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Être professeur en 2024

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Dossier du mois de la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1493 du 4 octobre 2024.

Dossier rédigé par Sébastien VIEILLE, secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie ; avec la contribution de Sylvie CHIARIGLIONE, membre du Bureau national du SNALC

Au menu dans ce dossier...

Être professeur en 2024

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Nous sommes 725 200 dans l’enseignement public. 141 300 dans le privé sous contrat, soit 866 500 personnalités potentiellement très différentes. Mais que nous soyons agrégés, certifiés, PLP, PEPS, professeurs des écoles, maîtres du privé, instituteurs, que nous soyons titulaires, contractuels, maîtres auxiliaires ou vacataires, nous exerçons – à quelques variations près liées principalement au niveau où chacun enseigne, au niveau social ou aux acquis des élèves – le même métier.

Quel est donc l’essence, le cœur de ce métier au-delà de nos différences et de la manière nécessairement subjective de l’appréhender ? Malgré l’apparente simplicité de la question, la réponse ne va pas de soi et relève même du débat de fond opposant de manière récurrente le SNALC et le ministère, mais aussi le SNALC et d’autres organisations syndicales.

Ce dossier du mois se propose donc d’esquisser le portrait de l’enseignant idéal selon le ministère et selon d’autres acteurs de l’éducation avant de préciser ce que le terme « professeur » signifie pour le SNALC.

Si vous êtes en accord avec cette vision du métier, vous êtes bien au SNALC ! N’hésitez pas à faire lire ce dossier aux collègues qui pourraient partager notre analyse. Bonne lecture !

« Le métier, il a changé »

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Excusez ce titre emprunté à un joueur de football qui a déposé l’expression concernant son sport. Elle s’applique tellement à notre profession qu’il ne saurait nous tenir rigueur de cet emprunt approximatif.

Certains, parfois considérés comme des dinosaures par leurs pairs, se souviennent sans doute de l’époque – pas si lointaine – où le professeur préparait ses cours, enseignait sa discipline, évaluait les élèves et participait à leur orientation via le conseil de classe.

Or, les missions du professeur se sont largement alourdies Il suffit pour s’en convaincre de lire le « référentiel métier »[1] ou de s’intéresser aux évolutions récentes apportées par les textes réglementaires.

Ainsi, l’accompagnement du parcours de l’élève échoit désormais à tous. En témoigne la note de service[2] sur le rôle du professeur principal. Ce n’est plus lui qui est le référent chargé de suivre le parcours de l’élève, mais l’ensemble de l’équipe.

La possibilité depuis le décret 2021-954 du 19 juillet 2021 de nommer au lycée des professeurs référents plutôt qu’un professeur principal et de développer le mentorat s’inscrit dans cette logique. Il n’est pas interdit de faire le lien entre ces nouveaux dispositifs et la difficulté croissante de recruter des psy-EN, voire des professeurs principaux dont la prime paraît bien symbolique au regard de la charge de travail requise…

En y regardant bien, le cœur du métier n’arrive que tard dans la liste des compétences attendues chez un professeur. Ainsi, faire partager les valeurs de la République et inscrire son action dans le cadre réglementaire de l’école semblent prioritaires. Le SNALC partage évidemment ces objectifs, mais estime que la qualité d’un cours, et donc d’un professeur, se mesure aux connaissances que les élèves ont acquises, aux progrès réalisés. Et ce sont ces connaissances qui permettent au citoyen de se former. L’ordre des priorités n’est donc pas le même et ce n’est pas un détail pour nous


[1] https://www.education.gouv.fr/le-referentiel-de-competences-des-metiers-du-professorat-et-de-l-education-5753
[2] https://www.education.gouv.fr/bo/18/Hebdo33/MENE1823888C.htm

L’important, c’est le collectif !

