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CNEWS – Rentrée 2022 – Où sont passés les profs ?

« [...] si on arrivait à avoir un professeur devant chaque élève le jour de la rentrée, ça ne veut pas dire qu'ils vont tous rester pendant l'année scolaire. [...] on a embauché des contractuels à tour de bras de manière assez rapide parfois, on sait qu'une proportion généralement incompressible de ces contractuels ne font pas toute l'année scolaire.»
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC

La rentrée des classes n’est pas pour tout de suite mais on y pense forcément et avec une certaine inquiétude. L’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait promis qu’il y aurait bien un prof devant chaque classe à la rentrée, promesse renouvelée dernièrement par Pap Ndaye, alors que la pénurie d’enseignants ne cesse de s’accroître ! Des profs difficiles à recruter et difficiles à garder, ils sont nombreux à jeter l’éponge pour partir dans le privé, pas dans des écoles privées, mais dans des entreprises de soutien scolaire.

Jean-Rémi Girard, président du SNALC, syndicat de l’école au supérieur,  répond aux questions dans “La belle équipe” du vendredi 5 août 2022 sur CNEWS.

A partir de 36’20” :

Journaliste

Jean-Rémi Girard, vous êtes président du SNALC, le syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur. Bonjour Jean-Rémi.

Jean-Rémi Girard

Bonjour.

Journaliste

Merci d’avoir accepté notre invitation. Une entreprise de soutien scolaire permet aux professeurs d’être mieux payés sans avoir à gérer une classe. Ça règle le problème du salaire et des conditions de travail avec des classes souvent surchargées dans l’éducation.

Jean-Rémi Girard

Oui, j’entendais votre reportage, effectivement dans l’Éducation nationale, on n’est pas devant 4 élèves. Moi je suis dans un lycée de banlieue parisienne, les classes sont à 35 par exemple. 

Journaliste

vous enseignez quoi Jean-Rémi Girard ? 

Jean-Rémi Girard

Moi, j’enseigne le français et effectivement ce sont des effectifs qui sont devenus tout à fait classiques : 30 élèves, entre 25 et 30 élèves dans les écoles primaires et les collèges, même parfois plus, 34-35 élèves dans les lycées, ce sont des effectifs qui sont considérés comme normaux aujourd’hui dans l’Éducation nationale. 

Journaliste

Alors je le disais, nous sommes début août, quel est votre état d’esprit à moins d’un mois de la rentrée des classes ?

Jean-Rémi Girard

On est assez inquiet, très clairement au SNALC, parce que l’on a vu que les concours de recrutement cette année n’ont pas du tout fait recette dans le 2nd degré ; ce n’est pas nouveau, mais ça s’aggrave. Il y a des disciplines qui sont maintenant en crise structurelle, les mathématiques, les lettres classiques, l’allemand aussi, pas seulement les disciplines scientifiques. 

Il y a un certain nombre d’autres disciplines qui d’habitude n’ont pas de problèmes particuliers comme les sciences économiques et sociales, qui cette année en ont.

Et depuis quelques années…

Journaliste 

Et ça s’explique comment ça ? Parce que pour les matières scientifiques, on a longtemps parlé effectivement du salaire, c’est vrai que les études sont longues quand on veut être prof de maths et que finalement, pour les mêmes études, on peut se retrouver à travailler dans le privé avec des salaires beaucoup plus importants. Pour ce qui est des profs de langue, aujourd’hui ou les profs d’économie comme vous venez de nous le dire. 

Jean-Rémi Girard

Alors la problématique est la même, il peut y avoir ces problématiques là aussi, il y a d’autres problématiques spécifiques à certaines disciplines, sur le fait qu’il y a une crise structurelle dans certaines disciplines, la filière des lettres classiques-latin-grec, par exemple, est en crise, mais on constate aussi, depuis quelques années maintenant que cette crise s’est étendue à l’école primaire, aux professeurs des écoles du premier degré. Et ça, c’est quand même assez nouveau parce que jusque-là, on n’avait pas trop de difficultés à recruter des professeurs des écoles. Maintenant, à Versailles, à Créteil, cette année, même à Paris, on n’arrive pas, on n’a pas réussi à recruter tous les professeurs des écoles et là aussi ça risque d’être une tendance qui dure.

Journaliste

Le problème, je vous pose la question, c’est vrai que c’était au début du sujet, est-ce qu’il y aura suffisamment de profs selon vous à la rentrée devant les élèves ? 

