L’ÉDUCATION PAR LE NUMÉRIQUE EN EPS
« L’introduction du numérique dans les méthodes pédagogiques et la construction des savoirs » (Code de l’éducation, art. L231-15) s’est imposée en EPS et dans ses programmes. Au collège l’élève doit savoir « utiliser des outils numériques pour analyser et évaluer ses actions et celles des autres ». Au lycée « l’enseignement doit s’appuyer sur les plus-values qu’apportent les usages du numérique…le recueil d’indices et d’informations dont l’analyse et l’exploitation favorisent les apprentissages ». L’éducation par le numérique en EPS n’est plus une méthode optionnelle au service de la liberté pédagogique.
Depuis la vulgarisation des tablettes, des smartphones et des plans d’équipement, des usages se sont développés à travers des applications d’analyse vidéo (Video delay, Huld), de recueil de données (EPScompteur), d’observations en sports d’opposition (EPS impact) ou collectifs (iPTB, aPTB), de répertoire de figures (AcroEPS) ou de sondages rapides (Plickers)…et l’inventaire est bien incomplet.
Incontestablement ces outils simples, assez efficaces en intérieur, plaisants pour les élèves, répondent aux attentes. Ils soulèvent pourtant des questions essentielles :
– D’abord il faut être doté d’un parc d’outils par classe et qu’ils soient disponibles, donc pas déchargés, accaparés, détériorés ou égarés. Ces conditions encouragent actuellement le développement du BYOD (Bring Your Own Device), acronyme sympa mais qui questionne grandement le principe de gratuité et d’égalité de l’enseignement.
– Ensuite ces outils renforcent l’emploi d’écrans et les temps d’immobilisme. Il est démontré combien les élèves, trop consommateurs, sont affectés au niveau postural, visuel, social et par les effets de la sédentarité occasionnés (réduction des capacités cardio-pulmonaires, tonicité, obésité…).
Alors cette éducation au numérique questionne la spécificité et l’utilité de l’EPS. Compte tenu des besoins de la jeunesse et des temps de pratique corporelle déjà très faibles, l’EPS doit-elle à ce point concourir à former des analystes, des statisticiens, des coachs… ou des individus physiquement développés et éduqués ?