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Quel amateur de sport n’a pas entendu cette phrase lors de l’interview d’un sportif (parfois même dans les sports individuels) ? Si le SNALC file la métaphore sportive, ce n’est pas innocent. Depuis le Grenelle de l’Éducation, à chaque fois que le ministère entend promouvoir l’idée des collectifs de travail, il invite un sportif renommé pour faire la promotion de ce thème. Lors du Grenelle, ce fut Raphaël Ibañez ; d’autres ont suivi. Mais qu’entend donc le ministère par cette expression sympathique ?

Les promoteurs de ce fonctionnement, dans les bureaux ministériels ou dans d’autres organisations, semblent ne pas supporter l’idée qu’un professeur aime travailler seul et s’épanouisse dans des recherches et préparations très personnelles ou dans sa relation avec sa ou ses classes. Le professeur indépendant serait-il un mauvais professionnel ? En tout cas, la notion de démarche collective fait désormais partie du référentiel métier. C’est aussi ce qui sous-tend la mise en place des groupes et des alignements au collège. Au ministère, certains – à l’IH2EF, qui forme les personnels de direction, par exemple – en sont même fiers.

Bien sûr, le SNALC l’a déjà dit, si notre syndicat n’a rien contre le travail collectif, l’imposition de ce mode de fonctionnement à tous est inacceptable. Et cette vision collectiviste ne reste pas circonscrite à la salle des professeurs. Il y a, dans les collectifs de travail, un aspect encore plus dérangeant.

Ainsi, dans le référentiel de compétences, en plus de coopérer au sein d’une équipe, l’enseignant doit coopérer avec les partenaires de l’école. Cette considération se retrouve dans les évaluations d’établissement, la création du bureau des entreprises, les stages de seconde…

Pour le SNALC, qui n’a rien contre la réussite professionnelle future des élèves, et qui demande que les heures d’orientation existent réellement et soient assurées par des professionnels dûment formés, l’introduction forcée de ces collectifs élargis dans la sphère pédagogique n’a aucun intérêt et vient rogner du temps qui devrait être dédié à l’enseignement.

« Moi, je suis professeur de réunions »

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Dans la logique des collectifs pédagogiques, le bon professeur est celui qui sait s’investir dans les différentes réunions devenues si importantes.

Tout récemment, le Ministère, grâce à la réforme des groupes de niveau/besoin, a encore innové avec les réunions entre professeurs de français ou entre professeurs de mathématiques au collège. En début d’année pour faire les groupes, durant l’année pour être bien sûrs d’avoir la même progression et ensuite pour défaire et refaire les groupes. Faire et défaire, c’est toujours travailler ! Après avoir pratiqué en sixième et cinquième, il est prévu d’étendre ce brillant dispositif à tous les niveaux. Bref, chaque nouvelle réforme semble avoir pour objectifs d’ajouter de nouvelles réunions.

La précédente réforme du collège avait ainsi vu émerger les EPI qui demandaient de la concertation. Ont suivi des dispositifs comme la liaison école-collège, la liaison collège-lycée et la fameuse liaison Bac-3-Bac+3. Autant de liaisons dangereuses pour notre temps et notre santé mentale et dont l’effet sur la réussite des élèves reste largement à prouver !

Malheureusement, cette maladie du système scolaire ne s’arrête pas là. Pêle-mêle, parmi les innovations chronophages et inutiles, il est possible de citer les évaluations d’établissement, qui voient des groupes de travail plancher sur des sujets souvent abscons et effectuer des propositions qui, si elles ne vont pas dans le sens de ce qui est attendu, resteront lettre morte, ou l’utilisation des deux demi-journées de solidarité pour faire un deuxième jour de pré-rentrée afin d’allonger les conseils d’enseignement ou de faire d’autres groupes de travail souvent inintéressants. On trouve même des lycées où, pour pallier l’impossibilité de tenir des conseils de classe avec tous les professeurs étant donné le nombre de spécialités dans une même classe, on en vient à organiser des pré-conseils de spécialités pour qu’ensuite le vrai conseil ne se tienne qu’en comité restreint.

