Le Ministère de l’Éducation nationale est entré dans une logique de « pilotage par l’évaluation ». L’expression est plutôt absconse. Ce qui se cache derrière porte un double danger.
Évaluations nationales
Le choix ministériel d’évaluer les élèves à tous les niveaux de leur scolarité est justifié par l’administration de trois manières. Il s’agit de mieux suivre la scolarité des élèves, tout en disposant de données quant à l’efficacité des politiques éducatives dans une volonté de mieux piloter le système.
En fait, le suivi de la scolarité des élèves, par ce biais, est inutile car – peut-être le Ministère n’est-il pas au courant – les professeurs évaluent leurs élèves tout au long de l’année scolaire. La donnée statistique est intéressante pour connaître notre système. Quant à la question du pilotage, elle est une arme très dangereuse. En effet, en se basant sur les évaluations nationales, chaque recteur va pouvoir envoyer des inspecteurs dans les établissements où les résultats seraient en-deçà de ceux des autres, pour promouvoir les bonnes pratiques pédagogiques et corriger ce qui ne va pas.
Comprenons bien, le terme pilotage porte bien une volonté de limiter la liberté pédagogique et les évaluations nationales participent de cette volonté.
Évaluations d’établissement
Ces évaluations ont dérangé, voire heurté, car elles sont chronophages, invasives et ressenties comme inutiles. En réalité, elles sont pires qu’inutiles : elles sont dangereuses.
En effet, elles sont faites pour aboutir à la rédaction d’un nouveau projet d’établissement. Or, ne l’oublions pas, l’article L.912-1-1 du Code de l’éducation pose deux limites à la liberté pédagogique des professeurs : les programmes et instruction officielles d’une part et le projet d’établissement d’autre part.
Donc, le SNALC ne peut que vous conseiller d’être vigilants lors de ces évaluations et surtout lors de la rédaction du projet d’établissement qui la suit. Très souvent, les évaluations sont orientées pour introduire des dispositifs et contraintes pédagogiques dans les projets d’établissement. Ne laissez pas faire cela car tout ce qui y figurera vous obligera.
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491 du 12 juillet 2024