Dans un nouveau rapport du 12 septembre 2019, « L’école et le sport, une ambition à concrétiser », la Cour des comptes passe au crible l’enseignement de l’EPS. Il coûte à l’État 4 milliards d’euros pour des bénéfices selon elle trop peu visibles.
➤Concernant les activités sportives des mercredis après-midi, le rapport annonce que lorsque « l’adhésion à l’association est faible, les trois heures fléchées vers l’animation du sport scolaire pourraient être remises à la disposition du chef d’établissement… ».
Pour le SNALC, la menace de récupérer les volumes horaires jugés peu rentables devrait d’abord inciter l’institution et l’UNSS à redonner au sport scolaire les moyens de vivre. Au lieu de cela, les professeurs d’EPS s’épuisent dans des tâches croissantes de gestion, d’obtention de moyens et de créneaux de fonctionnement, voire de collectes de fonds, indignes, qui détériorent leur motivation et l’efficacité de leurs associations sportives.
➤Concernant l’EPS, le rapport note la « divergence profonde de vision entre la conception de l’instruction physique et sportive en tant que discipline d’enseignement et les attentes du mouvement sportif ».
Pour le SNALC, s’il n’est pas question d’accepter l’amalgame de l’EPS au sport, il faut bien reconnaître que la discipline diverge de plus en plus de la culture sportive. Ses nouveaux programmes effacent les apprentissages physiques, techniques, tactiques liées aux pratiques sportives, au profit d’objectifs vagues et communs à des champs d’activités regroupées de façon arbitraire, où par exemple le rugby et le badminton deviennent équivalents, ce qui génère une grande perte de précision et de sens. Par ailleurs, toute une formation méthodologique au savoir s’entraîner et à l’acquisition de rôles d’organisation (coach, observateur …) réduit les temps d’engagement physique et le plaisir d’agir chers aux élèves et indispensables à l’intérêt de l’activité physique et sportive (C. Perrin).
➤Le rapport déplore que les certifications en EPS « ne donnent aucune assurance sur la capacité de tous les élèves à maîtriser un niveau général d’aptitudes physique et sportive ».
Pour le SNALC, la suppression des épreuves d’EPS au DNB, le mélange complet des résultats des compétences travaillées en EPS à celles des autres disciplines dans le socle commun, ont fait disparaître cette visibilité. Le prochain CCF au baccalauréat ne fera qu’accentuer ce constat puisque les épreuves ne seront plus encadrées par des repères nationaux et communs mais par des critères locaux, propres à chaque établissement.
➤Enfin le discours de l’EPS « très conceptuel exprimé selon une terminologie mal comprise » rend cette discipline de moins en moins compréhensible.
Pour le SNALC, qui ne cesse de dénoncer la perte de sens et de spécificité de l’EPS, il est urgent que cette discipline se redéfinisse une identité plus physique et motrice, aux effets mesurables, à la hauteur des enjeux de santé publique (rapport ESTEBAN, étude Tomkinson…) avant que sa réforme n’advienne, commandée de l’extérieur.