Le Brevet des métiers d’art (BMA) est en danger. Cette formation en quatre ans, articulée autour d’un CAP en deux ans suivi d’un BMA en deux ans, avait pourtant su résister à l’arrivée du Bac pro en trois ans. Mais aujourd’hui, une nouvelle réforme menace cet équilibre fragile et essentiel aux métiers d’art : la création du Brevet national des métiers d’art en trois ans.
Si ce projet venait à être appliqué, nos jeunes n’auraient plus le temps nécessaire pour devenir de véritables « mains » expertes dans leur spécialité. Ils ne pourraient plus se réorienter en douceur au sein d’un même champ professionnel, ni développer une maîtrise approfondie du geste, pourtant au cœur de nos métiers. Dans l’artisanat d’art, l’excellence ne s’improvise pas : elle s’apprend, lentement, avec exigence et rigueur. Or, nos ministres de l’Éducation nationale désormais plus sensibles aux logiques comptables qu’au travail bien fait, considèrent qu’ils doivent épargner la moindre miette de temps accordé.
La réforme envisagée toucherait environ 8 000 jeunes, dont une grande majorité seraient mineurs à l’issue de leur formation — comme c’est déjà le cas avec le Bac Pro en trois ans — rendant leur insertion professionnelle encore plus délicate.
Le plus inquiétant ? Cette réforme s’appuierait sur un rapport d’inspection… qui n’a toujours pas été rendu public. Pourquoi un tel manque de transparence ?
Les premières pistes évoquées rappellent tristement les travers de la réforme du Bac pro : parcours en « Y », passage du CAP « à crédit » en première ou deuxième année, voire suppression totale du CAP dans certains cas. On nous a même assuré que les élèves les plus en difficulté pourraient, eux, passer le CAP… en cinq ans ! Comme si ceux qui peinent déjà avaient pour ambition de rester plus longtemps à l’école !
En résumé, cette réforme ne s’appuie sur aucune donnée concrète, ne répond à aucun besoin exprimé sur le terrain, et semble avoir pour seul objectif de faire quelques maigres économies. Encore une fois, la comptabilité prend le pas sur la qualité, au détriment de jeunes en quête de savoir-faire, et d’un secteur qui demande, avant tout, du temps pour bien faire.