Récemment interrogé sur sa présence à la coupe de monde de football au Qatar, E. Macron a déclaré : « Je pense qu’il ne faut pas politiser le sport ». Cette déclaration est pour le moins stupéfiante venant d’un chef d’État : le sport à ce niveau est totalement politique.
LE SPORT EST UN ACTE POLITIQUE
Dès son origine, le sport était pratiqué par une élite aristocratique qui affichait ainsi des valeurs distinctives. Être sportif était un marqueur social et politique. Puis le sport s’est démocratisé s’ouvrant aux femmes, aux personnes de couleur et au plus grand nombre. Les quatre médailles d’or de Jesse Owens en 1936 aux JO de Berlin puis celles en 1968, aux JO de Mexico, de Tommie Smith, au poing noir levé, de Colette Besson sont des faits politiques qui ont transformé les mentalités, les lois et l’histoire contribuant des années plus tard à l’accès au pouvoir de Barack Obama ou d’Edith Cresson.
De même, poser un genou au sol pour des équipes, grimper sans hijab comme l’iranienne Elnaz Rekabi ou décorer des sportifs à l’Élysée sont des actes politiques.
LE SPORT EST UN OBJET POLITIQUE
La démonstration n’est plus à faire depuis 1936 où les JO de Berlin ont été conçus comme une vitrine du pouvoir du IIIe Reich. Cet effet de politicwashing est particulièrement recherché par les régimes autoritaires soucieux de redorer leur image internationale. Les JO de Moscou, de Sotchi, de Pékin, les coupes du monde de football en Italie (1934), en Argentine (1978), en Russie (2018) ou aujourd’hui au Qatar relèvent du même procédé, pleinement politique.
Politiser le sport n’est donc pas une ineptie mais une inhérence. Prétendre le contraire s’agissant de la coupe du monde au Qatar a pour seul but de préserver de la critique un éminent partenaire économique. Au contraire, cet évènement doit être pleinement perçu dans tous ses aspects : politiques, écologiques, humanitaires…
C’est une des missions des enseignants d’EPS qui ont parmi les 5 grands objectifs de leur discipline celui de «permettre l’accès à un patrimoine culturel dans lequel l’élève peut se situer en tant que pratiquant mais aussi spectateur ou critique ».
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1471 du 13 décembre 2022