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« Dessine-moi une girafe », chronique d’un collège rose bonbon

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Comme le disait malicieusement Philippe Meyer pour conclure les chroniques matutinales qui ont longtemps enchanté mes oreilles, « nous vivons une époque moderne » !

Au pays de l’Éducation nationale, les innovations pédagogiques censées révolutionner le monde de l’enseignement font plus que jamais fureur, portées par des personnels qui n’ont jamais mis les pieds dans une classe depuis leurs études et n’ont aucune idée de ce qu’en tenir une signifie – sans même parler d’y enseigner quoi que ce soit, ce concept has been pour boomer rétrograde !

Dans le collège où je tente d’instruire mes élèves, une jeune principale adjointe gentillette – appelons-la Gretchen pour plus de commodité –, pétrie de bonnes intentions, nourrie au lait des âmes bien-pensantes qui prêchent l’universelle et sacro-sainte bienveillance, et n’ayant jamais au grand jamais eu l’occasion de gérer 30 adolescents chafouins abrutis par TikTok, incapables de se concentrer plus de 30 secondes et dont la plupart n’ont aucune envie de se cultiver, Gretchen donc a eu au printemps une épiphanie et généreusement décidé de la partager avec les pauvres professeurs ringards que nous sommes.

Lors de la pré-rentrée, elle nous a présenté triomphalement un opuscule – dont elle a fait acheter 20 exemplaires au collège !!! – qui nous a laissés pantois : Le Petit guide de la communication pacifiante, conçu pour les adultes, à savourer avec son âme d’enfant – je jure que je n’invente rien ! Cet ouvrage consternant est une sorte de BD niaiseuse où l’on peut lire noir sur blanc que « le bien et le mal ne sont que des croyances » (Super ! Donc, si je frappe un élève, il CROIT que c’est mal, alors que pas du tout !?), que celui qui vous dit « non » (quand, par exemple, vous lui demandez de sortir son livre) dit en fait « oui à ses besoins » (à savoir, je suppose, son envie de ne pas travailler pendant le cours ?) et qui, en conclusion, vous invite à être la « girafe, symbole d’une communication qui nous relie à la vie en nous et à l’autre » (sic ! J’ai beau être agrégée de Lettres classiques, je ne suis pas sûre de bien comprendre ce pompeux galimatias…) et non le « chacal », symbole de la communication habituelle « en mode (re-sic !) attaque, fuite, défense ». Amen !

Stupeur de l’assemblée des professeurs. Fous rires incontrôlables de certains. Air réprobateur de certains autres… mais aussi, je dois le reconnaître à mon grand désespoir, air intéressé de quelques-uns, Dieu merci minoritaires. Question 1 : ai-je envie d’être une girafe ? Question 2 : à supposer que j’en aie envie, le puis-je face aux 30 adolescents susnommés que je dois instruire, interroger, surveiller (un téléphone portable est si vite arrivé dans leur main…) ? Question 3 : de qui se moque-t-on ? Notre hiérarchie nous croit-elle à ce point stupides qu’elle nous donne en pâture une BDébilitante ? Question 4 : est-il bien judicieux de dilapider les maigres crédits alloués au collège pour acheter un tel opus en…20 exemplaires, dont 19 dorment désormais au CDI ? Précisons en effet pour l’anecdote qu’un exemplaire de cette Bible est pieusement conservé sur le bureau de notre Gretchen. Gageons qu’elle le consulte régulièrement avant de recevoir un élève en tête-à-tête. Nous l’avons précisé, Gretchen est désireuse de bien faire et gentillette.

Lundi dernier, nouveau rebondissement, dans tous les sens du terme. Nous découvrons éberlués que l’inventive Gretchen a acquis – avec quels fonds ? Nous aimerions le savoir… – un gigantesque et phallique punching-ball noir, qui trône désormais derrière son bureau et que les élèves qui n’ont manifestement pas été touchés par la grâce de la communication pacifiante sont invités à venir boxer quand l’envie leur en prend. Une élégante paire de gants rose pastel a été mise à leur disposition – il ne faudrait pas que les chérubins se blessent !- afin qu’ils puissent libérer sans risque la violence qui bouillonne en eux. Résultat : une file d’ « apprenants » fait la queue devant le bureau à chaque récréation pour tester la bête ! Question : les professeurs auront-ils eux aussi droit à un punching-ball pour se défouler ? Le CA serait-il prêt à voter les crédits pour cet indispensable achat ?

Nous vivons une époque moderne, vous dis-je…


Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1507 du 28 novembre 2025