Vétusté dans au lycée Blaise-Cendrars dénoncée sur Tik-Tok, 4 collègues convoqués, le pas de vague continue dans l’Éducation nationale.
CNEWS – Jean-Marc Morandini
Nous sommes avec Maxime Reppert, vice-président du syndicat national des lycées, collèges et écoles supérieures. Bonjour Maxime Reppert, merci d’être en direct avec nous. Ce n’est pas le seul établissement qui est dans cet état, soyons clairs.
SNALC – Maxime Reppert
Bien évidemment que non. Alors je ne suis pas professeur au lycée Blaise-Cendrars, mais naturellement le SNALC soutient la communauté éducative. Donc bien entendu les enseignants, mais aussi les parents et les élèves qui dénoncent depuis des semaines l’inacceptable. C’est cette vétusté qui n’a pas lieu d’être dans une école de la République en 2024 et qui, comme vous l’avez dit d’ailleurs, ne concerne pas que cet établissement-là. De façon générale, je suis choqué, nous sommes choqués par la convocation de nos quatre collègues. Nous sommes également choqués par la politique qui est menée. On ne comprend pas trop parce qu’il a été question de restrictions budgétaires au niveau national. 700 millions imputés à l’Éducation nationale. En même temps, on prévoit l’uniforme et le SNU qui vont quand même représenter des dépenses de l’ordre au moins de 2 milliards à 2 milliards et demi d’euros.
Et puis, parallèlement à cela, on parle d’uniforme, alors que vous avez des salles qui n’ont pas de plafond, des salles qui n’ont pas de chauffage, des conditions qui sont, j’ai envie de dire, indignes de la République française. Donc voilà, on a de l’argent pour certaines choses et pas pour d’autres. Donc les parents, les élèves et les enseignants, qu’ont-ils fait ? Ils ont tout simplement tenté de contrebalancer le phénomène du “pas de vagues”. C’est-à-dire qu’il ne faut rien dire, il ne faut rien faire. J’entends que la responsabilité des bâtiments incombe aux collectivités territoriales. Mais à un moment donné, il faut une responsabilité collective qui consiste à dire qu’on n’accueille pas des enfants dans des conditions presque insalubres. On devrait avoir honte que lorsque des remontées sont faites, il n’y ait pas de réponse plus rapide. Voilà, parce que là, on perd du temps à convoquer 4 collègues à propos de cela. C’est du temps qu’on devrait utiliser pour répondre à cette problématique.
CNEWS – Jean-Marc Morandini
Comment peut-on expliquer que personne ne bouge, Maxime Reppert ? Parce qu’à un moment donné, une des élèves dit “ça fait 4 ans que ça dure, des années que ça dure”. Personne ne bouge. C’est ce qui m’épate.
C’est-à-dire que, ensuite, je comprends les profs, si dès qu’ils bougent, ils sont convoqués 48 heures après pour qu’on leur demande des comptes, je les comprends. Mais à un moment donné, il faut arrêter. Je croyais que l’éducation était une priorité.
On n’arrête pas de dire, lorsqu’il y a des émeutes dans les banlieues, “le problème, c’est l’éducation, il faut les former”. Et quand on voit comment ça se passe, la formation, il y a des trous, ils se prennent la pluie sur la tête pendant qu’ils sont en cours de maths. Excusez-moi, il y a un problème qui vient d’en haut dans ce pays.
SNALC – Maxime Reppert
Exactement. Vous avez tout dit. Le problème n’est pas que les remontées ne sont pas faites, c’est que les remontées sont effectivement faites sur le terrain, que ce soit par des collègues, des parents ou des élèves, mais qu’à un moment donné, ces remontées sont bloquées ou ne sont tout simplement pas prises en compte. Voilà.
Personnellement, j’ai dû intervenir il y a quelques mois dans un établissement de ma région, car à la rentrée des classes, il y avait des travaux non terminés, des câbles électriques qui traînaient, des fenêtres bloquées avec des planches. Vous voyez ce que je veux dire ?
Ce qui se passe à Sevran, on parle de l’Île-de-France, mais imaginez bien que c’est une problématique nationale. Bien sûr, avec des différences d’un établissement à l’autre ou d’une région à l’autre, mais ces problèmes de chauffage, d’électricité, de vétusté, d’isolation sont extrêmement récurrents.
Et à un moment donné, on marche sur la tête, car on parle de restrictions budgétaires, alors que des sommes faramineuses sont allouées à des projets qui, pour nous au SNALC, apparaissent extrêmement secondaires, plutôt que de s’occuper de l’essentiel.
Je voudrais savoir qui accepterait aujourd’hui d’avoir des élèves scolarisés dans de telles conditions ?
CNEWS – Jean-Marc Morandini
Apparemment, il y a du monde qui accepte, puisque rien ne change. La région l’accepte, l’État l’accepte, tout le monde l’accepte et rien ne bouge. Merci à Maxime Reppert, vice-président du SNALC, d’avoir été avec nous.