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Les dérives d’un recrutement local

© iStock_filadendron

Dans ses projets de réforme de l’Éducation nationale, JM. Blanquer envisage de transformer partiellement le système de mutation des professeurs. Pour répondre à des spécificités ou à des besoins particuliers, jusqu’à 10 % des enseignants seraient recrutés directement par les établissements.

Le SNALC émet d’emblée des réserves importantes face à cette perspective.

Nous admettons parfaitement qu’une telle mesure pourrait permettre une adaptation plus fine de profils particuliers à des demandes locales, contrairement au mouvement national actuel qui procède en aveugle et de manière essentiellement arithmétique aux affectations des professeurs, conservant de ce fait un caractère aléatoire.
Mais il y a plusieurs revers à la médaille.

Tout d’abord c’est une véritable brèche qui serait ouverte dans le mouvement national. Aujourd’hui elle concernerait jusqu’à 10 % des professeurs, mais demain combien : 30, 60 % … ? Compte tenu de la politique d’autonomisation des établissements et de régionalisation galopante de l’éducation, il y a tout lieu d’être inquiet. Le mouvement national doit être préservé car il est une garantie d’équité et d’une répartition éducative homogène entre les territoires. Des recrutements locaux ou régionaux instaureraient de grands déséquilibres, voire des zones de pénuries éducatives comme aujourd’hui ils existent des déserts médicaux.

En second lieu, ce type de recrutement va engendrer des courses aux profils qui seront plus motivées par l’obtention de tel établissement ou de telle région que par le désir d’une mise à disposition de compétences particulières dont l’acquisition deviendrait stratégique et artificielle.

Par ailleurs, il y a fort à craindre qu’une telle ouverture engendre de nouveaux passe-droits. Quel principal ou proviseur résistera à l’affectation d’un membre de sa famille dans son établissement qui lui éviterait une mutation en zone sensible et un déracinement. Quel chef d’établissement, quel recteur résistera au copinage ou à la pression d’une personne influente qui ferait cette demande pour un tiers ? Combien de postes faussement profilés pourraient se voir créer pour répondre aux compétences d’un ami ou d’un proche ? Les dérives nous nombreuses !
Enfin, s’il existe des besoins locaux particuliers, pourquoi ne pas simplement envisager des formations adaptées qui permettraient aux professeurs en poste d’y répondre ?

En conclusion il nous semble qu’il s’agit d’une fausse bonne idée qui, derrière la recherche de souplesse, d\’efficacité et de modernisation bienveillante, pourrait dissimuler le point de départ d’une politique de management ultra-libérale et inégalitaire de « l’école de la confiance ».

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