L’année scolaire est à peine commencée que les professeurs doivent déjà se préparer à de mauvaises nouvelles.
Depuis des décennies, ils n’ont cessé de subir des atteintes à leur pouvoir d’achat, que ce soit par le gel du point d’indice, la multiplication des missions supplémentaires et des obligations de service non rémunérées. Parallèlement, faute d’investissements suffisants dans l’éducation, les conditions de travail se sont progressivement détériorées : outre la multiplication des tâches annexes (réunions, suivi, inclusion, etc.), le métier a évolué en intégrant toujours plus de contraintes et de responsabilités sous la pression d’attentes sociétales de plus en plus exigeantes. Tous ces changements se sont accompagnés, année après année, d’une politique d’austérité pour laquelle l’Éducation nationale, et plus particulièrement ses enseignants, a déjà payé un lourd tribut.
Or, après la mise en place de formations durant les vacances scolaires, après la remise en question du rythme hebdomadaire des classes, après l’évocation d’une réduction des vacances d’été, voici venue : « La suppression de deux jours fériés »… Pour le SNALC, c’est inadmissible.
Bien qu’ils soient de moins en moins nombreux, certains diront encore et toujours que les enseignants ne sont pas à deux jours près, étant donné qu’à la différence du privé, ils ne travaillent « que » 24 heures par semaine et profitent de « nombreuses semaines » de vacances scolaires. Nous savons tous que la réalité est tout autre. Chaque jour, les professeurs des écoles mobilisent une énergie considérable pour surveiller les élèves, organiser les apprentissages et gérer les inclusions compliquées, ainsi que les besoins éducatifs particuliers au sein de la classe. Ce quotidien entraîne un profond épuisement physique, mais surtout moral, qui est propre à la profession.
Supprimer des jours fériés revient à travailler plus pour ne pas gagner plus. Ce n’est pas acceptable dans un contexte déjà très tendu. Dans l’Éducation nationale, et particulièrement dans le premier degré, nous ne cessons depuis des années de travailler davantage pour le même salaire. Ce sont les réunions avec les parents, ce sont les 108 heures, ce sont les journées imposées de formation, ce sont les évaluations d’école, ce sont les abus de certains inspecteurs qui n’hésitent pas à prendre le prétexte d’une seconde journée de solidarité pour réussir à imposer des missions supplémentaires. La liste est longue, et les 35 heures que l’on nous oppose sont largement, très largement dépassées.
Ne vous y trompez pas : supprimer deux jours fériés, ce n’est pas seulement grappiller du temps de travail, c’est encore et toujours grignoter ce qu’il nous reste de pouvoir d’achat. Le SNALC s’opposera fermement à toute mesure qui viendra encore saboter davantage notre profession et nos conditions de travail
Article publié dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1504-École du 5 septembre 2025