L’inflation de réunions résulte aussi du développement mal maîtrisé d’une école inclusive reposant essentiellement sur les épaules des professeurs. PAI, PPS, PPRE Gevasco, ESS… autant de sigles qui se traduisent par des heures de travail dont on peut légitimement s’interroger sur leur rapport avec le cœur de métier.

Certains personnels encadrants et penseurs de notre Ministère semblent considérer que les professeurs ne travaillent pas assez. Mais n’y a-t-il pas une certaine perversité à ajouter indéfiniment de nouvelles missions voire à faire brasser de l’air aux professeurs pour leur faire mériter leur (mirifique) traitement ?

La machine à projets ?

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Le SNALC ne manque pas de considération pour l’innovation pédagogique, pourvu qu’elle ait un sens, réponde à des besoins identifiés et non à des lubies de technocrates alimentant la surenchère d’inventions que leurs postes en haut lieu supposent qu’ils produisent. Faut-il vraiment que pour impressionner leur galerie, ils dispersent, dans les académies, des appels à projets déjantés assortis de missions et de pactes, de promesses de tralala médiatique et de reconnaissance éternelle de l’institution ?

Le SNALC entend que toute nouveauté impulse un changement qui contribue à une transformation du lieu d’apprentissage et résulte en une plus-value pour l’établissement grâce aux valeurs partagées lors de la mise en œuvre de l’ouvrage innovant – là sont, pour le Ministère, les 4 mamelles de l’innovation pédagogique. Mais le projet créateur ne doit pas occuper tout l’espace vital d’un établissement au risque d’étouffer ceux qui, dans le secret de leur salle de classe, espèrent tout simplement et légitimement faire cours, ce qui peut aussi relever de l’exploit novateur selon le lieu où l’on se trouve.

Le SNALC constate par ailleurs que les projets vont jusqu’à contribuer à l’absentéisme des élèves. Parfois, selon les caractéristiques de mise en œuvre de certaines actions, les élèves n’ayant pas le don d’ubiquité sont amenés à manquer de manière récurrente pour honorer les contrats d’objectifs. Ainsi, ils peuvent être excusés sur plusieurs cours qui n’ont aucun rapport avec celui de l’enseignant qui conduit le projet. S’agit-il ici de déshabiller Paul pour habiller Jacques, sachant que peu d’élèves peuvent se targuer d’avoir bien chaud intellectuellement au point de pouvoir se passer d’une classique salle de classe et de son contenu ?

Le SNALC exhorte le ministère à réaliser qu’une incessante pédagogie de projets, aussi bien ficelée soit-elle, ne permettra jamais d’honorer l’intégralité des programmes car on ne peut pas toujours transformer le monde en une immense salle de classe. Il faut aussi s’intéresser aux connaissances transmises dans la salle de classe car elles sont le seul vrai gage permettant d’élever vers un statut de citoyen conscient et capable de s’intégrer dans la société.

Une donnée dans un tableur

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C’est un sentiment de plus en plus largement partagé dans les salles des professeurs. Le traitement des personnels dans le cadre du mouvement ou des promotions, mais aussi l’allocation de moyens dans les établissements en sont sans doute la cause. Le professeur est déshumanisé et sa valeur professionnelle n’entre pas en ligne de compte. Il est une ligne dans un tableur qui occupe un poste, encadre un certain nombre d’élèves et représente un coût.

C’est la logique qui prévaut dans les rapports de la cour des Comptes ou autre Inspection des finances. Le dernier rapport conjoint de l’IGÉSR et de l’IF[1] rendu public le 4 septembre dernier étudie différents scénarios pour tirer profit de la baisse démographique attendue et réaliser des économies. Fermeture de classes relèvement du seuil de dédoublement des classes de CP, réorganisations territoriales, toutes les pistes envisagées ont un objectif : économiser des ETP (équivalents temps plein), soit des professeurs.

Or, si le SNALC ne conteste pas la légitimité d’un contrôle des dépenses publiques, il s’inquiète néanmoins du glissement qui consisterait à considérer « la ressource enseignante » sous son seul aspect quantitatif en négligeant la qualité du service rendu.

