Les transformations liées à la marchandisation de l’école n’ont eu que des répercussions négatives sur nous, professeurs. Le stress, le surmenage, les dépressions et les démissions sont autant de symptômes que de conséquences parfois dramatiques que nous rencontrons régulièrement.
L’intrusion de la performance et de la concurrence entre les personnels a produit des bouleversements sur les relations professionnelles au sein des établissements. L’individualisme se développe, amenuisant l’esprit de corps. Ces relations ne peuvent plus reposer sur la confiance ni la loyauté et ont été redéfinies sous la forme d’implications contractuelles dans lesquelles prévaut la méfiance.
Notre façon de travailler a été profondément altérée. La charge de travail a changé. Notre temps est pris par d’innombrables réunions et par la multiplication de (sous-)missions qui nous occupent plus que le cœur historique de notre métier, l’enseignement. Nos pratiques professionnelles habituelles et notre expertise, s’appuyant sur des années de pratique, ont été progressivement ringardisées et marginalisées. Nous avons été comme dépossédés de notre pédagogie et dépouillés de nos prérogatives, au profit d’une standardisation des méthodes de travail, comme le souhaitent les chantres de l’économie comportementale.
Nous sommes culpabilisés si nous ne nous soumettons pas ou pas assez rapidement au goût du jour « progressiste ». Des pressions existent si nous ne nous confortons pas suffisamment aux nouvelles injonctions. Nous ne sommes plus récompensés pour la qualité de nos cours et de nos enseignements, mais au nombre de missions, de projets et de partenariats extérieurs réalisés.
Notre identité de professeurs a donc été modifiée. C’est pour cette raison que les concours du professorat ont peu à peu été retouchés. La maîtrise scientifique d’une discipline est désormais secondaire et passe bien après notre adaptabilité, notre flexibilité, notre capacité à « ludifier » en classe.
Nous sommes enfin devenus les témoins impuissants de l’affaiblissement de la capacité de travail et d’apprentissage de nos élèves. Dans une école-entreprise, on n’exige pas grand-chose du client-élève.
Le SNALC ne se résout pas à ce constat très sombre. Il demeure fidèle à ses valeurs humanistes, à son attachement à l’instruction et à la défense des professeurs, morale comme matérielle. Il se bat chaque jour pour porter votre voix à tous les niveaux. Le rejoindre, c’est ne pas céder à la fatalité.