Eh non, ce n’est pas une devise Shadok !
Un jour un chef d’établissement m’a soutenu ceci : « Mais ce n’est pas parce que vous tenez vos élèves, que vous les faites réussir ». Plus tard, lors d’une inspection, l’IPR à qui je faisais remarquer que je n’avais pas de problème de gestion de classe (en REP) a soupiré : «Ah vous savez la gestion de classe… » puis « il faut que les élèves fassent du bruit, rien de tel que la ruche qui bourdonne ».
Ces remarques indécentes de la part de cadres de l’Éducation nationale sont l’illustration d’une bien mauvaise foi ou d’une belle hypocrisie. Devant le recul de l’autorité à l’école, il est tellement plus facile de dire que l’autorité ne sert à rien ou bien qu’elle est synonyme d’autoritarisme. Comment en effet peut-on être convaincu que dans l’agitation et le brouhaha, nos élèves, cette « génération écrans », arrivent à travailler sérieusement, eux qui ont tant de peine à rester concentrés plus de 5 minutes ?
Dans des classes à 30 élèves où il y a une forte hétérogénéité, le bruit serait-il facteur de réussite ? Certes, la bienveillance est le mot magique de nos jours mais elle a bien des travers car elle peut laisser la place à la complaisance, au laxisme ou au renoncement, souvent pour acheter la paix sociale.
Et pourtant ces cadres, qui sont aussi nos évaluateurs, avancent de telles inepties. Y croient-ils ? Souhaiteraient- ils que leurs propres enfants travaillent dans des conditions dégradées ? N’ont-ils plus aucun bon sens ? Défendent-ils les diktats des courants pédagogiques en vogue ? Ou bien ces propos ne servent-ils qu’à cacher leur impuissance, leur incompétence voire leur lâcheté ?
Plus ça rate, plus on a des chances que ça marche… (devise Shadok).
Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1458 du 15 novembre 2021