Le 12 mars dernier, le SNALC a participé à une audience multilatérale sur le harcèlement au ministère de l’Éducation nationale. Cette réunion, en plus de la présentation des résultats de l’enquête statistique (voir aussi cet article) avait pour objet de dresser un bilan de la formation pHARe.
À cette occasion, le ministère a indiqué que 63 107 personnes avaient déjà été formées avant la généralisation de pHARe et que depuis la rentrée 2023, l’objectif était de toucher tout le monde. Des formations en présentiel dans les établissements nous ont donc été annoncées, complétant les formations en distanciel déjà entreprises. Le SNALC attend de voir et s’est à cette occasion fait le relais des nombreux collègues qui soulignent les défauts de la formation pHARe.
Rappelons qu’il est illusoire d’attendre d’une formation en ligne qu’elle aille plus loin qu’une simple sensibilisation. Concernant le contenu, le SNALC s’interroge et interpelle le ministère sur des formulations lues dans le parcours m@gistère(1) telles que : « rappeler enfin le rôle protecteur de l’établissement ainsi que la mobilisation de tous les acteurs pour assurer ce rôle. » En effet, si ce rappel semble de bon sens, la charge à supporter par les collègues et les attentes des parents pourraient s’avérer démesurées. Ainsi, il n’est pas inutile de souligner que la mission de l’école est avant tout d’alerter en cas de problème : la communauté éducative ne saurait se substituer aux parents et à la justice. Il est particulièrement dangereux de laisser croire aux parents que l’Éducation nationale pourra régler des problèmes parfois bien plus profonds qu’il n’y paraît.
Un autre point générant beaucoup de souffrance chez les collègues concerne les relations avec les parents d’élèves dans ce type d’affaires. À ce sujet, le protocole du plan pHARe précise : « Les entretiens relèvent de règles précises : la méthode d’entretien est la même pour la victime, le(s) témoin(s) et le(s) auteur(s), mais également les parents. » Cette formulation place d’emblée les collègues en difficulté tout en soulignant l’angle mort de pHARe : la formation à l’accueil de la parole des enfants et des parents en souffrance. Il s’agit pourtant là d’un geste professionnel que l’on confie aux collègues sans la moindre formation préalable. Le SNALC a alerté le ministère sur ce point. Il nous a été répondu que cela devrait évoluer.
Enfin, les retours du terrain comme notre demande sont clairs : il est nécessaire que les collègues impliqués dans le dispositif bénéficient d’un temps institutionnalisé afin d’intervenir, mais aussi de se réunir pour perfectionner leurs pratiques par des retour d’expériences où ils pourraient être accompagnés par des acteurs médico-sociaux
[1] « Prévenir et lutter contre le harcèlement à l’école »
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1488