L’attestation en langues sera bien délivrée en marge du baccalauréat. Mais il n’y aura pas d’épreuves pour attester du niveau des élèves. Faut-il s’en réjouir ou déplorer un beau gâchis ?
Après moult revirements et incertitudes, l’on sait désormais que l’attestation en langues existera, mais qu’elle sera délivrée à partir des cases cochées par les professeurs de langues dans le livret scolaire. Pour l’occasion, le ministère a bien pris en compte les niveaux du CECRL et les compétences idoines.
À brûle-pourpoint, on aurait envie de s’en réjouir. En effet, organiser vers la fin de l’année une batterie d’épreuves dont un oral chronophage, sans sujets nationaux, n’aurait rien eu d’une sinécure et aurait donné lieu à une attestation à la représentativité très locale.
Pourtant, quel gâchis ! Notre institution, censément sérieuse, va délivrer une attestation qui n’aura aucune valeur. Que nos collègues ne se méprennent pas, il n’y a ici aucun dénigrement de leur travail. Seulement, chacun sait combien nous avons tendance à adapter nos exigences à nos classes. Sans quoi, la relation pédagogique est impossible.
Et les établissements s’adaptent eux aussi. Nous avons vu cela lorsque des chefs d’établissement validaient le A2 sans que de nombreux élèves ne le méritassent. Il y a là des variables qui nuiront à la reconnaissance de ce nouvel objet.
C’est aussi un gâchis parce qu’à côté de l’attestation subsisteront, pour une partie de nos élèves, les certifications Cambridge, Cervantès ou Goethe.
L’État paiera pour que certains bénéficient d’une photographie mieux cadrée de leur niveau. Pour les autres, ce sera à la louche et avec bienveillance. Et il sera amusant de constater les écarts entre les deux et de se moquer d’une Éducation nationale décrédibilisée.
Pour le SNALC, il eût fallu mettre fin à la certification par des organismes privés en la remplaçant par une attestation – ou une certification – dont les épreuves auraient reposé sur des sujets et un cadre définis nationalement et qui aurait donc eu une portée plus évidente
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1469 du 7 octobre 2022