
À la suite de l’agression d’une enseignante dans un collège du Bas-Rhin, Maxime Reppert (SNALC) dénonce la répétition des réactions d’indignation sans mesures efficaces. Il appelle à traiter en priorité la santé mentale des élèves, à responsabiliser les familles et à renforcer les moyens humains dans les établissements, plutôt que de s’en remettre à des fouilles de sacs jugées limitées.
CNEWS – Jean-Marc Morandini
On est en direct avec Maxime Reppert, vice-président du Syndicat national des lycées, collèges et écoles du supérieur. Bonjour, et merci beaucoup d’être en direct avec nous. Une nouvelle fois, un drame s’est produit à l’intérieur d’un collège.
SNALC – Maxime Reppert
Effectivement, un drame de plus. J’ai quelques informations supplémentaires que j’ai pu recueillir. J’ai également échangé avec une personne travaillant au sein de l’établissement. Tout d’abord, c’est un établissement qui n’est pas réputé pour être le théâtre d’actes de violence en son sein. C’est un établissement plutôt bien géré, avec une direction qui s’est montrée efficace pour régler différents problèmes jusque-là. Donc ça, c’est le premier point. Le deuxième point, c’est qu’a priori l’élève en question aurait un profil, je veux dire, assez particulier, dans le sens où il aurait très probablement des troubles d’ordre psychiatrique. Voilà, c’est un élève qui a été décrit avec un comportement assez perturbé et qui serait actuellement en placement. Voilà les informations que j’ai. Pour revenir sur ce que vous avez dit au début, effectivement, un drame de plus. On ne compte plus le nombre de cas médiatisés de professeurs ou de personnels de l’Éducation nationale qui sont victimes. Victimes d’injures, victimes de menaces, victimes de violences physiques. Et à chaque fois, c’est quelque chose d’insupportable, d’inadmissible au sein de notre institution.
CNEWS – Jean-Marc Morandini
À l’instant, il y a un message d’Élisabeth Borne, posté sur les réseaux sociaux, qui dit : « Je condamne avec force l’agression d’une enseignante par un élève dans le collège du Bas-Rhin. J’exprime ma solidarité à l’enseignante et à la communauté scolaire. Une cellule d’urgence a été activée pour accompagner tous les élèves et personnels. Je me rends sur place immédiatement », dit Élisabeth Borne. Alors, ça ne changera pas grand-chose, bien évidemment, mais on a le sentiment de voir ce type de tweet qui s’enchaîne en permanence dès qu’il y a ce type de drame.
SNALC – Maxime Reppert
Effectivement, à chaque fois, c’est le même refrain, c’est la même chanson. Vous savez, on n’a plus vraiment une ministre de l’Éducation nationale, on a plutôt une ministre de l’indignation, puisque, à chaque fois, on entend la même chose. On s’indigne, on dit que c’est inadmissible et, derrière, on propose des solutions qui ne répondent pas aux problématiques, et parfois même des actes émanant des rectorats qui sont, j’allais dire, contraires au bon sens. Vous savez, je crois d’ailleurs que ça a été évoqué dans votre émission il y a quelque temps, au début du mois : un élève qui avait menacé de mort une enseignante, qui avait été exclu par un conseil de discipline au sein de l’établissement, a été réintégré. Voilà. Parfois, on marche sur la tête et, en fait, on a une ministre qui se manifeste par de beaux discours, des intentions, des propositions qui, parfois, sont à côté de la plaque. Mais, en tout cas, très clairement, notre ministre démissionnaire, qui n’a jamais été spécialiste de questions propres à l’éducation, ne répond pas à nos inquiétudes.
CNEWS – Jean-Marc Morandini
Effectivement. Je précise que les images que l’on voit sur la gauche de l’écran sont des images en direct qui nous parviennent du lycée dans lequel le drame s’est produit. Dernière question, Maxime Reppert. On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de la fouille des sacs à l’entrée. Est-ce que c’est quelque chose qui est systématique dans les collèges et les lycées ? Parce que là, si c’est le cas, on ne comprend pas comment cet élève est entré avec une arme blanche.
SNALC – Maxime Reppert
Ce n’est pas du tout systématique, c’est aléatoire, ça va dépendre des établissements. Mais il faut bien prendre conscience que ces fouilles montrent très vite leurs limites. Elles montrent leurs limites parce que ce n’est pas comme ça qu’on va éradiquer la violence. Il faut d’abord s’intéresser à la question de la santé mentale des élèves, comme des personnels, mais surtout à la santé mentale des élèves. Et puis, quelque part aussi, au rôle des familles, au rôle des parents. Il faut responsabiliser ces familles, il faut responsabiliser ces élèves, il faut s’intéresser à leur santé mentale. Fouiller des sacs ne va pas, très clairement, résoudre ces problématiques, et il faut aussi, et je termine par là, davantage de moyens, davantage de personnel : personnel enseignant, mais aussi personnel encadrant, parce qu’autrement ça restera toujours de la poudre aux yeux, ces mesurettes.
CNEWS – Jean-Marc Morandini
Merci beaucoup, Maxime Reppert, vice-président du Syndicat national des lycées, collèges et écoles du supérieur, pour ces informations que vous nous avez données concernant cet élève.

