Mot du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1487 – école du 15 mars 2024
Dans une République qui prendrait soin de son École, le temps du politique ne primerait pas sur le temps de l’éducation. De même, la communication politique — dont nous ne nions pas l’importance — ne prendrait pas le pas sur la réalité. Il y aurait une exigence de sincérité, d’honnêteté et de clarté, qui serait due aux personnels de l’Éducation nationale. Car l’École est un bien commun, et tout le monde s’entendrait pour la défendre.
La situation actuelle est bien loin de cet idéal, qui relève pourtant du bon sens. Dernier avatar en date dans le premier degré, la fabuleuse députée Rilhac est de retour pour poursuivre son œuvre de division. Visiblement, le plan mathématiques ne s’intéresse ni à l’addition ni à la multiplication.
Le SNALC avait clairement averti les directeurs comme les adjoints lors du travail sur la première loi Rilhac : les bonnes intentions affichées étaient un leurre et un mensonge. Nous avions hélas eu raison : les rares bonnes mesures du projet (sur les décharges, par exemple) avaient bien vite été retirées sous l’influence du ministre de l’époque, et n’est resté qu’un tonneau des Danaïdes dans lequel les DASEN et les IEN peuvent verser à l’envi de nouvelles responsabilités sur les directrices et directeurs. Aucune garantie sur une quelconque aide humaine, l’État et les collectivités locales s’étant arrangés pour qu’aucune obligation de moyens ou de résultats leur soit imposée.
Au vu des résultats de cette première loi, qui peut encore croire qu’une seconde loi faisant des écoles des « établissements » améliorera réellement votre situation ? Pas le SNALC, qui sait très bien que l’objectif est de continuer à faire glisser des missions assurées par les IEN sur les directions, sans pour autant aider ces mêmes directions. La charge de travail sans les moyens de gérer la charge de travail, les conflits humains, le burn-out : voilà ce que vous promet réellement la loi Rilhac 2.
Le SNALC n’est pas dupe, et vous informe sur ce qui est réellement fait pour vous par votre employeur, c’est-à-dire souvent pas grand-chose. Nous sommes à vos côtés pour dire le vrai et rendre compte avec sincérité de la dégradation terrible de vos conditions de travail. Nous continuons de dénoncer l’école inclusive au rabais qui soumet les professeurs des écoles à des injonctions contradictoires, les laisse gérer seuls des situations ingérables, et les rend responsables et coupables de tout dysfonctionnement au sein de la classe ou de l’école. Nous alertons sur l’impossibilité à muter pour la plupart d’entre vous. Un métier mal payé, mal considéré, un métier de plus en plus agressé, et désormais un métier sans mobilité, ne peut être un métier attractif. C’est pour cette raison que le SNALC participe le 19 mars à la grève unitaire de la fonction publique sur la question des rémunérations.