Issu du mouvement de l’école « nouvelle », le pédagogisme a pris tout pouvoir sur l’école dans les années 60-70. Cet adjectif « nouvelle » est à nuancer puisque ce mouvement puise ses racines à la fin du XIXème s. et nous rebat les oreilles depuis 60 ans.
Ce sont en effet tous les organismes pilotant le système ou ayant des spécialistes éducation qui professent cette idéologie depuis des décennies. De l’UNESCO à l’OCDE, des huiles du ministère aux inspecteurs et formateurs. Rien ne leur échappe mais surtout, les pédagos continuent à se dire « modernes » et subversifs alors qu’ils s’agrippent au pouvoir depuis soixante ans pour le résultat catastrophique que l’on connaît. Leurs obsessions, travail en équipe, innovation, expérimentations, induction, littérature de jeunesse, plus de note chiffrée ni orthographe ni grammaire ni chronologie, ont abouti à plus d’inégalités à l’école puisque le savoir l’a fuie et ne s’acquiert quasiment plus que chez soi quand il existe.
Ses promoteurs, parés du titre de docteurs en sciences de l’éducation imposent leur vision de l’école sans avoir jamais enseigné en primaire ou dans le secondaire, ou parfois il y a trente ans. On les entend encore et toujours ânonner dans des amphis ou dans les médias, traitant tout critique de réactionnaire et refusant toute contradiction. Nous comprenons qu’ils occupent leur retraite à 5000 euros par mois sur les réseaux sociaux pour conserver leur rôle d’influenceurs mais nous ne demandons qu’à faire notre travail, que nous connaissons bien mieux qu’eux, en paix.
Il y a les fossiles faussement modernes mais il y a aussi leurs héritiers qui sous le masque de la vertu cachent une profonde avarice et un goût du pouvoir dont même le Pape François nous a dit récemment de nous méfier.
L’enseignement privé sous contrat, contrairement au bon sens, pratique parfois lui aussi le pédagogisme le plus déluré. On peut s’étonner que des administratifs dans des écoles chrétiennes, n’ayant jamais enseigné ou à peine, prennent plaisir à exploiter leurs prochains, en l’occurrence les professeurs et autres personnels d’éducation. Eux aussi louent le travail en équipe, bien sûr en dehors des heures de cours, une notation « bienveillante », des réunions trop régulières et interminables, des heures non rémunérées à foison pour le « bien » des élèves, merveilleux outil de management par la culpabilisation permettant de grasses économies. Il semble bien que ces pédagogistes voulant faire « communauté » fantasment sur Poudlard, l’école de Harry Potter, où les professeurs et autres personnels vivent sur place, n’ont aucune vie privée ni aucun goût autre que de s’occuper des élèves et de parler d’eux. C’est un statut qui existait il y a longtemps et qui était celui de domestiques des familles nobles et bourgeoises. Le point commun de tous ces pédagos est que pour le prétendu plus grand bien des élèves, on ne respecte pas les adultes salariés ni leur statut voire on les maltraite.
Le SNALC privé demande à l’enseignement catholique de faire respecter le droit des salariés de terrain que nous sommes dans tous nos établissements et de ne pas oublier que nous sommes des agents publics, prêtés à l’enseignement privé sous contrat et ayant à peu de choses près les mêmes droits et devoirs que nos homologues du public. Pour le pouvoir politique et les idéologues, le pédagogisme est une réponse très pratique à la baisse de moyens de l’école et à l’effondrement de l’attractivité de nos métiers. Les professeurs ont le niveau et la liberté pédagogique de faire cours comme ils le souhaitent et n’ont pas besoin que des idéologues jargonneux et malhonnêtes leur disent quoi faire en classe comme en dehors. Rappelons également que le cupide, l’avare est celui qui veut faire travailler autrui sans le payer sous de beaux prétextes et pas celui qui demande juste son dû.
À bon entendeur..