Audience multilatérale en présence de la ministre, Mme Borne.
Pour le SNALC : Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC.
LE THÈME
Situation à Mayotte. Organisation de la rentrée.
L’ESSENTIEL
La ministre affiche 4 priorités :
- Les personnels mise en place d’un numéro vert (peu utilisé jusqu’à → présent). Un e-mail a été envoyé à tous les personnels pour faire le point sur la situation de chacun (domicile, véhicule, difficultés à retourner sur l’île…).
- Accueil des personnels et des élèves dans de « bonnes conditions » → état du bâti, sécurité (dont sécurité incendie), en lien avec les équipes de la préfecture, pour évaluer les possibilités d’accueil établissement par établissement. Le diagnostic « se consolide » aux collèges et lycées ; il est « perfectible » au niveau des écoles suivant les communes. « On ne fera pas rentrée des personnels ou des élèves dans des bâtiments dont la sécurité n’est pas garantie ».
- Accueil des personnels à partir du 13 janvier, pour que les équipes puissent « réfléchir à la façon de reprendre les cours ». Objectifs prioritaires : accueillir les enfants des personnels indispensables sur place ; focus sur les classes à examen. Le CNED n’est pas sollicité pour des cours en ligne, mais pour pouvoir fournir des documents papier (cf. problèmes de photocopieurs).
- Reconstruction → loi d’urgence par rapport aux écoles (communes). Dispositions pour raccourcir les délais des procédures administratives.
Un point est fait sur la question de l’attractivité à Mayotte : un travail doit être engagé sur le sujet.
Sur la question de la prime conditionnée à un indice maximum, la ministre indique qu’ils ont essayé d’utiliser l’argent à disposition avant clôture de l’exercice budgétaire, et que le principe au niveau fonction publique n’était pas de faire une aide systématique, mais au cas par cas.
Un travail est prévu en termes de ressources humaines (gestion des personnels ne pouvant reprendre le 13, mutations, par exemple) et aussi avec la DGESCO sur la question des examens.
LE SNALC A INSISTÉ SUR…
- La problématique d’avoir privilégié la communication sur la rentrée qui devait à tout prix avoir lieu le jour prévu, alors même qu’on savait que ce n’était pas possible. Cela pousse à jeter le discrédit sur des collègues eux-mêmes touchés par la catastrophe.
- La priorité en termes de sécurité bâtimentaire, mais aussi de sécurité des personnes vis-à-vis d’éventuelles attaques, qui doit se réaliser → oui, l’École, c’est essentiel, mais on ne peut pas la faire n’importe comment.
- La question psychologique/santé mentale pour les personnels comme pour les élèves il faut un accompagnement à la hauteur dans ce domaine, qui pour le moment → n’est pas là.
- L’incompréhension sur le versement de la fameuse indemnité conditionnée à l’indice (<448), qui ne répond même pas au cahier des charges présenté (« au cas par cas »). C’était une erreur de le faire ainsi : il faut le reconnaître et expliquer ce qu’on va faire concrètement pour les autres collègues.
- Le travail à mener à long terme sur l’École à Mayotte qui était déjà dans l’illégalité en termes d’accueil, d’horaires. L’École de la République n’est pas à géométrie variable : ce doit être le principe directeur de tout ce qui va être discuté et mis en œuvre à partir de maintenant, y compris en termes d’attractivité.
L’ensemble des problématiques a été abordé par les organisations syndicales présentes (conditions de communication entre l’employeur et les collègues, transports scolaires, question des examens, gestion des personnels ne pouvant pas reprendre…), qui sont globalement sur la même longueur d’onde.
L’AVIS DU SNALC
L’École à Mayotte était en état de crise avant la catastrophe. On en attend beaucoup, on insiste énormément sur son rôle dans l’île, mais on n’a pas fait grand-chose pour elle jusqu’à présent.
Les personnels font ce qu’ils peuvent, dans des circonstances très dégradées sur le plan matériel comme sur le plan psychologique. On a fait les annonces avant d’évaluer la situation, et on compte sur l’adaptation de nos collègues pour gérer, en ayant fait un choix en termes d’indemnité qui divise localement, et qui était clairement une erreur évitable avec un dialogue social en amont. Il faut aujourd’hui beaucoup d’écoute et de bienveillance envers des personnels qui sont extrêmement méritants au quotidien.
Enfin, il faut travailler à plus long terme pour que l’École à Mayotte ne soit plus dans l’illégalité dans son fonctionnement.
8 janvier 2025 : préavis de grève intersyndicale à Mayotte
Chido a ravagé l’île de Mayotte le 14 décembre 2024. Les dégâts sont considérables, beaucoup de nos collègues sont restés et restent encore sans toit, sans eau, sans électricité et ont perdu des biens matériels. Les départs de collègues ayant besoin de souffler, de s’abriter, de soigner leurs traumatismes pendant une période de vacances qui, pour partie a été consacrée à réparer les dégâts du cyclone, sont naturels et compréhensibles.
Nous approuvons sur le principe, l’initiative de notre ministère d’apporter une aide exceptionnelle.
Mais il est inacceptable que seuls les agents dont l’indice est inférieur ou égal à 448 soient ciblés. Nos organisations exigent que tous les agents.es du rectorat de Mayotte la perçoivent quel que soit leur indice, le cyclone n’ayant pas frappé sélectivement les uns plutôt que les autres.
Nos organisations dénoncent cette décision arbitraire et discriminatoire.
Par ailleurs, Le bâti scolaire est pour partie détruit, si nous sommes conscients et désireux que nos élèves reprennent une scolarité normale, ce ne peut être à n’importe quelle condition. Le maintien de la rentrée le 13 janvier est une opération de communication qui ne résiste pas à la réalité. Qui plus est sans aucune directive, aucun protocole, dans l’improvisation, on nous demande de nous réunir pour, je cite bâtir, ensemble, un plan de reprise des activités scolaires en lien avec les réalités de votre école, de votre collège ou de votre lycée.
En conséquence, nos organisations déposent un préavis de grève reconductible à dater du 13 janvier 2025.