Jean-Rémi Girard

Probablement pas. Parce que même si on arrivait à avoir un professeur devant chaque élève le jour de la rentrée, ça ne veut pas dire qu’ils vont tous rester pendant l’année scolaire. Vous l’avez vu avec cette histoire de job dating par exemple, on a embauché des contractuels à tour de bras de manière assez rapide parfois, on sait qu’une proportion généralement incompressible de ces contractuels ne font pas toute l’année scolaire. On a aussi de plus en plus de démissions de stagiaires, c’est-à-dire les professeurs qui viennent juste de passer le concours et qui  démissionnent juste l’année suivante. En 2020-2021, il y avait 700 stagiaires qui ont démissionné. Pour donner une petite comparaison, en 2012-2013, il y avait 92 stagiaires qui démissionnaient. Donc vous voyez que c’est un phénomène qui devient massif. Là, on est à plus de 3% des stagiaires qui démissionnent.

Journaliste

Les ministres de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, Pape Ndaye nous disent qu’effectivement il y a une pénurie de profs mais que le problème sera réglé, enfin que tout ira bien à la rentrée et ils ne cessent de rassurer et quand on écoute les enseignants parler, il  y a une vraie inquiétude dans le monde de l’éducation. 

[…]

Journaliste

Les syndicats d’enseignants ont souvent remis en cause le bilan de Jean-Michel Blanquer. Est-ce qu’il est le seul responsable finalement ? 

Jean-Rémi Girard

Alors, il n’y a jamais un seul responsable, il y a une crise qui date dans l’Éducation nationale d’avant Jean-Michel Blanquer, ensuite on ne peut pas dire que Jean-Michel Blanquer ait aidé à la résoudre. La majorité des enseignants ont perdu en pouvoir d’achat pendant le quinquennat précédent. On va se le dire clairement, alors que Dieu sait que des discours sur “il faut revaloriser le début de carrière, pas d’enseignants à moins de 2000€ par mois”, ça fait 5 ans qu’on les entendait avec Jean-Michel Blanquer, donc moi je veux bien qu’on les entende avec Papa Ndaye. À un moment, il va falloir arrêter de faire du blabla, c’est très clair. Je voudrais revenir, sur ce qui a été dit par mon voisin de gauche, [NDLR : Paul Midy député Renaissance de L’Essonne ] c’était quelque chose de très intéressant et qui là pour le coup, il me semble, ne concerne vraiment que l’Éducation nationale. On doit quand même être le seul métier où, quand on a une crise des recrutements qui est reconnue, y compris par notre ministre, la réponse qui soit apportée, c’est : on va vous faire une revalorisation salariale en vous demandant des tâches supplémentaires. 

Et vous allez, en plus, faire des remplacements, ça ne s’appelle pas une augmentation de salaire, ça s’appelle une augmentation du temps de travail. 

Journaliste

Ça, c’est ce qui avait été annoncé pendant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron. Ça avait été un peu rediscuté dans d’autres termes, disons. 

Jean-Rémi Girard

On verra ce que ça donnera à la rentrée puisque normalement nous le SNALC, on est un syndicat représentatif, donc on participe à toutes ces réunions et à toutes ces discussions au ministère de l’Éducation nationale. Donc on verra ce qu’il y a sur la fameuse table,  dont on parle tout le temps, des négociations. On est quand même inquiet quand on entend “il faut revaloriser avec un choc sur les débuts de carrière”, si vous revalorisez les débuts de carrière, ils vont toucher plus que les milieux de carrière. Le problème, il est sur la carrière dans son intégralité, ce n’est pas que le début de carrière. Aujourd’hui, on ne touche pas 2000 € par mois au bout de 15 ans d’exercice quand même. 

[…] 

Journaliste

Revaloriser les salaires mais on rajoute quelques tâches supplémentaires, ce n’est pas vraiment une revalorisation ça. 

Paul Midy

Non mais je précise bien et vous avez raison de dire que tout ça va être discuté à la rentrée, donc les mesures ne sont pas décidées, figées dans le marbre, ce sont des pistes qui sont données. Je rappelle d’abord qu’on vient de voter un projet de loi “pouvoir d’achat” dans lequel on a revalorisé le point d’indice des fonctionnaires, 3,5 % qui s’appliquent à tous les fonctionnaires, inclus évidemment les professeurs, comme il y a à peu près 1,5 % de hausse des salaires en moyenne par an,  3,5 % plus 1,5 %, ça fait 5%. C’est à peu près le niveau de l’inflation qui est observé en ce moment.

