d’information. Ne faudrait-il pas répondre à cet engouement par un encadrement sérieux pour une pratique en toute sécurité et des bénéfices physiques avérés ?
Selon M. Gendrier, « la moyenne des performances physiques de la population s’est effondrée (…). Nous sommes globalement moins puissants, moins résistants (…), moins équilibrés (…) qu’au début du XXe siècle »1. Dès 1991, J. Vrijens, auteur de L’entraînement raisonné du sportif2, rapporte que « des auteurs danois ont constaté que la force maximale de l’enfant avait diminué en 25 ans, de 8 à 9 % », comme le rapporte O. Pauly dans un ouvrage plus récent3.
À rebours des idées reçues, le monde scientifique souligne l’importance de la musculation chez les jeunes. Comme l’écrit J. Duchateau : « il n’y a aucune contre-indication à la pratique chez le jeune prépubère. »4.
Plus récemment, en 2008, S. Phillips s’appuie sur des recherches canadiennes pour confirmer que « la musculation chez les jeunes, quand elle est pratiquée de façon sécuritaire et adaptée à l’âge de la personne, est très salutaire sur le plan de la santé, améliorant résistance, équilibre, estime de soi, et réduisant les risques cardiovasculaires ».5
Certes, influencés par les réseaux sociaux, les collégiens soulèvent des charges trop lourdes, avec des gestes trop rapides, mal contrôlés et exécutés. Inadaptée à leur âge et à leur niveau, cette pratique aura des conséquences néfastes sur leur santé (tendinites, déchirures, hernies, traumas articulaires…). Au contraire, encadré par des éducateurs expérimentés, l’entraînement avec poids et haltères est sécuritaire et cause moins de blessures que la majorité des sports.6
Pour le SNALC, il faut aider les jeunes à développer leur motricité, à s’approprier les principes d’entraînement et à construire durablement leur santé de façon lucide et autonome. Enseigner les fondamentaux d’une musculation adaptée aux collégiens serait un moyen particulièrement pertinent de répondre à cet enjeu sanitaire.
(1) Gestes et mouvements justes, guide de l’ergomotricité pour tous, EDP Sciences, 2004, p.11
(2) L’entraînement raisonné du sportif, De Boeck-Wesmael, 1991
(3) Musculation pour l’enfant et l’adolescent. Pourquoi ? Quand ? Comment ?, Amphora, 2008
(4) Pour ou contre – La musculation avant la puberté – Body talk , mensuel numéro 232, Août 2003
(5) L’entraînement à la force et des enfants forts et en santé : sans danger lorsque c’est bien fait. Publié sur site Presses scientifiques du CNRC- 11 mars 2008
(6) The british weightlifter – Etudes faites par Risser, Brian Hamill, et Michael Stone – Sheffield University
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1487