Les premiers avancements de carrière via le PPCR sont en cours. Vous trouverez ici pour rappel le protocole détaillé concernant les P. EPS et là celui des Agrégés.
Ce qui a été vendu aux professeurs comme une belle revalorisation de leur carrière s’apparente beaucoup plus à un nivellement par le bas.
Nous le concevons, le PPCR est sans doute un peu moins stressant que le protocole d’avancement précédent, mais à quel prix ?
Les rendez-vous de carrière sont fixés et connus d’avance (6e et 8e échelon) et les enjeux de l’inspection sont minorés. Rappelons que seuls 30% des promouvables, et donc du corps, bénéficieront d’un avancement accéléré pour accéder aux 7e et 9e échelons avec une année d’avance. Mais attention cependant aux effets secondaires possibles à plus long terme. Ces mini-avancements seront malgré tout des éléments discriminants, car dans un rythme uniforme et identique pour 70 % des professeurs d’EPS, ils seront susceptibles d’impacter le cours des carrières et notamment le passage à la hors classe. La progression est automatique pour les autres échelons.
La comparaison entre les anciennes et les nouvelles grilles d’avancement n’est pas aisée. Les différences entre les protocoles sont complexes, à l’instar du transfert, progressif jusqu’en 2020, de prime (comme l’ISOE, qui va diminuer) en points d’indice. Cela ne facilite pas la compréhension PPCR. De même, il ressort que les gains obtenus en terme de progression d’indice à l’arrivée dans un nouvel échelon du PPCR seront minorés par la perte en moyenne de 20 points d’indice pour les P. EPS (et de 30 points pour les Agrégés) en fin de durée dans ce même échelon, car le passage à l’échelon supérieur s’opérait plus rapidement dans l’ancien déroulement de carrière. Vous suivez ? Non ? C’est pourquoi le SNALC a produit d’excellents documents explicatifs à ce sujet, qu’il met à la disposition de tous. Chacun pourra s’y référer pour réaliser ses propres analyses.
En somme, alors qu’il pouvait y avoir un écart de 10 années dans la progression de la classe normale des P.EPS, entre un avancement au grand choix et un avancement à l’ancienneté, aujourd’hui cet écart se réduit à 2 années.
Les grands perdants sont les 30 % du corps des P. EPS qui avançaient au grand choix. Les gagnants sont les 20 % qui avançaient à l’ancienneté. La revalorisation n’aura que peu d’impact sur la majorité, les 50 % restants, antérieurement promus au choix, puisque le PPCR adopte globalement ce rythme. Établissez les conclusions qui s’imposent. Mais il est clair que le PPCR déshabille Jacques pour habiller Pierre. Est-ce juste et légitime ?
Voilà donc le bel aboutissement d’une revendication, soutenue de longue date par des organisations syndicales bien identifiables, tant elles s’en attribuent le mérite, mais qui a largement échoué pour les raisons suivantes :
Premièrement, parce que cet avancement uniforme pour tous aurait dû s’opérer sur le rythme du grand choix, et non sur celui du choix, ce que ses partisans ont pourtant concédé, afin personne que n’y perde et que la majorité y gagne. Or le résultat est bien l’inverse. Cherchez l’erreur !
Deuxièmement parce que les fondements idéologiques de cette réforme laissent croire qu’elle repose sur une valeur saine, l’égalité, alors qu’elle promeut un principe contraire et fortement inégalitaire, l’égalitarisme, qui nie toute forme de reconnaissance du mérite personnel.
Voilà en partie pourquoi le SNALC a voté contre ce protocole.
Pour être complet nous devrions aussi évoquer la quasi inaccessibilité de la classe exceptionnelle, réservée à des « viviers » restreints d’une nouvelle élite, la disparition de la bi-admissibilité ou l’injustifiable dévalorisation de la carrière des agrégés.
Voilà pourquoi le SNALC combattra toujours les idées reçues et ne cessera de revendiquer une vraie revalorisation, luttant contre la paupérisation sans cesse croissante de notre profession.