À bien y réfléchir, cette vision est parfaitement en cohérence avec l’une des évolutions introduites par le pacte : le remplacement de courte durée (RCD). En effet, pour remplacer un professeur de mathématiques absent, il n’est nul besoin de disposer d’un professeur de mathématiques. N’importe quel professeur peut faire l’affaire, et même s’il n’a pas la classe habituellement. En l’absence de professeur, une salle avec des ordinateurs et l’encadrement d’un AED paraissent tout aussi adaptés. Il est évident que la qualité d’un professeur, dans ce contexte, n’a rien à voir avec son enseignement. Il doit être là, face aux élèves, quoi qu’il fasse. Certains appellent cela la « garderie nationale ».

Les conséquences d’une telle vision ne se sont pas fait attendre. Désormais, il n’est plus question de rater une heure de cours pour se former. Améliorer la qualité de l’enseignement – si tant est que les formations aboutissent toutes à cela – n’est plus du tout un sujet pertinent. Seule compte la présence du moyen d’enseignement face à l’élève. La qualité importe si peu que, malgré les alertes, les embauches en speed-dating, avec à peine quatre jours de formation, sont presque devenues une norme fortement installée sur l’ensemble du territoire.


[1] Revue des dépenses dispositifs en faveur de la jeunesse : https://www.education.gouv.fr/revue-de-depenses-dispositifs-en-faveur-de-la-jeunesse-415289

Une ingénierie spéciale

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Dans les réunions ministérielles, il n’est pas rare que l’expression flatteuse d’ « ingénierie pédagogique » s’invite dans la conversation, de part et d’autre de la table des négociations d’ailleurs. En effet, l’enseignant peut être considéré comme un « ingénieur pédagogique » dans le sens où il crée, utilise et parfois expérimente des techniques d’enseignement ou des supports pédagogiques.

Cependant, son emploi par le ministère doit être regardé d’un peu plus près. En effet, il y a peu de chances pour que l’idée soit seulement d’insister sur la sympathique étymologie du terme « ingénieur » ou sur l’opportunité de proposer aux professeurs des salaires en rapport avec leur niveau d’étude. En revanche, il n’est pas interdit de supposer qu’employeur et recruteur, le ministère propose ainsi une fiche de poste et un environnement de travail venant du monde de l’entreprise. Le propos est un peu moins vendeur. Dans cette perspective, l’ingénierie pédagogique ressemble davantage à un processus RH consistant à former les personnels en interne selon les besoins de l’entreprise pour améliorer sa performance.

La demande très moderne adressée aux professeurs de s’inscrire dans une démarche de projet au sein de la classe, de l’établissement, avec les partenaires de l’École, est tout à fait cohérente avec cette vision. Or, le professeur ne forme pas les élèves pour les besoins d’une entreprise, fût-elle l’entreprise France.

Est-ce seulement une querelle sémantique ? Derrière l’expression « ingénieur », c’est toute la hiérarchie de l’entreprise qui entre ainsi à l’école : « manager », « chef de service », « chef de projet » … Difficile d’ignorer que les mêmes qui présentent au ministère l’enseignant comme un ingénieur, considèrent le chef d’établissement comme un pilote et un leader pédagogique. Le glissement n’est pas loin de l’ingénieur pédagogique à l’exécutant de tâches et de projets pilotés par le chef.

« C’est un bon prof, il est sympa »

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Nous avons tous entendu cette phrase, nous qualifiant ou en référence à un collègue. Cela fait plaisir, c’est vrai, car elle traduit le courant qui passe entre un enseignant et ses élèves.

Elle pose néanmoins question quant aux intentions du locuteur. S’il fallait écrire cette phrase utiliserait-on une virgule ou deux points après « bon prof » ? Autrement dit, le fait d’être un prof sympa est-il une qualité accessoire du bon prof, ou en est-ce l’essence même ?

Si le ministère s’attache chaque jour davantage à ramener la qualité d’un professeur à sa maîtrise des compétences psycho-sociales pour tâcher de masquer le déficit de personnels dotés d’une très bonne connaissance de leur discipline, le SNALC ne peut pas être d’accord.

