Depuis de nombreuses années, notre institution s’est trouvé deux passions : créer des comités ou des conseils et limiter la liberté pédagogique des professeurs. Elle vient d’inventer un joujou extra qui satisfera ses deux penchants : le conseil académique des savoirs fondamentaux (CASF) (1).
UN QUANTIÈME MACHIN
De la composition de ce Conseil émerge une seule certitude : la présidence du recteur. Pour le reste, c’est nébuleux. En effet, le recteur choisit les autres membres. Bien sûr, il peut s’entourer de personnes aussi compétentes que les DASEN ou les IEN et IPR. Et il y aura des directeurs, chefs d’établissements et professeurs… Mais rien n’empêche un facétieux de s’entourer d’autres personnes : de parents, de partenaires… et même de sa belle-mère si l’envie lui en prend. Aucun élu des personnels n’est prévu. Comment les professeurs siégeant dans ce machin seront-ils sélectionnés ?
UN VRAI DANGER
Il s’agit bien d’un outil de « pilotage » de la politique pédagogique d’une académie – pour employer le jargon de l’institution.
Quelques exemples de ses missions le prouvent.
Ainsi le Conseil aura un droit de regard sur la formation des professeurs. Ce ne serait qu’anecdotique s’il n’était pas prévu en outre, qu’il puisse diffuser et valoriser les pratiques jugées efficaces dans l’enseignement et le pilotage pédagogique.
Il pourra diffuser et valoriser les pratiques efficaces dans l’enseignement et dans le pilotage pédagogique. Une pensée désagréable commence à nous chatouiller l’occiput : il y a bien là un risque accru de se voir imposer des fonctionnements pédagogiques.
Alors, enfonçons le clou : Le conseil a vocation à préconiser des outils, des supports et des démarches, le tout agrémenté de périodes d’observations en classe par les IEN et les IPR.
Bref, une circulaire vient d’instituer un machin susceptible de dicter comment enseigner et avec quels outils. Elle permet aussi aux hiérarchies intermédiaires de vérifier que tout est conforme à sa volonté.
Le ministère semble bien vouloir faire de nous des exécutants en balayant d’un revers de main l’article 912-1-1 du code de l’Éducation. Nous vous en conseillons vivement la lecture.
(1) https://www.education.gouv.fr/bo/23/Hebdo2/ MENE2300948N.htm
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1473 du 27 janvier 2023