Est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en faveur d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial, voici la définition précise du bénévolat. Cela n’a rien à voir avec une quelconque obligation, de la servitude ou un devoir envers qui que ce soit…
Les maîtres du privé ne sont donc pas corvéables et serviables à merci, et leurs Obligations Réglementaires de Service sont les mêmes que celles des collègues du public :
« II. – Les missions liées au service d’enseignement qui comprennent les travaux de préparation et les recherches personnelles nécessaires à la réalisation des heures d’enseignement, l’aide et le suivi du travail personnel des élèves, leur évaluation, le conseil aux élèves dans le choix de leur projet d’orientation en collaboration avec les personnels d’éducation et d’orientation, les relations avec les parents d’élèves, le travail au sein d’équipes pédagogiques constituées d’enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d’élèves ou exerçant dans le même champ disciplinaire. Dans ce cadre, ils peuvent être appelés à travailler en équipe pluriprofessionnelle associant les personnels de santé, sociaux, d’orientation et d’éducation. »
Décret n° 2015-851 du 10 juillet 2015 relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants exerçant dans un établissement d’enseignement privé du second degré sous contrat
Décret n° 2014-940 du 20 août 2014 relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants exerçant dans un établissement public d’enseignement du second degré
Seulement voilà, dans l’enseignement privé sous contrat, faute de moyens mis en place par l’Education nationale, le bénévolat prend une telle ampleur que certains chefs d’établissements sont passés maîtres dans l’art de tordre cet alinéa 2 pour que tout y rentre et de modifier ainsi la définition du mot « bénévolat » pour obtenir plus de flexibilité de la part des professeurs.
Un chef d’établissement peut ainsi obtenir de certains de ses professeurs qu’ils travaillent un week-end à organiser un tutorat sur tout un niveau avec mise en place et annonce aux autres collègues au lendemain de ce week-end.
Certes, l’aide et le suivi du travail personnel font partie des O.R.S. des enseignants, est-ce pour autant qu’il faille accepter que l’organisation de cette aide ait lieu un week-end et soit ainsi imposée à des professeurs au détriment du reste de l’équipe et de leur vie privée et familiale ? Le droit à la déconnexion existe pour les outils numériques, il doit exister aussi pour le travail !
D’autres organisent la tenue de Grands Oraux Blancs, alors même qu’un inspecteur ne souhaite « pas d’oral blanc pour l’épreuve du grand oral du bac car il s’agit de tester la spontanéité et l’éloquence des candidats. »
Si l’évaluation des élèves fait bien partie des O.R.S. des professeurs, justifie-t-elle que l’on ne suive pas
les directives des inspecteurs qui sont, rappelons-le, les supérieurs pédagogiques des professeurs ?
Une collègue de BTS s’est vu imposer de surveiller les élèves n’ayant pas de stage. Argument de la responsable de section : « En ce moment vous n’êtes pas débordée de travail… ». De plus, une crème anti-stress lui a été offerte, sans doute pour que cela passe un peu mieux… Nous laisserons à chacun le soin d’apprécier la qualité de l’argument et ce qu’on aura voulu sans doute faire passer pour un trait d’humour…
Mais « Pendant les périodes de formation en milieu professionnel des élèves d’une division, chaque enseignant de cette division participe à l’encadrement pédagogique de ces élèves. » Article 5
Pour autant, cela justifie-t-il qu’on nous demande tout et n’importe quoi pendant que les élèves sont en stage ? Mais surtout, cela justifie-t-il les commentaires déplacés, voire la culpabilisation des enseignants en cas de refus
Qui n’a jamais entendu : « c’est pour le bien des élèves, … Si tu ne le fais pas d’autres devront le faire et plusieurs fois, … Plus vous serez nombreux à accepter, moins nous devrons faire appel à chacun, …Il en va de la réputation de l’établissement, donc du nombre d’inscriptions, et cela aura finalement un impact sur vos postes, … »
Nombreux sont encore les chefs d’établissement qui exigent de leurs professeurs qu’ils surveillent les temps de récréations, les temps de pauses méridiennes, voire la cantine. Et pour ce dernier cas, le texte qui encadre nos O.R.S. est formel : il n’y a aucune obligation de surveillance des recréations et de la cantine dans le second degré.
Nous ne sommes pas employés par l’OGEC et nous n’avons pas à effectuer les missions spécifiques des surveillants. Il en est de même pour la surveillance des élèves en cas d’absence d’un collègue. Si ces heures ne sont pas rémunérées dans le cadre des remplacements, elles ne sont pas obligatoires. Et c’est l’occasion de rappeler aussi qu’en cas de grève, un chef d’établissement ne peut, en aucun cas, invoquer la réquisition des professeurs non-grévistes dans le cadre de la continuité du service dû aux parents et leur imposer le remplacement des professeurs grévistes.
Le SNALC Enseignement Privé tient à rappeler que :
- vous pouvez faire du bénévolat, à condition de ne pas avoir été mis devant le fait,
- il est important de parler à vos collègues et d’échanger sur des faits, phrases qui vous ont paru Cela vous rapprochera et vous permettra de répondre collectivement,
- vous ne devez pas vous laisser maltraiter par des responsables de section ou de niveau. Gardez une trace des évènements et dénoncez ces situations par écrit,
- vous pouvez refuser sans culpabiliser : le bénévolat ne doit pas devenir un mode de fonctionnement !
- vous êtes en droit de dire et penser : « Le bénévolat OUI, SI je le veux bien ! L’asservissement, NON. Ça n’est pas parce que je suis professeur dans l’enseignement privé catholique que mon métier est un sacerdoce ! »
N’hésitez pas à contacter le SNALC si les demandes qui vous sont faites semblent dépasser le cadre de vos O.R.S.