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CNEWS – 1re journée, 1re polémique pour Amélie Oudéa-Castéra

« Cette déclaration oblige à des résultats, car maintenant, il n'est plus question de s'occuper simplement de ses enfants, mais aussi des enfants des autres.»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC

Amélie Oudéa-Castéra : “Brièvement, cette histoire, c’est celle de notre aînée, Vincent, qui a commencé comme sa maman à l’école publique, à l’école Littré. Puis la frustration de ses parents, mon mari et moi, est venue lorsque nous avons constaté des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées. À un moment donné, nous en avons eu marre, tout comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment donné, font un choix, voilà, d’aller chercher une solution différente. Et depuis, de manière continue, nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés avec exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux, mais aussi heureux.”

 
Maxime Reppert, le vice-président national du SNALC (syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur), réagit sur CNEWS dans “Midi News Weekend” le 13 janvier 2024 sur la récente sortie de la ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra.

France info – Thierry Cabannes

Je vais vous faire réagir, bien évidemment, mais on va ouvrir le débat avec Maxime Reppert, vice-président du SNALC. Bonjour, Maxime Reppert. Merci d’être avec nous dans “Midi News Weekend”. Nous voulions absolument vous avoir, d’abord, sur le premier déplacement, la rentrée des classes de votre nouvelle ministre, et ensuite, sur cette polémique. La rentrée des classes, qu’en avez-vous pensé ? Mégaphone, selfie… et la nouvelle ministre, ce n’est plus Gabriel Attal, le ministre! Nous sommes bien d’accord ?

SNALC – Maxime Reppert

Oui, effectivement, j’ai entendu une voix qui portait fort, mais au niveau du SNALC, ce que nous attendons surtout, ce sont des actes et des décisions qui portent. J’ai également vu ces images, entendu cette déclaration. Alors, je vous le dis tout de suite, le fait que notre nouvelle ministre mette ses enfants dans le privé relève du privé, c’est une décision personnelle. Je n’ai pas à commenter ce choix-là. 

Par contre, dans les justifications avancées, simplement vous dire une chose : ces heures de cours non remplacées, évaluées à 15 millions d’heures par an, ne relèvent pas de la responsabilité des enseignants absents pour des raisons de santé. Je rappelle que les personnels de l’Éducation nationale sont moins absents pour raisons de santé que les autres salariés, qu’ils soient du privé ou les autres fonctionnaires dans le public. 

Cela est simplement lié à une politique éducative destructrice menée depuis des années. Depuis 2017, on assiste régulièrement à des suppressions de postes inacceptables chaque année. Cela avait déjà été initié avant cette date. Elle fait en réalité le constat d’une politique éducative destructrice. J’ai envie de vous dire que cette déclaration oblige à des résultats, car maintenant, il n’est plus question de s’occuper simplement de ses enfants, mais aussi des enfants des autres.(…)

« Beaucoup de collègues vont au travail avec la peur au ventre, et aucun territoire, aucun établissement n'est épargné [...] Nous attendons des actes forts, parmi lesquels notamment le rétablissement de l'autorité de l'enseignant, associé à de meilleures conditions de travail.»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC

France info – Thierry Cabannes

Maxime, on vous a vu dans ce reportage. On est dans le concret maintenant, pas dans la cour de récréation avec le mégaphone et les selfies. Là, on a besoin de réponses. Et vous en attendez, n’est-ce pas ?

SNALC – Maxime Reppert

Naturellement, oui, nous attendons beaucoup parce qu’on se rend compte que le métier devient de plus en plus à risque. Beaucoup de collègues vont au travail avec la peur au ventre, et aucun territoire, aucun établissement n’est épargné par cette flambée de violence en milieu scolaire. Donc, à un moment donné, effectivement, la communication c’est bien, l’action c’est mieux. Nous attendons des actes forts, parmi lesquels notamment le rétablissement de l’autorité de l’enseignant, associé à de meilleures conditions de travail. 

Il y a aussi cet enjeu de l’image du métier d’enseignant. Actuellement, les jeunes savent que le métier de prof n’est pas facile, qu’il n’est pas assez payé, et qu’il n’est pas reconnu économiquement et socialement. On le constate clairement lors des réunions parents-professeurs. Moi, j’entends régulièrement des parents dire, “Ah bah non, tu ne feras pas prof, tu feras mieux que ça”. Donc là, on est sur un problème de fond. On parle du quotidien, il faut améliorer le climat scolaire, le climat de travail. 

Le SNALC propose des solutions pour améliorer à la fois le climat scolaire et le niveau des élèves, notamment au collège avec notre projet du collège modulaire, dont d’ailleurs le ministre s’est inspiré avec la volonté de créer des groupes de niveau. (…)

« On ne peut pas tout faire reposer sur les épaules des professeurs, parce que je rappelle que nous ne sommes pas là pour élever les enfants des autres. La première cellule d'apprentissage d'un enfant, c'est la famille, ce n'est pas l'école.»
Maxime REPPERT
Vice-président du SNALC

France info – Thierry Cabannes

Maxime, est-ce que cet immense ministère, ce ministère XXL, vous inquiète justement ?

SNALC – Maxime Reppert

Non, très clairement non, parce que ça ne veut rien dire. Des regroupements de ministères, on en a déjà eu par le passé, que cela concerne l’Éducation nationale ou d’autres portefeuilles. Donc non, ça ne nous inquiète pas, car le ton a été donné, c’est celui de la continuité par rapport à ce qu’a entrepris son prédécesseur, Gabriel Attal. Et puis, je rappelle aussi qu’un ministre ne dirige pas seul un ministère. Il y a toute une équipe derrière. Donc, l’étiquette de nomination ne m’inquiète pas plus que ça. C’est surtout les décisions qui seront prises.

Il y a de gros problèmes de fond, y compris par rapport à ce qui s’est passé à Mantes-la-Jolie, concernant le climat scolaire. Et je pense que cette dégradation est liée à un certain nombre de décisions qui ont été prises, à un certain laisser-aller, un laxisme qui fait que l’autorité de l’enseignant est battue en brèche, à tel point que des élèves, comme des parents, contestent les professionnels que nous sommes à travers leur pédagogie. Ça, c’est quelque chose d’inacceptable.

Les élèves et les parents sont devenus des consommateurs de l’école. On a intégré les parents dans l’équipe éducative, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, mais derrière, il faut qu’il y ait aussi une forme de responsabilisation. Il faut responsabiliser les élèves lorsqu’ils commettent des fautes, lorsqu’ils commettent des délits, lorsqu’ils commettent des crimes, et il faut en faire de même avec les parents et avec les familles. On ne peut pas tout faire reposer sur les épaules des professeurs, parce que je rappelle que nous ne sommes pas là pour élever les enfants des autres. La première cellule d’apprentissage d’un enfant, c’est la famille, ce n’est pas l’école.