Qu’elle se fonde sur le résultat d’un test de positionnement, d’un examen ou d’évaluations de classe, l’appréciation du niveau des élèves en langues en France révèle de nombreuses lacunes. Le constat de carences diverses est criant, quelles que soient les activités langagières, même si l’on note qu’il est certes plus facile de comprendre que de s’exprimer.
Les programmes font globalement de leur mieux pour suivre les élèves -et non l’inverse- et chaque enseignant doit se contorsionner désormais pour adapter les attendus institutionnels aux réalités de la classe : effectifs chargés, absentéisme chronique, manque de motivation, équipements aléatoires. De plus, l’engouement pour les LV en général est faible en France, si l’on compare, par exemple, avec d’autres pays tels que l’Allemagne ou les Pays Bas.
Le constat est sans appel : l’écart se creuse drastiquement au lycée entre niveau des élèves et programmes. Les bases grammaticales pourtant travaillées en collège semblent soudainement plus disparates et les rappels des plus simples notions doivent être effectués très régulièrement ce qui brise le rythme des séquences. Les conséquences sur la prise de parole des élèves ne sont pas surprenantes : les complexes engendrés par la conscience de leur faible niveau se traduisent par des replis stratégiques tels que mutisme ou courts énoncés. Bref, là où le B2 devrait s’imposer, c’est à une stagnation aux niveaux A2/B1 que l’on assiste.
Certes, Parcoursup n’impose aucune exigence particulière car chaque formation établit ses priorités de niveau. Cependant, les attendus linguistiques post-bac sont souvent plus ambitieux que ceux des fins de scolarité en lycée. Ainsi, un B2 évalué au TOEFL requis dans certaines filières laissera plus d’un très bon élève désarçonné.
Pour le SNALC, l’enseignement des LV doit revêtir un caractère immersif que les aléatoires séjours linguistiques ne couvrent pas actuellement. Une sanctuarisation de sections de LV avec équipement systématique s’impose afin de donner la chance à nos publics de recevoir un enseignement authentique probant, motivant et compétitif.
Article publié dans la revue Quinzaine universitaire n°1493 du 4 octobre 2024