Le 30 août, « en amont (paraît-il) de la rentrée scolaire », la DGESCO conviait les organisations syndicales à un échange sur la Charte pour l’éducation à la culture et à la citoyenneté numériques : un traité des bonnes manières online en trois axes sortis du chapeau des magiciens de la DGESCO et de la DNE, inscrit dans la continuité des décisions du Conseil de l’Europe, du Grenelle et des États généraux du numérique, inspiré des travaux du CLEMI, de la CNIL et de l’ARCOM, présenté comme évolutif au gré des constatations de l’année scolaire mais publiable d’ores et déjà à l’intention de toute la communauté éducative….
Si les contours de cette charte nous ont vite paru trop flous pour être viables sur le terrain, nous y avons cependant reconnu les ingrédients alléchants de l’Eldorado virtuel qui se cache derrière son petit doigt : une culture numérique permet d’exercer son statut de citoyen, le numérique augmente le pouvoir d’agir, contribue au développement de la pensée critique, est un espace de droits, fait vivre les valeurs qui fondent notre société démocratique, les écrans peuvent jouer un rôle constructif dans le développement des élèves, il contribue au développement de connaissances éco-citoyennes.
Le SNALC n’est en aucun cas technophobe. Cependant, est-il besoin d’enjoliver à ce point dans un texte qui a vocation à raisonner nos pratiques quotidiennes, un outil que l’on sait être aussi très sournois ?
Le SNALC a proposé une série d’amendements : « la communauté éducative doit apprendre aux élèves à respecter autrui et à ne pas accepter les comportements déplacés sur le web » quand la charte prévoit, dans ce cas, d’inciter les élèves à la simple délation. « Le droit à la déconnexion et ses enjeux en termes de santé et de respect de l’autre doivent être enseignés », « le numérique présente des risques », « il faut prévenir les addictions qu’il peut engendrer » : la Charte n’en faisait pas état.
Pour le SNALC, la notion de citoyenneté numérique n’est pas à prendre à la légère. Ainsi, il n’est pas concevable que les efforts déployés à l’évoquer depuis des mois se soldent par un grand vide sur papier.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1469 du 7 octobre 2022