L’accès à la classe exceptionnelle des agrégés a connu trois modalités différentes de fonctionnement en trois ans. Dans ce contexte mouvant, le SNALC fait le point en s’appuyant sur les données concernant les campagnes de promotion 2023 et 2024, fournies par l’administration lors d’une réunion bilan le 8 octobre dernier.
LA CAMPAGNE 2024
La campagne 2024 a marqué un tournant majeur avec la suppression des deux viviers de promotion. Désormais, sont éligibles à la classe exceptionnelle les professeurs agrégés hors classe ayant atteint au moins le 4é échelon au 31 août de l’année de constitution du tableau d’avancement. Ce changement a exclu environ 1 000 collègues qui relevaient jusqu’en 2023 du vivier 1 et se situaient aux échelons 2 et 3.
Le principal changement réside dans la méthode de calcul du nombre de promotions possibles : il n’est plus déterminé en fonction d’un pourcentage du corps – le 3e grade a été fort heureusement décontingenté –, mais par un ratio promus/promouvables fixé à 13,5 % pour les années 2024, 2025 et 2026, conformément à l’arrêté du 28 mai 2024. Le SNALC approuve cette évolution car elle permettra un nombre de promotions largement supérieur à ce qu’aurait permis le système précédent. En effet, le seuil de 10,5 % du corps a été atteint à l’issue de la campagne 2023 après les sept années de constitution du nouveau grade. Si ce mécanisme avait été maintenu, seuls les départs en retraite ou les changements de corps auraient permis de futures promotions. Or, deux éléments montrent que l’accès au 3è grade aurait été largement bloqué pour la majorité des professeurs concernés :
- En 2023, les promus issus du vivier 1 (représentant 70 % des promotions) avaient en moyenne 55,2 ans contre 56,7 en 2022, soit encore près de dix ans de carrière devant eux avant de partir à la retraite,
- Les intégrations dans le corps des professeurs de chaire supérieure (PCS) sont trop rares pour dégager un nombre significatif de postes. En 2024, seuls 21 agrégés de classe exceptionnelle ont rejoint le corps des PCS, et depuis 2023, seulement 8 agrégés hors classe ont pu bénéficier de la concomitance des promotions – décret 2023-720 du 4 août 2023 – ouvrant l’accès au corps des PCS de tous les agrégés sans distinction de grade. En 2022, deux collègues ont renoncé à leur promotion pour la liste d’aptitude des PCS.
Même s’il était perfectible, le SNALC déplore la disparition du barème. Désormais, le premier critère pris en compte est l’appréciation de la valeur professionnelle conformément aux lignes directrices de gestion (LDG) du 27 novembre 2023 publiées au BOEN spécial du 7 décembre 2023. Tous les agents promus avaient obtenu deux avis TF ou un seul pour les collègues évalués par une seule autorité (collègues de l’enseignement supérieur principalement).
L’appréciation « très favorable » est pérenne, portable (conservée en cas de changement d’académie) et non contingentée. L’interclassement des promus s’est effectué selon les critères fixés par les LDG, l’ancienneté de corps étant le 1er critère de départage Enfin, 1 691 promus avaient une ancienneté de corps supérieure à 28 ans, 101 promus inférieure (pour 5 promus, l’ancienneté de corps n’a pas été précisée).
| Promouvables | Proposés par les recteurs (30% pour 2024) | Promus | Âge moyen des promus | Ancienneté moyenne dans le corps |
2024 | 11 795 (dont 992 ens.sup) | 3 356 (368 ens.sup) | 1 797 (214 ens.sup) | 57,6 | 31,4 ans |
2023 (2 viviers confondus) | 9 961 | 6 519 * | 1 664 (337 ens.sup) | 56,9 | 23 ans (20,8 ans sur le vivier 1) |
2022 (2 viviers confondus) | 9 491 | 6 135 * | 1 184 (249 ens.sup) | 58,2 | 23,7 ans (vivier 1) 27,3 ans (vivier 2) |
* Les recteurs avaient consigne de faire remonter tous les promouvables au titre du vivier 1 en excluant les avis « insatisfaisant ».
Quel impact les changements ont-ils eu sur les promotions dans l’enseignement supérieur ?
Elles sont passées de 337 sur 1664 (20,3 % du total) en 2023 à 214 (11,9 %) en 2024. L’écart relativement important résulte de la disparition des viviers.
LA CAMPAGNE 2025
Les données relatives à la campagne de promotion 2025, première année de déconcentration de la gestion des professeurs agrégés, n’ont pas été communiquées aux OS représentatives à ce jour. Le SNALC les attend pour publier ses analyses. D’après les premières remontées de terrain, certaines académies auraient pris des libertés avec les règles de départage, procédant à la nomination de collègues dont l’ancienneté de corps est relativement faible au détriment d’agrégés par concours et bénéficiant pourtant de deux avis TF. Le SNALC n’est pas surpris de ces pratiques engendrées par la gestion déconcentrée, à la mise en place de laquelle nous nous étions fermement opposés.
Rappelons que, sans l’accès à la classe exceptionnelle, la carrière des agrégés se termine en hors classe à la HEA, indice brut sommital du 3è grade des corps de la catégorie A-type depuis 2017 et la mise en œuvre du PPCR. Le SNALC n’a jamais approuvé cette réforme qui ne constitue qu’un pas de plus vers le corps unique.
Pour le SNALC, il est urgent de rétablir la transparence par l’utilisation d’un barème équilibré qui donne de la visibilité aux collègues promouvables, et d’augmenter le volume des promotions pour qu’aucun agrégé par concours ne soit empêché d’atteindre la classe exceptionnelle.
Nous revendiquons également tout à fait légitimement l’ajout d’un 4e échelon à la CEX doté de la HEBbis. En effet, elle a été accordée aux IEN en 2022 et aux personnels de direction avec qui nous avions la parité indiciaire jusqu’en janvier dernier. C’est le seul moyen de limiter la perte de pouvoir d’achat des collègues ayant atteint le chevron B3 qui, il faut le rappeler, étaient exclus du versement de l’indemnité GIPA lorsqu’elle existait encore !
Article publié dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1506 du 31 octobre 2025





