16 avril 2022, déclaration du candidat Emmanuel Macron : «J’annonce que si les français me font confiance à nouveau, nous lancerons immédiatement un effort massif de purification de l’air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraite, et dans tous les bâtiments publics ! »
Près de huit mois après la déclaration du président, « l’effort massif » semble bien maigre : en France, depuis le début de la pandémie de Covid-19, le montant de l’investissement pour la qualité de l’air intérieur dans les écoles s’élève à 1,5 euros (1) par habitant ; au Pays-Bas, il s’élève à … 21 euros !
Une exception en Europe ? Regardons outre- Rhin : le gouvernement fédéral allemand prévoit 632 millions d’euros – et uniquement pour des purificateurs d’air – soit 8 euros par habitant.
Et, comme le notait le SNALC l’année dernière (2), c’est dès 2020 que les Länder (états régionaux) ont investi pour améliorer l’air dans les écoles. Ainsi, le Bade-Wurtemberg a alloué 70 millions d’euros pour les purificateurs d’air et les détecteurs de CO2. Comparons avec « l’effort massif » fourni par la France : en mai 2022, le budget dédié aux détecteurs de CO2 est évalué entre 20 et 80 millions d’euros (3) ; proportionnellement au nombre d’élèves, ce budget est entre 40 et 10 fois inférieur à ce qu’a investi l’Irlande. De plus, aucune aide n’est disponible pour les purificateurs d’air, alors que dans plus de 90 % d’entre elles (4) les seuils fixés par l’OMS pour la concentration en particules fines sont dépassés.
Pourquoi ce retard ? Souvenons-nous du déni qui a régné pendant des mois rue de Grenelle et à Ibiza : « Les enseignants font partie des catégories professionnelles les moins contaminées », affirmait encore J.-M. Blanquer en janvier de cette année.
Or, on savait déjà, au moins depuis février 2021, que les enseignants, au contraire, figurent parmi les professions les plus à risques de contracter le coronavirus (5) ; on constate aujourd’hui qu’en dehors du cas des soignants, c’est parmi les enseignants que la prévalence de Covid long est la plus importante -6).
On épargnera au lecteur un jeu de mots sur les responsables politiques qui brassent de l’air mais, pour le SNALC, le problème de l’insuffisance de l’aération dans nos établissements, constat établi de longue date (7), exige enfin des mesures concrètes, pas de simples formules politiciennes. Même si certaines emportent l’adhésion : « Ce qu’il faut, c’est un souffle nouveau ! », déclarait le candidat Emmanuel Macron, le 12 juillet 2016. On ne le lui fait pas dire.
(1). https://nousaerons.fr/documents/nousaerons_politiques_publiques_investissement.pdf
(2). https://snalc-strasbourg.fr/ppm/
(4). https://www.oqai.fr/fr/campagnes/campagne-nationale-ecoles-n01
(6). https://www.tes.com/magazine/news/general/long-covid-rising-fastest-teaching-and-education-staff
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1471 du 13 décembre 2022