En annonçant que son ministère allait doter les professeurs d’une IA pour les aider à préparer leurs cours, Mme Borne a fait la démonstration éclatante de sa méconnaissance du métier.
Pour commencer, aucun professeur, aucun syndicat représentatif n’avait formulé cette demande. Il faut dire que préparer des cours est le cœur même du métier, voire ce qui constitue pour beaucoup de professeurs un élément de motivation essentiel, submergés qu’ils sont par un flot continu d’injonctions hiérarchiques sans aucun rapport avec l’enseignement. C’est en effet par la préparation de leur cours qu’ils peuvent exprimer leur créativité et exercer la liberté pédagogique qu’on cherche de plus en plus souvent à leur confisquer.
Peut-être auraient-ils été intéressés par un outil permettant de détecter de manière incontestable les copies promptées d’élèves de plus en plus nombreux à déléguer leurs devoirs à l’IA. Cerise sur le gâteau d’un tel logiciel : un soutien systématique de la hiérarchie en cas de litige autour de ces copies.
Pourtant, miracle de la com’, dans un contexte budgétaire compliqué, une belle enveloppe financière sera consacrée à l’élaboration d’un outil que personne ne réclamait…
Si Mme Borne avait pris le temps de se confronter aux réalités du terrain lors de son passage rue de Grenelle, elle aurait identifié les besoins prioritaires des professeurs. Le SNALC n’a de cesse de les marteler tandis que le Ministère regarde toujours ailleurs : rattrapage salarial, allègement des effectifs des classes et véritable politique d’inclusion. Préférer agiter des hochets numériques que s’attaquer à ces mesures urgentes ne fera qu’accélérer l’alarmante crise d’attractivité en cours.
Cécité volontaire ou réelle ignorance – un brin préoccupante – du métier ? Cette énième proposition hors sol illustre la nécessité de nommer un ministre conscient des réalités et engagé au service des professeurs. Quel que soit son prochain interlocuteur, le SNALC se chargera de l’aider à garder les pieds sur terre.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1505 du 3 octobre 2025.