Président du SNALC depuis 2018, Jean-Rémi Girard a été réélu le 22 mai 2023 à la tête du syndicat arrivé 6e aux élections du CSAM de l’Éducation nationale, fin 2022 (lire sur AEF info). Jean-Rémi Girard, qui se félicite de ces “bons résultats”, se satisfait aussi du fait que le nombre d’adhésions “progresse d’année en année, avec entre 700 et 1 000 adhérents supplémentaires par an. Le SNALC n’a jamais eu autant d’adhérents”. Le président du syndicat affirme que, pour son nouveau mandat, “la priorité des priorités est le rattrapage salarial” car “si on a une crise de recrutement, le facteur premier, c’est l’argent”. Jean- Rémi Girard minimise par ailleurs le rôle du ministre : “Pap Ndiaye ou un autre, on aurait la même politique : on a compris que c’était Emmanuel Macron qui faisait les annonces”. Il voit aussi “beaucoup de négatif” dans la politique actuelle, comme le pacte.
AEF info : Vous avez été réélu à la présidence du SNALC, le 22 mai 2023, lors du congrès du syndicat qui se tient à Strasbourg jusqu’au 26 mai. Dans quelle dynamique se trouve le SNALC?
Jean-Rémi Girard : Ce congrès, qui a lieu tous les 4 ans, renouvelle en effet l’ensemble des membres du bureau national dont le président. J’ai la chance d’avoir la confiance de l’ensemble des présidents académiques en ayant été réélu à 100 % des suffrages, ce qui montre que le SNALC est un syndicat où tout le monde va dans la même direction, qui travaille ensemble et de manière unie.
Depuis que j’ai pris la présidence en 2018 (1) et avec l’équipe en place, nous avons constaté qu’il y avait une forte unanimité et la confiance de l’ensemble des adhérents. Nous sommes en outre de plus en plus efficaces, comme le montrent nos bons résultats aux dernières élections professionnelles. Nous sommes vus et reconnus par tout le monde comme un syndicat représentatif.
Du côté des adhésions, le Snalc progresse d’année en année, avec entre 700 et 1 000 adhérents supplémentaires par an. Le Snalc n’a jamais eu autant d’adhérents qu’aujourd’hui : nous devrions atteindre les 18 000 adhérents d’ici la fin de l’année scolaire.
AEF info : Le SNALC était – et l’est parfois encore – perçu comme un syndicat plutôt à droite, qui syndique surtout des agrégés. Est-ce le cas ?
Jean-Rémi Girard : L’image du SNALC a évolué : nous avons toujours été indépendants, notamment des partis politiques, et le SNALC le prouve aujourd’hui de manière très claire. Quant à nos adhérents, la base est très diversifiée : nous restons certes forts dans le second degré mais nous connaissons une forte progression forte dans le premier degré mais aussi chez les AESH et AED.
AEF info : Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat, d’un point de vue personnel mais aussi de celui de l’état de l’école ?
Jean-Rémi Girard : J’ai pu porter la parole des personnels, notamment médiatiquement, car il est essentiel qu’on puisse être vus : on ne gagnera pas la bataille face au ministère si on n’a pas le soutien de l’opinion publique. Il faut que tout le monde se rende compte des difficultés des personnels de l’Éducation nationale.
Quant à l’école, elle a connu cinq ans de Jean-Michel Blanquer donc elle ne va pas tellement mieux. Il y a encore de très vieux réflexes disant que l’Éducation nationale est une grosse machine, que c’est beaucoup de monde, que les personnels seraient réfractaires à beaucoup de choses… Or, ce sont les hommes et femmes politiques qui ont surtout des visions préconçues de l’Éducation nationale, en déstabilisent de plus en plus le fonctionnement et en aggravent l’état. Le marqueur très clair de ce constat est qu’on n’a jamais eu autant de mal à recruter des enseignants qu’aujourd’hui.
AEF info : Quelles priorités le SNALC compte-t-il porter pour ces quatre prochaines années ?
Jean-Rémi Girard : La priorité des priorités est le rattrapage salarial : c’est la première revendication des adhérents (lire sur AEF info). Si on a une crise de recrutement, le facteur premier, c’est l’argent. Il faut arrêter de sous payer les personnes qui travaillent à l’Éducation nationale.
Nous allons aussi travailler sur les différentes réformes pédagogiques actuelles : le collège, le lycée professionnel, le baccalauréat, surtout après le fiasco de cette année… Un autre sujet prioritaire, pour nous, est l’inclusion scolaire et sa gestion au rabais.
AEF info : Quel est votre regard sur la politique éducative menée par Pap Ndiaye et les réformes en cours ?
Jean-Rémi Girard : Pap Ndiaye ou un autre, on aurait la même politique : on a compris que c’était Emmanuel Macron qui faisait les annonces, les déplacements… La politique éducative est menée plus haut, donc il ne s’agit pas de taper à bras raccourcis sur le ministre. On ne combat pas un ministre mais une politique qui vise davantage à la destruction de l’Éducation nationale qu’à son amélioration.
Il y a beaucoup de négatif dans ce qui se passe, le pacte particulièrement (lire sur AEF info). Au-delà du fonctionnement pratico-pratique, c’est encore un message politique envoyé disant que les enseignants pourraient en faire un peu plus, n’en font pas assez, alors que le ministère a tous les indicateurs établissant que les professeurs travaillent déjà beaucoup et ne sont pas assez payés.
Du côté de la mixité sociale à l’école, le ministre a fait des non-annonces qui ne sont pas contraignantes et, pour le privé, nous craignons même des effets contreproductifs : que des établissements privés tentent de siphonner de bons élèves moins favorisés pour avoir les subventions de la cantine.
Autre exemple des maux de l’Éducation nationale : les textes réglementaires de la loi Rilhac. S’ils ne créent pas le chaos, nous restons vigilants et nous constatons que cette loi, qui est partie d’un constat d’une surcharge de travail à partir d’un événement terrible – le suicide d’une directrice – aboutit au résultat opposé et ajoute des missions à ces personnels. Ainsi, on fait encore le contraire de ce qu’on dit.