Jean-Rémi Girard

C’est un calcul économique complètement pété ! Ce que vous venez de faire. 

Parce que le 1,5 %, c’est le glissement vieillesse technicité. C’est quelque chose qui s’applique avec ou sans inflation. Ce calcul n’a aucun sens.

[…]

Journaliste

Pape Ndaye a annoncé vouloir revaloriser les salaires des entrants. Qu’en est-il de ceux qui ont qui ont 20 ans de carrière et qui touchent aujourd’hui 2000 € ? C’est la question qu’on peut se poser Jean-Rémi Girard. 

Jean-Rémi Girard

Le gros ventre mou en fait de l’Éducation nationale, ce sont les milieux. Et même, j’allais dire le début des fins de carrière en fait qui n’ont jamais été touchées depuis très, très, très longtemps.  

Journaliste

Quand on revalorise le salaire d’un nouvel entrant, on arrive finalement à des personnes qui ont 20 ans de carrière et qui se retrouvent au même salaire que celles qui viennent d’arriver. 

Jean-Rémi Girard

C’est ça. Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs fait ça avec le gouvernement précédent avec sa fameuse prime d’attractivité où en fait, il a revalorisé uniquement les tous premiers échelons; les 2 premiers échelons de la carrière qui sont ceux dans lesquels d’ailleurs les enseignants restent le moins longtemps donc ça fait un bel effet d’annonce en disant, “Regardez, on a augmenté le début de carrière de tant, mais en fait, vous y restez 3 ans, à ce moment-là, sur une carrière de 43 ans, c’est pas grand chose et ça s’appelle un aplatissement de la courbe. C’est à dire qu’effectivement, la carrière entre 2 ans et 15 ans de carrière, elle est quasiment plate aujourd’hui, elle augmente très très peu. Donc si vous continuez à augmenter le début de carrière, je vous le dis, vous allez faire une inversion de courbe. On a déjà croisé un scénario au ministère de l’Éducation nationale, heureusement que le SNALC était là pour signaler qu’il y avait un échelon qui touchait moins que l’échelon précédent si on appliquait les mesures, alors ? 

Journaliste

Alors Pape Ndaye va-t-il réconcilier les enseignants avec l’Éducation nationale puisque le dialogue était un peu rompu avec Jean-Michel Blanquer, on en saura plus à la rentrée Jean-Rémi Girard, sur les décisions qui vont tomber. Pour ce qui est de la nomination de Pape Ndaye, est-ce que le fait d’avoir nommé à l’Éducation  nationale, une personne qui ne croit pas en l’école publique n’est pas à la base une erreur ? 

Jean-Rémi Girard

Je ne sais pas si Pape Ndaye croit ou ne croit pas à l’école publique, il le faut lui demander à lui, pas à moi. Nous, on n’a pas de souci de personne en tous les cas, avec Pape Ndaye, nous, on ne personnalise pas, j’allais dire les questions de politique éducative, ce n’est pas Pape Ndaye qui tient les cordons de la bourse, de même que Jean Michel Blanquer.

Journaliste

Je pose cette question parce que évidemment le sujet est déjà été mis sur la table, mais ses enfants sont scolarisés à l’école Alsacienne, ça veut dire qu’il ne croit pas ou plus à l’école publique.

[…]

Jean-Rémi Girard

Ce n’est pas le fait de donner de l’autonomie aux établissements et plus de pouvoir au chef d’établissement qui va améliorer quoi que ce soit ; il y aura sera plus de hiérarchie intermédiaire. Ce sera encore plus pénible. À un moment, nous voulons des actes clairs, nous avons une crise de recrutement, il faut donc payer les profs davantage à travail égal, il y a toutes les statistiques sur le site du ministère, on travaille déjà largement assez. Il n’y a pas besoin de demander des missions supplémentaires, on fait bien notre boulot et on a du mal à recruter des profs. 

Et si des gens critiquent les enseignants, qu’ils passent les concours. Il y a des places !

Journaliste

Merci beaucoup. Jean Rémi Girard, vous êtes président du SNALC.

« [...] nous voulons des actes clairs, nous avons une crise de recrutement, il faut donc payer les profs davantage à travail égal, il y a toutes les statistiques sur le site du ministère, on travaille déjà largement assez. Il n'y a pas besoin de demander des missions supplémentaires, on fait bien notre boulot et on a du mal à recruter des profs.  Et si des gens critiquent les enseignants, qu'ils passent les concours. Il y a des places !»
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC