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Franceinfo – Enfants de la ministre dans le privé : le SNALC “pas intéressé” par la “polémique” mais “attentif aux actes”

« On ne trouve plus de prof, on n'arrive pas assez à recruter, le métier n'attire plus. Donc elle fait ce constat. Et ce constat, ça devient maintenant sa responsabilité. Cette sortie qu'elle a qu'elle a faite, eh bien cela donne une obligation de résultat de sa part.»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC
Amélie Oudéa-Castéra affirme avoir transféré ses enfants du public au privé en raison de l’absentéisme des enseignants. Simple maladresse excusable, ou méconnaissance coupable des dossiers de l’Éducation nationale ?
 
Maxime Reppert, le vice-président national du SNALC (syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur), réagit sur france info dans le 12/13 info, samedi 13 janvier, sur la récente sortie de la ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra.

France info – Julien Benedetto

On accueille Maxime Reppert. Bonjour, vous êtes vice-président du SNALC, syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur. Merci beaucoup d’être avec nous. On va d’abord revenir sur ses propos d’Amélie Oudea-Castéra qui affirme avoir transféré ses enfants du public au privé à cause, dit-elle, de l’absentéisme des enseignants. Selon vous, c’est une simple maladresse excusable ou, comme beaucoup d’enseignants le disent déjà depuis ce matin, une méconnaissance coupable en quelque sorte ?

SNALC – Maxime Reppert

Bonjour. En tous les cas, une chose est sûre, c’est qu’elle fait un constat que nous partageons tous, et qui n’est pas de la responsabilité des enseignants, notamment pour des raisons de santé – mais ça, ça a été dit il y a quelques minutes – et tout simplement parce qu’il y a une pénurie. Pénurie causée en grande partie par une politique éducative menée depuis des années. Je rappelle quand même que depuis 2017, et même avant, on assistait chaque année à des suppressions de poste qui dégradaient un petit peu plus le métier d’enseignant. Aujourd’hui, le résultat n’est pas une surprise. On ne trouve plus de prof, on n’arrive pas assez à recruter, le métier n’attire plus. Donc elle fait ce constat. Et ce constat, ça devient maintenant sa responsabilité. Cette sortie qu’elle a qu’elle a faite, eh bien cela donne une obligation de résultat de sa part. Il va lui falloir s’atteler justement à essayer d’améliorer l’attractivité du métier en prenant des décisions fortes et sérieuses.

France info – Julien Benedetto

Alors elle subit de nombreuses critiques depuis ses propos hier. Est-ce que vous diriez que ça part mal ? On sait qu’elle doit rencontrer plusieurs syndicats dès lundi matin…

SNALC – Maxime Reppert

Oui, d’ailleurs j’aurai l’occasion de la rencontrer très bientôt également en tant que représentant du SNALC. Effectivement, cette sortie est malheureuse. Maintenant, les choix personnels qu’elle fait ne nous concernent pas. Mettre son son enfant dans le privé, c’est c’est son choix propre, en tant que maman.  

France info – Julien Benedetto

Alors justement quand on est ministre de l’éducation nationale, est-ce qu’on doit selon vous scolariser ses enfants dans le public ?

SNALC – Maxime Reppert

Est-ce qu’on se pose la question, par exemple, si tous les élus du maire au premier ministre, voire au président, devaient mettre leur enfant dans le public parce qu’ils sont des élus ?… Nous ne sommes pas intéressés par ce genre de polémique au niveau du SNALC, nous sommes avant tout intéressés par les politiques éducatives qui sont menées. On n’est pas dans des histoires de personnes ou polémique, nous sommes plutôt attentifs aux actes.

Franceinfo – Julien Benedetto

Vous nous dites que vous allez la rencontrer prochainement. Qu’est-ce que vous allez lui dire ?

SNALC – Maxime Reppert

Nous allons lui faire part de nos vives préoccupations, nous allons également évoquer la question des annonces et chantiers initiés par son prédécesseur Gabriel Attal et naturellement lui faire part de nos positions. Il y a quand même urgence, il y a cette pénurie d’enseignants évoquée il y a quelques instants, mais aussi un climat d’insécurité de plus en plus oppressant qui fait qu’aujourd’hui, le métier d’enseignant, en plus d’être un métier en crise, devient un métier à risque. Et ça, c’est quelque chose d’inacceptable d’intolérable.

