À chaque rentrée, la question des « 10 minutes d’accueil » à l’école primaire revient. Selon l’article D321-12 du Code de l’éducation, cette surveillance relève de l’institution scolaire et est organisée par le directeur après avis du conseil des maîtres. En 2014, la réponse du directeur de cabinet du Ministre à la question que j’avais posée en tant que responsable premier degré du SNALC avait été : « Ainsi, sous réserve que les obligations de service ne dépassent pas la durée légale du travail [les 35 heures!], il est loisible au pouvoir réglementaire [le ministre], dans le cadre de son pouvoir d’organisation du service, d’imposer aux personnels enseignants d’autres obligations que celles du décret du 30 septembre 2008. Il résulte donc de ce qui précède que l’accueil des élèves dix minutes avant l’entrée en classe entre bien dans les obligations de services des personnels enseignants du 1er degré ».
Comme pour les récréations, ce temps implique des responsabilités telles que la sécurité des élèves ou la gestion d’incidents, dépassant le simple cadre de la surveillance. Cependant, bien que cette tâche s’effectue dix minutes avant le début de la classe, elle fait pleinement partie des missions globales des professeurs des écoles. Le fait qu’elle ne soit pas spécifiquement rémunérée conduit certains à estimer qu’elle n’est pas reconnue à sa juste valeur, voire qu’elle n’est pas légitime. Pourtant, elle l’est bel et bien.
La mise en place d’un système de rémunération spécifique et individualisé engendrerait des coûts de gestion administrative élevés et probablement disproportionnés par rapport à la simple compensation financière de ces temps dédiés. En effet, l’organisation de ce temps d’accueil se heurte chaque jour à des imprévus, des impératifs de changements d’emplois du temps, ainsi qu’à des absences, retards ou remplacements éventuels d’enseignants de service.
Une indemnité forfaitaire pourrait constituer une solution plus adaptée. Mais, au-delà de l’aspect financier, ces 10 minutes posent des questions d’organisation et de répartition équitable entre enseignants, car les difficultés sont extrêmement différentes selon les écoles ou les jours. Pour le SNALC, l’intervention d’agents municipaux selon le contexte, la révision des textes ou une remise à plat des ORS seraient des améliorations plus que souhaitables. Cette question est révélatrice du manque de reconnaissance et de clarification des missions des professeurs des écoles dans l’accueil quotidien des élèves.
Article publié dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1504-École du 5 septembre 2025