Le discours gouvernemental – quel que soit le gouvernement – ne cesse depuis quelques années d’insister sur la nécessaire inclusion de tous les élèves et sur l’accompagnement du handicap au sein des établissements. Fort bien. En mai dernier, Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale désormais démissionnaire, a souligné la nécessité d’« une meilleure reconnaissance du métier d’AESH », conformément à la feuille de route fixée par le premier ministre d’alors. Il ne s’agit pas de faire de procès d’intention, ni de crier au loup, mais le SNALC, syndicat pragmatique, juge sur actes.
Car le moins que l’on puisse dire en la matière est que le défi est de taille. L’expérience des dossiers d’AESH que le SNALC accompagne régulièrement a montré à quel point la capacité pour l’institution à répondre aux messages ou appels de ces personnels, la prise en compte de leurs situations particulières et de leurs difficultés, les délais enfin de traitement étaient loin, très loin, d’être satisfaisants. Force est de constater que le début de cette année scolaire s’inscrit malheureusement dans la continuité de cette indigence. Tout cela n’est pas de très bon augure !
Cela, dans un contexte où la crise de recrutement fait des ravages, là comme ailleurs !
Le besoin en AESH est criant : on peine à recruter, quand on n’est pas confronté à des personnels qui refusent de prolonger leur contrat ou y mettent un terme en démissionnant, en raison du peu d’égards qu’on leur témoigne, de relations compliquées avec certains chefs d’établissement ou coordonnateurs ULIS ou PIAL, tout cela pour une rémunération indigne.
Depuis la rentrée, les messages d’AESH en détresse ou en colère se multiplient à destination du SNALC. La liste des exemples n’est pas exhaustive et s’allonge jour après jour.
Ici, c’est une APSH (Accompagnant de Personnels en Situation de Handicap), chargée de suivre et d’aider un professeur handicapé dans l’exercice de son métier à hauteur de 30 heures par semaine, à qui, pour pallier le manque d’AESH, on impose de prendre en charge plusieurs élèves en plus de cet enseignant, et parfois à sa place, évidemment sans alternative et sans formation préalable, comme s’il s’agissait du même métier et qu’APSH et AESH étaient parfaitement interchangeables !
Là, c’est une AESH à qui l’on confie, non plus trois élèves comme précédemment, mais sept, là aussi sans discussion ni prise en compte de la pertinence et de l’efficacité de cette dispersion pour les accompagnés eux-mêmes !
Ailleurs, c’est une AESH qu’on change d’affectation, selon le bon vouloir d’un chef d’établissement qui ne l’appréciait pas et qui propage certaines contre-vérités à son endroit, au point que sa nouvelle hiérarchie la somme de faire ce qu’on lui demande, y compris de l’aide aux devoirs pour des élèves qui ne sont pas en situation de handicap, ou de surveiller la salle de permanence à la place d’AED eux-aussi en sous-effectifs, bref d’être corvéable à merci et encore en silence !
Tout cela, in fine, sans égards pour l’élève en situation de handicap qui appréciait l’AESH en question, y était habitué et avait, avec elle, gagné en autonomie et en ouverture à l’autre, alors même qu’on sait l’importance du lien à établir entre l’accompagnant et la personne en situation de handicap.
Car au-delà de la souffrance des personnels accompagnant eux-mêmes, c’est de la qualité de cet accompagnement et de la prise en charge sérieuse et respectueuse par l’Education nationale des problématiques de handicap dont il est question. Pour le SNALC, respecter les AESH, c’est respecter les élèves qu’ils accompagnent.
Ce n’est pas ainsi que l’Education nationale gérera (bien) la pénurie de personnels. Pire : il est à craindre, qu’en dépit des engagements et des beaux discours des recteurs, DASEN, pilotes et coordo de PIAL, chefs d’établissement…, et à défaut de changements rapides et importants, notre ministère ne l’entretienne et ne l’aggrave.