Dans le contexte de la Loi Rilhac, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) a observé la mise en pratique du pilotage pédagogique des directeurs d’école sur l’année scolaire 2023-2024. Pour le SNALC, les recommandations apportées par le rapport de l’IGÉSR (1) ne vont pas dans la bonne direction.
Des directeurs engagés mais non formés
Le SNALC rappelle que les directeurs d’école, pleinement engagés dans le fonctionnement et l’organisation de leur école, mais aussi dans la réussite de tous les élèves, ont besoin d’être accompagnés et mieux formés. Cette formation doit cibler des domaines incontournables et prioritaires tels que la responsabilité juridique, la sécurité des biens et des personnes, les outils numériques, l’école inclusive et la gestion de conflit.
C’est pourquoi l’avis du SNALC diverge de celui de l’IGÉSR qui propose, en lien avec la loi Rilhac, une formation plus centrée sur le pilotage pédagogique et sur le management d’équipe à l’instar de celle des chefs d’établissement du secondaire. En procédant ainsi, l’institution ne tiendrait pas compte des besoins de formation des principaux intéressés.
Le SNALC propose de mettre l’accent sur le tutorat par les pairs – qui doit être davantage développé – et d’accorder plus de décharge d’enseignement pour permettre aux directeurs « d’avoir le temps de » et de « prendre le temps de ».
« Je cours après le temps, tout le temps, tout le temps. »
« Il faudrait un cerveau-classe et un cerveau-direction. » Comme le SNALC le souligne depuis des années, ces paroles de terrain expriment la tension quotidienne ressentie par de nombreux directeurs, tiraillés entre la responsabilité de leur classe et le devoir d’accomplir les tâches de direction avec des quotités de décharge encore et toujours insuffisantes.
L’IGÉSR précise que les freins actuels identifiés (« le manque de temps » et « l’absorption quotidienne dans des problématiques administratives ou relationnelles » entre autres) empêchent les directeurs d’assurer leur mission essentielle de pilotage pédagogique de l’école. Le SNALC va plus loin et dénonce des temps de décharge qui ressemblent plus à des temps de surcharge durant lesquels des directeurs doivent tutorer des enseignants contractuels, des professeurs stagiaires ou des contractuels alternants positionnés dans leur école quand ce n’est pas sur leur propre décharge de classe.
Un pilotage d’autorité par l’évaluation
Le décret du 14 août 2023 (2) fait passer la direction d’école du rôle de responsable pédagogique à celui de responsable du pilotage pédagogique, asseyant par là même une autorité fonctionnelle sur l’ensemble des personnels de l’école. Le SNALC réitère ses inquiétudes concernant l’autorité fonctionnelle dont les contours juridiques et le cadre institutionnel demeurent très flous. Les directeurs ne deviennent pas des supérieurs hiérarchiques, mais ils sont tenus de faire respecter les directives institutionnelles et de veiller à l’amélioration des résultats de leur école aux évaluations nationales si besoin est.
Le directeur pourra désormais utiliser une batterie d’évaluations à cet effet : tous les élèves du CP au CM2 fourniront des statistiques au directeur (et à l’IEN) pour piloter l’équipe enseignante, pour « nourrir » l’auto-évaluation d’école, mais aussi pour sa propre évaluation de directeur. Le SNALC tire la sonnette d’alarme sur « l’évaluationnite aiguë », qui apporte plus de tensions que de bienfaits et représente une pression supplémentaire sur les épaules des directeurs.
Il est certes important de venir sur le terrain pour rencontrer ceux qui tiennent l’école à bout de bras ; pour autant, les recommandations apportées par ce rapport ne vont pas dans la bonne direction. L’Inspection générale prétend avoir entendu les directeurs et directrices au sein de leur école, or ces derniers ne sont toujours pas écoutés ou compris. Le SNALC saisit le porte-voix pour s’élever contre un copier-coller du secondaire, préférant une direction d’école autonome et responsable, accompagnée d’un temps de décharge raisonnablement plus conséquent, d’une aide administrative pérenne et de qualité, d’une formation initiale et continue issue des besoins du terrain et d’une attractivité remarquable.
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1494 – École du 4 novembre 2024