France info – Julien Benedetto

Sur l’absentéisme des enseignants, un problème qui a été soulevé par Amélie Oudéa-Castéra hier, dans le public, est-ce que vous diriez que c’est uniquement un problème de pénurie, de manque d’effectif ? ou il y a aussi un problème d’organisation générale dans l’éducation nationale ?

SNALC – Maxime Reppert

Il y a un problème de pénurie. C’est le problème majeur. Quand on parle du temps de travail des enseignants, il y a plusieurs enquêtes qui ont été menées, notamment par la DEPP, qui évaluent le temps hebdomadaire moyen d’un professeur à 40 heures hebdomadaires. Vous voyez déjà qu’on est bien au-delà des 35 heures. Donc, ce n’est pas ça, c’est qu’il n’y a pas assez de personnes tout simplement parce que les conditions sont dégradées, parce que le métier n’attire plus, ne fait plus rêver, et tout simplement parce que, à l’heure où je vous parle, il y a aussi un certain nombre de collègues qui décident de partir de l’éducation nationale.

Franceinfo – Julien Benedetto

Pardon mais on constate aussi que certains enseignants participent à des formations pendant leurs heures de cours. Est-ce qu’il n’y a pas quand même un problème sur sur ce point précis par exemple ?

SNALC – Maxime Reppert

C’est parce que derrière il n’y a personne pour les remplacer quand ils sont en formation. Si vous aviez plus d’enseignants, automatiquement, lorsque certains doivent partir en formation, ou pour des jurys, ou pour des réunions pédagogiques, eh bien ils pourraient être remplacés par d’autres. Or, actuellement, ce n’est pas le cas.

Franceinfo – Julien Benedetto

Le pacte enseignant a été mis en place par le gouvernement. Le principe est que certains enseignants peuvent remplacer leurs collègues absents, y compris parfois dans des matières qui ne sont pas les leurs. Selon Gabriel Attal, un quart des enseignants ont signé ce pacte. Qu’est-ce qu’on peut en dire ce midi ? Ca ne marche pas ce dispositif ?

SNALC – Maxime Reppert

On peut dire que ça ne marche pas, parce que d’une part, enseigner d’autres matières que la sienne, moi j’appelle ça une forme de déprofessionnalisation du métier. Ca c’est le premier point. Et puis le deuxième, c’est que “travailler plus pour gagner plus”, c’est pas ce que nous attendons au niveau du SNALC. Au SNALC, ce que nous attendons, c’est une véritable revalorisation salariale, et même un rattrapage salarial, eu égard à l’inflation, et eu égard à la baisse très forte du pouvoir d’achat depuis plusieurs décennies. Donc, à un moment donné, il ne faut pas prendre des mesurettes, mais des mesures. Il faut se retrousser les manches et proposer des solutions efficaces. Parce que là, en l’état, ça ne l’est pas.

Franceinfo – Julien Benedetto

Est-ce que vous ne craignez pas que ces propos de la ministre de l’éducation nationale hier alimentent une guéguerre entre le public et le privé ? Il y a d’ailleurs plusieurs enseignants du public qui sont montés au créneau ce matin pour défendre la qualité de l’enseignement public.

SNALC – Maxime Reppert

De toutes les façons, au SNALC, nous croyons naturellement à l’enseignement public, et nous ferons tout pour proposer des mesures afin d’améliorer le service public. Mais il ne faut pas opposer l’enseignement public et l’enseignement privé, d’autant qu’il est question ici d’enseignement privé sous contrat. Ce serait une erreur, une faute, une méconnaissance que d’opposer les deux. Il est évident que dans l’enseignement privé, il y a des problématiques communes partagées avec le public, et également des différences. Mais ce ne sont pas deux mondes qui doivent s’opposer.

Franceinfo – Julien Benedetto

Merci beaucoup, Maxime Reppert, d’avoir répondu à nos questions dans le 12.13 Info ce midi.

« Nous ne sommes pas intéressés par ce genre de polémique au niveau du SNALC, nous sommes avant tout intéressés par les politiques éducatives qui sont menées.»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC