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Être personnel de direction en 2023 : un sacerdoce ?

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Combien d’entre nous se sont-ils jamais posés la question de devenir personnel de direction ? Les modalités d’accès sont diverses pour ne pas dire facilitées : concours, liste d’aptitude, détachement. Autant de façons différentes d’appréhender une profession qui, comme tous les métiers de l’Éducation nationale, est riche de sens, passionnante et, hélas, bien souvent trop peu considérée, mal payée et chronophage. Ajoutez à cela que les actualités regorgent de situations où les chefs d’établissement et leurs équipes sont pointés du doigt, désignés coupables des défaillances d’un système dont ils peinent à mettre en œuvre toutes les « subtilités ». Parvenir à concilier les exigences voire les injonctions institutionnelles avec la réalité du terrain relève d’un exercice digne d’un funambule.

Pourtant, les annonces du nouveau ministre amènent à espérer que cet état de fait que le SNALC dénonce depuis trop longtemps puisse évoluer favorablement. Par exemple, le respect de la laïcité et des valeurs de la République constitue une lutte quasi-quotidienne dans certains territoires nationaux. Les collègues syndiqués au SNALC font état de situations de pression intenables. Dans un tel contexte, le SNALC attend avec impatience la diffusion prochaine (avant la rentrée de ce 1er septembre ?) d’une circulaire ministérielle pour cadrer le port de tenues vestimentaires à caractère religieux ou politique. Le SNALC espère de ce texte un cadrage national fort sans ambigüité, dans le prolongement de la loi de 2004. C’est la condition sine qua non pour que cesse la remise en question de décisions locales, la médiatisation de situations et le recours à un arbitrage hiérarchique quand il n’est pas juridique. Les collègues personnels de direction expriment leur lassitude face à des situations où leurs décisions sont trop souvent contestées, voire cassées.

La vigilance s’impose aussi sur un sujet grave comme celui du harcèlement dont le ministre Gabriel Attal a annoncé qu’il ferait une de ses priorités. C’est un chantier que le SNALC suivra avec attention.

Être personnel de direction en 2023, c’est aussi être garant de la transmission des savoirs, d’un savoir ouvert, libre qui garantisse l’épanouissement, le bon développement des jeunes qui nous sont confiés. Dans cette perspective, la reconquête de la fin de l’année scolaire avec le report en juin des épreuves de spécialités correspond à une attente forte du SNALC. Il n’en reste pas moins que le sujet des options au lycée, peu valorisées dans le cadre du nouveau bac, l’absence de moyens horaires pour préparer les épreuves orales au collège dans le cadre du DNB, ou au lycée pour le grand oral, restent des sujets sur lesquels le SNALC attend des avancées.

Dans le même ordre d’idée, la crise du recrutement, le manque d’attractivité de nos métiers, la mise en œuvre du Pacte inquiètent le SNALC. La préparation de rentrée ressemble de plus en plus à un parcours du combattant : le BMP («Bloc moyen provisoire ») temps plein attendu est remplacé par deux stagiaires mi-temps, qu’il convient de libérer sur les mêmes demi-journées : allez, on ajuste ! Tel professeur a fait une demande de rupture conventionnelle avec un avis favorable en mai ? Les services ne valident finalement pas fin août : ce professeur reviendra-t-il ou pas ? Il faut organiser un recrutement d’urgence sur un poste spécifique à 4 jours de la rentrée… L’intervention des professeurs du 1er degré dans le cadre de l’heure de soutien et d’approfondissement du Pacte ne peut se faire que le mercredi en fin de matinée pour des raisons de compatibilités horaires. Il faut donc que la logique organisationnelle globale de l’établissement s’adapte à cela… Et le personnel de direction explique, dialogue et tente toujours d’arranger l’ensemble de ses équipes, quand bien même le texte, à l’origine de ces problématiques, semble ignorer le fonctionnement réel de l’établissement.

Être personnel de direction en 2023, c’est aussi avoir une certaine aptitude à l’amnésie pour ne pas s’user prématurément à faire et à défaire des réformes, à être un temps, celui du covid notamment, un manager à la pagaie, pour redevenir aujourd’hui, selon les mots du ministre, les « pilotes pédagogiques » de nos établissements respectifs.

Il n’est peut-être ni si loin, ni si inaccessible ce temps où Jean ZAY affirmait que : « les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas » (circulaire du 31 décembre 1936)

En tout cas, à tous et à toutes, nous souhaitons une belle rentrée, une belle année scolaire ; sachez que vous pouvez compter sur l’engagement du SNALC pour défendre notre profession.