Face à la montée des conflits géopolitiques, à la guerre informationnelle et à la désinformation massive, Nathalie Sonnac, présidente du Conseil d’orientation du CLEMI, a lancé, le 18 juin 2025, un appel fort : la création d’un Conseil National de l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI)[1]. Instance collégiale et consultative, ce dernier permettrait de rassembler acteurs éducatifs, médiatiques, numériques et institutionnels pour construire une stratégie cohérente et ambitieuse et « guider les choix stratégiques de la France dans un domaine de l’EMI qui ne cesse de progresser ». Le SNALC, qui soutient pleinement cette initiative, insiste depuis longtemps sur la nécessité de renforcer l’esprit critique des élèves tout en préservant le rôle structurant de l’École.
Le CLEMI, acteur clé dans ce domaine, multiplie les initiatives – du programme CLEMI-Sup à ses actions internationales – mais ses moyens restent inchangés malgré l’évolution de ses missions, avec autant de postes aujourd’hui qu’en 1983, un paradoxe souligné par la Cour des comptes. Pour le SNALC, cette situation est inacceptable : une montée en puissance de l’EMI suppose des moyens humains à la hauteur.
Lors d’une table ronde, plusieurs experts ont rappelé l’emprise des plateformes numériques sur l’information. Les réseaux sociaux, dominés par des algorithmes biaisés, donnent une visibilité démesurée aux contenus extrêmes. Le SNALC partage l’analyse : il faut enseigner aux élèves à comprendre les logiques de production de l’information, non à la consommer passivement. L’accompagnement des familles face à ces enjeux numériques est aussi indispensable.
Enfin, à l’international, des projets comme “DESINFOX Jeunesse”, mené par Canal France International avec l’expertise du CLEMI, montrent l’impact d’une EMI bien pensée. Le SNALC y voit la confirmation qu’une éducation aux médias ambitieuse est possible… à condition qu’elle soit pilotée, dotée en heures réelles, et respectueuse de l’expertise pédagogique.