Les fins d’années sont toujours propices aux bilans. L’année 2021 en lycée aura été particulièrement consternante car la réforme et la pandémie ont su malheureusement faire bon ménage !
Il était question d’installer sous les meilleurs auspices la première génération de bacheliers réformés. Cependant, les conditions de travail dégradées par la crise sanitaire, l’escalade des bouleversements dans les modalités d’épreuves, le stress occasionné par ces coups de théâtre dans une institution traditionnellement disciplinée ne permettent pas d’affirmer que l’année passée fut profitable. Pour tout professeur de lycée, rien ne sera plus jamais comme avant et il est glaçant de réaliser que la pandémie a bon dos !
Le lycée est devenu un véritable sas dont le Ministère se moque éperdument tout en prétendant le contraire. La réforme le laissait entrevoir, le contexte sanitaire l’a concrétisé : désormais, un lycéen est un élève inscrit qui ne sait pas trop comment il est arrivé là – les collèges ne font plus filtres – et il y vient juste passer un BAC, qu’il obtiendra. Il a la triste possibilité de ne travailler que les enseignements qui l’intéressent car, plus que jamais, ceux qu’il décide de ne pas choisir ou, tout simplement, de négliger ne lui en tiendront pas rigueur. Le contrôle continu pousse à une bienveillance mièvre à laquelle s’ajoute la clémence que le système requiert des enseignants dans la crise actuelle. Ces derniers sont plus que jamais taillables et corvéables : on leur demande de mettre leurs cours en ligne, dans la mesure du possible, pour les absents, de leur faire rattraper les évaluations dans le cadre du contrôle continu, donc de faire des sujets supplémentaires – qu’il n’est pas facile d’inventer en lycée –.
Les programmes sont chargés, le calendrier très contraint, les élèves aléatoirement motivés, de plus en plus immatures et protégés. La fatigabilité de tous est poussée à l’extrême !
Le SNALC rappelle que l’on reconnaît l’intelligence d’un pays à sa manière de traiter son école.
Article paru dans la revue du SNALC, la Quinzaine universitaire n°1460 du 6 janvier 2022