Sources :
Si l’abandon de l’augmentation de 50 % des PFMP est incontestablement une victoire de la mobilisation des personnels, leur durée et leurs modalités demeurent un point central de la réforme et une menace pour notre statut PLP et les conditions de formation de nos élèves.
L’augmentation de 50 %la durée des PFMP, la garantie d’une meilleure insertion professionnelle ?
L’argumentaire présidentiel était simple, pour améliorer l’insertion professionnelle post cursus scolaire, il fallait reproduire le succès de l’apprentissage en augmentant de 50 % le temps des PFMP, car l’apprentissage sur le tas est la meilleure solution pour acquérir des compétences professionnelles. Bien sûr ce postulat est purement idéologique. Il ne tient pas compte de la segmentation des activités des entreprises et de la division du travail en leur sein.
Toutefois, les PFMP sont indispensables dans la formation professionnelle en LP car elles permettent aux élèves de mettre en pratique des compétences acquises en LP mais aussi de les confronter aux contraintes d’un système organisé qui n’a pas pour priorité la gestion de leur bien-être.
Même après l’abandon de l’augmentation de 50 % des PFMP, leur durée et leurs modalités restent problématiques.
Pour le SNALC, la première difficulté est déjà de trouver des lieux d’accueils voire des seconds lieux car les ruptures de PFMP se multiplient. Selon les remontées de terrain les deux motifs de refus le plus souvent évoqués par les entreprises sont : « nous ne prenons pas de stagiaires mineurs ou désolés mais nous avons déjà un ou des apprentis aussi nous ne sommes pas en mesure d’encadrer en plus des stagiaires ». Les lycéens professionnels sont donc, avant tout, victimes des choix gouvernementaux : le bac pro 3 ans qui les a rendus en grande majorité mineurs tout au long de leur scolarité en LP, la TVP qui a appauvri leurs compétences professionnelles et le « succès de l’apprentissage » obtenu grâce à un déversement d’argent public non conditionné à l’âge des apprentis repoussé jusqu’à 30 ans révolus.
Bien évidemment, les deux ministères en charge, à présent, des lycées professionnels nient ce constat et proposent des solutions qui n’en sont donc pas.
Du rapport de l’IGSR de janvier 2021 « La qualité de formation durant les périodes de formations en milieu professionnel » au site « Un jeune une solution » du Ministère du travail
Les préconisations de ce rapport, dénoncées lors de sa parution par le SNALC, ont été de nouveau mis sur la table lors des groupes de travail pour la réforme des lycées professionnels. Elles sont soit insultantes pour les PLP car mis en œuvre depuis toujours : « Éclairer concrètement les déclinaisons possibles du « réinvestissement » des PFMP en formation », soit grotesques : attribution d’un label « Educpro responsable » pour les entreprises qui accueillent des élèves en stage, soit dangereuses pour le statut des PLP avec la réécriture de la circulaire PFMP de 2016 et l’annualisation des services des PLP annoncée en 2021 avec un point d’interrogation qui a disparu lors des propositions de janvier 2023.
Le 09/01/2023 la Ministre déléguée, Carole Grandjean, a cité le site « Un jeune, une solution », et notamment sa base de données d’offres de stage, lors d’un débat devant l’Assemblée Nationale sur la réforme des Lycées Professionnels
Toutes les idées à la mode y sont présentes : tutorat, mentorat, etc…. Mais le plus important est la fameuse base de stages présentée sur le site avec cette accroche « Plus de 20 000 offres de stage sélectionnés spécialement pour vous ». Le SNALC l’a testée : aucune offre de stage pour les niveaux bac et infra bac ! Et pléthore d’offres de stage pour les 3 mois d’été…
Ceci démontre, encore une fois, le peu d’appétence des entreprises pour les stagiaires mineurs. Il est surprenant de constater que le Ministère du Travail n’en tire pas les conséquences et n’envisage pas des mesures ciblées incitatives ou impératives pour les jeunes de moins de 18 ans préparant un diplôme au plus de niveau bac. Mais il est vrai que depuis la loi Liberté de choisir son avenir professionnel, on est jeune jusqu’à 30 ans.
Ce constat donne la mesure du danger des propositions de clôture des Groupes de Travail telles que :
- s’affranchir de l’année scolaire,
- adapter le rythme et la durée des PFMP en fonction du parcours et des besoins de l’élève,
- Instaurer une année complémentaire facultative post bac.
Des PLP et lycéens pros corvéables à merci du 01 janvier au 31 décembre pour prétendument améliorer la qualité des PFMP ? Le SNALC dit non.