Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC, répond aux questions de Apoline de Mallherbe pour BFM le 15 novembre (Voir l’article sur le site de BFM)
Journaliste : Le Témoin du jour, c’est vous Jean-Rémi Girard. Bonjour. Vous êtes professeur de français dans un lycée en Ile de France et vous êtes également président du syndicat de l’Éducation nationale et du supérieur.
Je voudrais d’abord qu’on parle du masque, on le sait, il avait été supprimé dans un certain nombre de départements pour les enfants du primaire. C’est maintenant la rentrée masquée, à nouveau, pour tout le monde. Il n’y a plus de distinction entre les départements. Vous constatez un épuisement du côté des élèves et du côté des enseignants.
Jean-Rémi Girard : Oui tout à fait. En fait, même davantage du côté des enseignants et des personnels de l’Éducation nationale que des élèves. Cela devient de plus en plus pénible, évidemment de faire cours masqué et pour les élèves de suivre les cours masqués. Mais surtout, au-delà car cela fait maintenant un petit moment depuis la pandémie qu’on est masqué pour faire cours, c’est surtout de ne pas voir de solutions à moyen terme, de se dire c’est probablement la cinquième vague, que va-t-on faire ? Et dans douze ans ce sera la douzième vague et on sera toujours dans le même état ?
Journaliste : Le découragement vient du manque d’horizon, surtout après avoir eu l’illusion de pourvoir tomber le masque. Finalement, on se masque à nouveau.
Jean-Rémi Girard : Oui c’est exactement cela. Revenons par exemple sur les élèves de primaire qui ont pu enlever le masque, cela a permis un meilleur apprentissage, surtout au CP pour les élèves qui apprennent à lire et à écrire. Le SNALC avait demandé au ministère s’il était envisageable que les enseignants dans ce cas là, au moins au primaire, puissent également enlever le masque. La réponse des autorités sanitaires, du ministère de la santé, a été NON. Même quand la situation est très bonne avec des moments d’accalmie, les personnels ne peuvent pas enlever le masque et doivent le garder pour des raisons sanitaires. Nous demandons aux autorités sanitaires de se pencher vraiment très spécifiquement sur l’Éducation nationale pour essayer de trouver des solutions alternatives pour enlever le masque pour enseigner. Car enseigner la lecture, les langues vivantes masqués est compliqué.
Journaliste : C’est compliqué pour les langues et pour la lecture. Vous êtes vous même professeur de français. Quand vous êtes en train de faire des examens oraux avec les élèves, est-ce que cela les pénalise ?
Jean-Rémi Girard : On en tient compte, on n’est pas des monstres, on fait attention. Il faut ce souvenir, particulièrement au lycée, du BAC français qui se déroule en grande partie à l’oral.Oui les prestations orales de BAC avec des élèves masqués, on l’a vécu dernièrement, c’est forcément plus difficile pour les élèves qui sont stressés davantage et c’est plus difficile de les préparer. Je travaille actuellement sur la question de la parole, je fais réciter les élèves masqués, je fais faire des lectures expressives aux élèves masqués, ce ne sont pas les conditions idéales pour travailler sur l’art oratoire.
Journaliste : Je le disais à l’instant, outre le fait d’être professeur, vous êtes le président du SNALC qui est un syndicat de l’éducation nationale et du supérieur. Quand vous entendez qu’une enseignante de l’Oise est convoquée aujourd’hui devant sa hiérarchie et risque même la radiation, parce qu’elle a refusé de porter le masque. Elle a déclaré : ” Je suis vaccinée donc ça suffit, je ne considère pas qu’il y a une balance risque-bénéfice en faveur du masque.” Est-ce que vous la soutenez elle ou la hiérarchie ?
Jean-Rémi Girard : Je la comprends.Maintenant elle savait ce qu’elle faisait, ma collègue n’est pas du tout stupide. Elle avait pour objectif d’alerter de la situation mais elle savait parfaitement qu’elle se mettait dans l’illégalité. C’est sa volonté, on la comprend, on espère qu’elle est bien accompagnée pour essayer de trouver une solution alternative à la radiation.
Journaliste : Oui mais si la solution c’est de remettre le masque ?
Jean-Rémi Girard : On ne peut pas recommander aux gens de ne pas suivre les règles, cela ne serait pas responsable.
Journaliste : Vous regrettez le masque mais vous le portez tout de même. Jean-Rémi Girard, merci d’être venu faire le point ce matin.On rappelle ce matin que tous les enfants remettent le masque sans distinction de département.