Combien de fois ai-je répondu à un élève me lançant « Vous n’êtes pas sympa, vous ne nous aimez pas » qu’effectivement je ne suis pas payé pour les aimer ? J’ajoute ensuite pour faire bonne mesure que je ne suis pas là non plus pour les détester, mais pour enseigner et les faire progresser.

Évidemment, l’empathie pour les élèves, la capacité à entretenir un climat serein et une bonne ambiance dans la salle de classe participent de l’acte d’enseigner. Être dans le conflit ou l’autoritarisme ne fonctionne plus avec les générations que nous connaissons. Il faut faire autorité par la maîtrise de son sujet et être capable de transmettre dans une atmosphère qui donne envie d’apprendre.

Le vrai problème concernant cette expression qui met l’accent sur le côté sympa du professeur est l’inversion des priorités. Le SNALC ne conçoit pas le professeur comme un tortionnaire. Mais il ne le voit certainement pas comme un Gentil Organisateur, présent uniquement pour que les enfants – dans ce paradigme, il ne peut être question d’élèves – se sentent bien et soient heureux.

Qu’ils se sentent bien en classe est un moyen de faire passer l’enseignement, pas une fin en soi.

Le professeur selon le SNALC

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Nous ne saurions nous contenter de dénoncer les dérives qu’a connues la définition du métier ces dernières décennies. Il serait trop facile en effet d’affirmer que l’institution a transformé et abîmé notre profession sans proposer notre propre analyse. Nous avons d’ailleurs déjà esquissé, en creux le portrait du professeur selon le SNALC, en opposition à d’autres visions qualifiées de modernes.

Au risque de paraître un tantinet réactionnaire, le SNALC considère donc avant tout le professeur comme un expert de sa discipline, transmettant des connaissances dans le respect des programmes et exerçant sa liberté pédagogique. Les objectifs imposés ne l’empêchent pas d’utiliser son intelligence, sa créativité et d’exprimer sa personnalité.  Le rapport personnel avec les classes est un élément essentiel du métier tout comme la conception et l’organisation des cours. Quel intérêt y aurait-il en effet à transmettre des contenus standardisés à base de progressions communes imposées ?

Pour le SNALC, l’esprit critique, l’indépendance d’esprit et, pourquoi pas, l’anticonformisme sont des qualités du professeur (peu valorisées il est vrai dans le référentiel métier !) qui instruit ses élèves et a plaisir à enseigner.

Le plaisir d’enseigner suppose aussi que le professeur bénéficie de conditions favorables. La tenue de la classe est un facteur déterminant certes, mais l’institution et la hiérarchie sont aussi responsables de l’instauration d’un climat propice et serein. Citons quelques pistes d’amélioration : soutenir le professeur en difficulté et ne pas saper son autorité contribueraient déjà à un plus grand respect de l’enseignant. Ne pas surcharger les classes améliorerait son quotidien. Augmenter les traitements enfin, dans une société encline à corréler prestige et feuille de paie, redorerait le blason d’une profession de moins en moins considérée.

Le SNALC appelle le ministère à remettre le professeur au centre du système et à lui accorder du crédit – en tenant compte de son avis sur les réformes par exemple –, en le considérant avant tout comme une figure d’autorité et d’érudition. À cet égard, son degré d’empathie, sa faculté à conduire des projets, son sens du collectif ou son aptitude à supporter des heures de réunions ne devraient plus constituer des prérequis incontournables à l’exercice du métier ou des éléments déterminants pour décider d’une promotion.

Le professeur n’est pas un « ingénieur pédagogique », ni un psychologue, ni un éducateur spécialisé, mais s’il faut recourir à des comparaisons, plutôt un intellectuel, un artisan, parfois un acteur. Et surtout, il doit pouvoir instruire et élever dans le sens noble du terme. C’est en tout cas cette vision ambitieuse et stimulante du métier que le SNALC porte dans toutes les instances.